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L’élevage laitier bio à l’épreuve du changement climatique

Le printemps 2021 a permis aux éleveurs de reconstituer leurs stocks fourragers. Photo : H.Flamant
Le printemps 2021 a permis aux éleveurs de reconstituer leurs stocks fourragers. Photo : H.Flamant

Le 30 juin, Le Groupement des Agriculteurs Bio de Meurthe-et-Moselle (GAB 54) a convié ses adhérents à un moment d’échanges sur le thème de l’adaptation au changement climatique. 

Même si le climat de ce début d’été ne ressemble en rien aux trois années précédentes, le changement climatique est aujourd’hui une réalité. Les élevages laitiers bios s’en trouvent fragilisés. En 2019, Bio en Grand Est organisait cinq rencontres « sécheresse et changement climatique ». Une soixantaine d’éleveurs et céréaliers ont dégagé des pistes d’adaptation pour aller vers des élevages bios plus résilients. Animatrice du GAB 54, Carole Tonin a retracé les pistes de travail issues de ces journées. « Les participants ont soulevé le besoin de solutions techniques en culture et élevage, la nécessité d’échanges facilités entre céréaliers et les éleveurs, ou encore la mise en place d’infrastructures agroécologiques (haies, zone humide, développer l’agroforesterie…) ».

Jean-Marc Zsitko, conseiller d’entreprise à la CDA 54, est revenu plus en détails sur les leviers d’adaptation techniques. « Les évolutions climatiques en cours ne seront pas sans impact sur les systèmes fourragers ». A quoi doivent s’attendre les éleveurs ? A une mise à l’herbe avancée, une première fauche plus précoce, une pousse de l’herbe faible à nulle en été. « Et il faudra complémenter tous les animaux au parc entre le 15 juillet et le 1er décembre. En automne, la période de pâturage pourra être allongée pour les animaux à besoins modérés », poursuit Jean-Marc Zsitko.

Viser l’autonomie fourragère

Dans une étude parue en 2019, les réseaux d’élevage du Grand Est ont simulé l’impact des aléas climatiques sur plusieurs systèmes, et notamment sur les élevages laitiers bios. Trois niveaux d’adaptation ont été imaginés. « A court terme le déficit fourrager est compensé par des achats de foin, à moyen terme l’exploitant augmente sa surface fourragère au détriment des céréales et doit ajuster la complémentation en céréales ». Ces deux stratégies sont particulièrement coûteuses. L’augmentation de la part de céréales dans l’alimentation des vaches laitières pèse lourd sur les charges opérationnelles.

Dans la stratégie long terme, l’éleveur introduit des méteils enrubannés ou ensilés au printemps suivis d’une culture de sorgho BMR. L’effet est positif en trésorerie, l’éleveur n’achète plus à l’extérieur et il compense le déficit fourrager en interne. « Le changement climatique a, dans tous les cas, un impact économique mais qui peut être atténué. Quelle que soit l’adaptation choisie, il faut absolument chercher l’autonomie fourragère, en augmentant la part de fourrages ou en diminuant le cheptel, insiste Jean-Marc Zsitko, avant de poursuivre. Au-delà des leviers techniques, il faut un peu de bon sens, et peut-être privilégier des vaches à 8.000 l/an plutôt que des vaches à 10.000 l/an. Mais il existe un vrai frein psychologique à remettre en cause le critère lait/vache ».

Impact économique(1) des adaptations au changement climatique :

Impact économique (1) des adaptations au changement climatique

(1)Pour un Gaec à 2 associés sur 148 ha dont 100 ha de prairies permanentes, 24 ha de prairies temporaires et 24 ha de céréales, avec un troupeau de 78 vaches laitières à 5.400 l/an et 26 génisses en vêlage 36 mois.