Vous êtes ici

En Meurthe-et-Moselle, la préfète sur tous les fronts

Françoise Souliman s’est rendue sur le blocus de l’A33 le 31 janvier. Elle y a dialogué avec les manifestants. Photo : DR
Françoise Souliman s’est rendue sur le blocus de l’A33 le 31 janvier. Elle y a dialogué avec les manifestants. Photo : DR

Fortement incitée à relayer les annonces gouvernementales sur le terrain, la préfète de Meurthe-et-Moselle est montée en première ligne pendant la crise avec le monde agricole. Plan de circulation, groupe de travail avec la profession, contrôles…

La préfète Françoise Souliman a été omniprésente pendant cette longue semaine de restriction de circulation sur les différentes artères du département. La veille du déclenchement du blocus, elle avait reçu l’ensemble des responsables syndicaux agricoles, afin d’appréhender dans le détail le dispositif, afin d’organiser au mieux les déviations routières à mettre en place. Elle assurait également le service après-vente des premières mesures décrétées par le Premier ministre, Gabriel Attal, lors de sa sortie sur le terrain.

Autant dire la mobilisation générale dans les services de la DDT , de la DDPP, de l’ASP et de l’OFB, même si tous ne sont pas placés sous l’autorité du préfet de département. Des groupes de travail ont été mis en place dans les meilleurs délais, afin « d’accomplir une action en profondeur, pour aboutir à des mesures plus précises », explique Françoise Souliman.

L’OFB sous tutelle préfectorale

L’ultimatum imposé par Matignon expire sensiblement avant l’ouverture du Salon de l’Agriculture. Le pas de temps est court et les collaborateurs des organisations professionnelles enchaînent les réunions avec l’administration, pour décliner localement, les doléances des paysans du cru. «L’espace dialogue» entre la profession agricole et les services de l’Etat est ouvert «pour amener efficacité et simplification».

Les contrôles sur les exploitations, souvent mal vécus et synonymes de pénalités sur les aides pour les exploitants, posent question. Le DDT, Emmanuel Tirtaine, s’engage à former les jeunes agriculteurs à ces contrôles. On connait les difficultés rencontrées parfois par les exploitants, au contact des agents de l’Office Français de la Biodiversité (OFB). La grande innovation promise par Gabriel Attal est de placer l’OFB, jusqu’alors jaloux de son indépendance, sous tutelle préfectorale. Une quasi-révolution qui devra toutefois surmonter «un certain flou juridique», avant d’entrer dans les mœurs. La préfète se sent investie « d’une mission pacificatrice, pour éviter les tracasseries administratives résultant de législations communautaire et nationale, compliquées ».

La patronne des services de l’Etat en Meurthe-et-Moselle estime qu’elle peut avoir un rôle à jouer pour « actionner les circuits courts » en vue d’approvisionner la restauration hors domicile en alimentation locale. Elle cite spontanément les « deux énormes structures » nancéiennes que sont le CHRU de Brabois et le CROUS servant plusieurs millions de repas à l’année… « Je vais mener une démarche exploratoire, en vue de faire lancer des marchés, pour assurer une visibilité sur du moyen terme », indique-t-elle.

Sur le terrain

Le 31 janvier après-midi, Françoise Souliman s’est rendue sur le site de Ville-en-Vermois, où l’A33 était coupée. Elle a entamé la discussion avec le groupe qui tenait le barrage, sous la conduite de Denis Piard, le vice-président de la FDSEA et Julien Genay, le secrétaire général des JA.

Autre point de vigilance, le respect de la loi EGALIM, entre autres, par les transformateurs et les distributeurs. Si un renforcement de la surveillance a été annoncé par le gouvernement, la préfète indique que 160 contrôles ont été pratiqués en Meurthe-et-Moselle en 2023. Dont un bon tiers a été suivi d’avertissements, d’injonctions ou de contentieux. Plusieurs enseignes ont été visitées la semaine dernière, alors que les agriculteurs manifestaient… Et le 2 février, Françoise Souliman a, elle-même, supervisé une opération revendiquée comme « de la communication » à l’hypermarché Auchan de Tomblaine. En ligne de mire, la vérification de l’étiquetage des produits importés.