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En Meurthe-et-Moselle, 350 tracteurs ont bloqué la circulation

Vendredi 26 janvier, les agriculteurs meurthe-et-mosellans ont bloqué les axes routiers en plusieurs points du département. Ici, le rassemblement dans le Pays Haut. Photo : DR
Vendredi 26 janvier, les agriculteurs meurthe-et-mosellans ont bloqué les axes routiers en plusieurs points du département. Ici, le rassemblement dans le Pays Haut. Photo : DR

L’intensité de la mobilisation sur la Meurthe-et-Moselle, le 26 janvier, comme partout sur le territoire, marque le profond enracinement du malaise agricole dans les campagnes. Un tel déferlement de tracteurs, accompagné par 500 manifestants, n’avait plus été observé depuis longtemps sur le département. Le mouvement doit redoubler d’intensité, à partir de ce mardi.

Après les 160 tracteurs et l’ensileuse mobilisés pour l’Acte 1 de la mobilisation à Nancy fin novembre, la FDSEA et les JA de Meurthe-et-Moselle ont déplacé 350 tracteurs et 500 manifestants, en divers points de blocage routiers et autoroutiers, le vendredi 26 janvier. Il s’agissait de l’Acte 2 d’un mouvement censé faire passer le message du profond malaise du monde paysan. La Meurthe-et-Moselle a exprimé sa colère sur les axes majeurs du département, dès 8 heures et jusqu’après 19h, en fonction des sites. Une belle synergie régionale s’est opérée avec les voisins de Moselle, des Vosges et de la Meuse qui ont coupé la circulation sur différents points stratégiques de leur réseau.

Dignité et responsabilité

Ces mouvements importants d’engins et d’hommes et de femmes se sont accomplis, sans casse ni dégradations majeures. « Cette démonstration de force croissante démontre la motivation et l’organisation de notre réseau syndical FDSEA-JA, indiquent Vincent Jeanpierre, le secrétaire général de la Fdsea et Antoine Clavel, le président des JA. Elle permet d’afficher avec dignité et responsabilité, les valeurs de notre métier, la colère de nos campagnes ».

Les annonces du Premier ministre, prononcées sur le barrage dans le sud-ouest, par Gabriel Attal, n’ont pas été jugées suffisantes par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs. Les syndicalistes meurthe-et-mosellans partagent cette analyse. « Si un premier pas significatif a été accompli, le gouvernement doit aller plus loin. La simplification proposée des procédures est nécessaire, mais elle ne modifie pas la loi et elle ne constitue qu’une simple adaptation conjoncturelle de la réglementation, écrivent-ils dans un communiqué commun. La demande exprimée pour consolider structurellement et durablement la place de l’Agriculture dans notre société en prenant en compte revenu des agriculteurs, souveraineté alimentaire et transition climatique est encore à construire ».

Au soir du 26 janvier, l’unanimité des manifestants considéraient « indispensable de maintenir la pression. Battons le fer temps qu’il est chaud ».

Le mouvement doit donc reprendre ce mardi 30 janvier, dans le courant de la matinée, pour l’Acte 3 du scénario. Le mot d’ordre est de bloquer trois autoroutes, pendant 48 heures, puis reconductible par 24 heures, si le besoin s’en fait sentir. Trois axes stratégiques sont priorisés : A31 à Atton ; A 33 à Ville-en-Vermois ; A30-N52 à Bréhain-la-Ville.

 

 

Au coeur des convois, vendredi 26 janvier

Saintois et Vermois réunis à Ville-en-Vermois 

Les agriculteurs du Saintois étaient à pied d’œuvre dès 6h30 sur l’échangeur de l’A330 à Flavigny, où l’accès à l’autoroute par la D913 était coupé. Ils ont rejoint, via une opération escargot, leurs collègues du Vermois, déjà positionnés sur l’A33, au niveau de l’échangeur de Saint-Nicolas/Ville-en-Vermois, pour partager le repas de midi sur place. Ces derniers avaient, au préalable, bloqué les deux ronds-points et le pont au-dessus de l’autoroute pendant toute la matinée, rythmée par les klaxons des camions et les questions des automobilistes invités à emprunter les axes secondaires. Les deux convois sont retournés aux alentours de 15h dans leurs territoires respectifs, non sans laisser une dernière trace de leur passage sur le pont, un tas de fumier bien fourni. Les tracteurs du Saintois ont repris le chemin inverse en opération escargot et les autoroutes ont été rouvertes à la circulation.

Eléonore HENRY - FDSEA 54

convoi tracteur autoroute

Arrivée du convoi de Flavigny - Photo : Eleonore Henry

Plus de cent tracteurs dans le Lunévillois, du jamais vu de mémoire de manifestants

Moncel-lès-Lunéville, vers 8h30, les premiers tracteurs sont arrivés en convoi depuis Chenevières, suivis, quelques minutes plus tard, du convoi en provenance de Bénaménil, puis de celui venant de Chaudfontaine. Les tracteurs se sont positionnés autour des deux ronds-points échangeurs de l’autoroute et les manifestants ont installé leur base logistique sous le pont. Après une réunion préparatoire, conduite par Gérald François de la Fdsea, et Rémi Mercier pour les JA, une grande partie des 103 tracteurs est repartie en opération escargot sur l’A330 pour un aller-retour jusqu’à la sortie Lunéville Centre. Après un temps de restauration, les convois ont repris la route, cette fois direction Lunéville et sa sous-préfecture. Adrien Gaubert, le sous-préfet, est sorti devant la porte pour échanger avec les manifestants. Gérald François l’a averti fermement. « Cette fois ci, c’est bon enfant, mais si nous devons revenir, ce sera différent ». Message entendu par le sous-préfet, qui a promis de remonter les doléances des agriculteurs. Les tracteurs sont ensuite repartis en convoi jusqu’au point de blocage où les consignes de retour ont été données, en attendant les annonces ministérielles du soir, desquelles dépendait la suite du mouvement.

Sylvie ROUSSEL - FDSEA 54

tracteur slogan manifestation

Un des nombreux tracteurs mobilisé à Lunéville. Photo : Sylvie Roussel 

Quarante tracteurs à Custines

Les tracteurs sont également venus en nombre, par rapport à l’effectif annoncé, pour bloquer l’échangeur de l’A31 au niveau de Custines. Une quarantaine d’agriculteurs en tracteurs ont été rejoints par des manifestants venus en voiture. Passé le temps d’installation, le trafic sur la route menant à Bouxières-aux-Dames a été filtré durant un moment. Quelques tracteurs sont également partis en convoi par la ville, en passant par Frouard, Marbache et Belleville jusqu’à Dieulouard, où le carrefour de Toul a été bloqué. Après avoir paralysé le trafic pendant une vingtaine de minutes, les manifestants ont levé le barrage temporaire et ont rejoint, par le même chemin, Custines. Le blocage a été levé vers 16h00, en prenant l’A 31 cette fois, de Frouard à Atton pour une opération escargot. Vitesse minimum enregistrée, 4 km/h !

Sylvie ROUSSEL - FDSEA 54

slogan tracteur manifestation

Pays-Haut : rencontre franco-belge à la frontière

Ce 26 janvier, au rond-point de Serrouville, ça n’est pas moins d’une centaine d’agriculteurs et 83 engins agricoles qui ont répondu présents. Une très bonne ambiance générale malgré une météo peu clémente. Le convoi a transité vers la frontière belge, pour la pause méridienne. Rejoint par une trentaine de tracteurs belges, le repas n’en fut que plus réconfortant et enrichissant. Les médias belges ont fortement relayé l’action frontalière. Quelques visages politiques locaux ont rendu visite aux manifestants. La délégation s’est offerte un bain de foule, en transitant de Mont-Saint-Martin à Serrouville, en passant par Longwy. Salués par les passants, et fort de beaux moments d’échanges franco-belges, chacun a pu regagner son foyer en ayant fait le plein d’énergie pour le troisième acte !

Floriane LANG - FDSEA 54

RASSEMBLEMENT TRACTEURS

La délégation du Pays Haut a été rejointe par des tracteurs belges. Photo : DR

Toul : Acte 2, blocage à double sens !

L’A31 au niveau de Dommartin-Lès-Toul a été investie durant plusieurs heures par une soixantaine de tracteurs. Le blocage s’est déroulé sous les meilleures auspices, malgré le mauvais temps. Le repas composé de viande du Toulois a réchauffé le cœur des manifestants. Jean-François Husson, sénateur, et Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, se sont rendus sur les lieux afin d’échanger avec les agriculteurs. Le convoi de tracteurs a quitté, en fin de journée, l’A31 pour se rendre place de la République à Toul. Afin de gracieusement offrir paille et fumier pour les jardinières de la sous-préfecture. Enfin pour clôturer la journée, quelques tours d’ensileuse Place Ronde pour apporter un peu de paille(ttes) à ce chef-lieu de Toul.

Floriane LANG - FDSEA 54

autoroute tracteurs

L’A31 investie durant plusieurs heures au niveau de Dommartin-Lès-Toul. Photo : Floriane Lang