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Earl du Puits Paramel, un système herbe certifié HVE

Mathieu Peultier pratique le pâturage tournant. « Je laisse les animaux deux jours sur une même parcelle ». Photo : H.Flamant
Mathieu Peultier pratique le pâturage tournant. « Je laisse les animaux deux jours sur une même parcelle ». Photo : H.Flamant

Mathieu Peultier est installé à Houdelmont, au sud de la Meurthe-et-Moselle. Il produit du lait en système 100% herbe. Son exploitation a récemment été certifiée Haute Valeur Environnementale (HVE).

Sur les hauteurs d’Houdelmont, à la sortie du village en direction de Vézelise, Mathieu Peultier exploite 99 ha dont 55 ha de surfaces en herbe 44 ha de cultures conduites, en majorité, en semis direct. Il élève une quarantaine de vaches laitières qui produisent 320.000 litres de lait par an, livrés à l’Ermitage. « La production laitière est le revenu principal de l’exploitation », indique Mathieu, qui a installé des panneaux photovoltaïques sur ses bâtiments, pour une puissance totale de 180 kWe.

La ration des vaches laitières est composée à 100 % d’herbe, « même si l’herbe est plus complexe à conduire que le maïs ». L’éleveur dispose de 20 ha de parcs derrière les bâtiments, « que j’ai découpé en dix parcelles. Je pratique le pâturage semi dynamique depuis dix ans ». La parcelle est organisée en étoile à partir du bâtiment, avec un point d’abreuvement central.

Fauche très précoce

« Je suis sur un secteur séchant. J’arrive à lâcher les vaches tôt au printemps, dès le mois de février, et les élèves dès le 1er mars, mais, en contrepartie, en été je n’ai pas d’herbe ». Une situation qui conditionne la reproduction des vaches laitières. Les vêlages se déroulent sur août-décembre. « Ainsi j’ai principalement des vaches taries en juillet-août-septembre, une période où il y a peu d’herbe », explique Mathieu.

Du côté des récoltes d’herbe, Mathieu pratique la fauche très précoce, « dès le mois d’avril, mais pas cette année, il n’y a pas suffisamment d’herbe ». La première coupe est enrubannée et la deuxième coupe est récoltée en foin. « J’arrive parfois à faire une troisième coupe mais c’est plus aléatoire ».

Des atouts et des marges de progrès

Si, en pratique, Mathieu Peultier respecte quasiment toutes les exigences du cahier des charges de l’agriculture bio, il n’a jamais souhaité se convertir. L’éleveur est convaincu de la nécessité de bien nourrir la population « mais pas au prix du bio, tout le monde ne peut pas se le permettre ».

Il valorise son travail autrement. Il a réalisé un diagnostic Cap’2ER avec Optival et plus récemment, un diagnostic HVE (Haute Valeur Environnementale). « J’ai sollicité la chambre d’agriculture pour réaliser le diagnostic HVE, pour me situer et voir les points à améliorer ». L’exploitation, qui est engagée en MAE polyculture-élevage, présente des atouts : son système herbe, sa très grande autonomie alimentaire et son moindre recours aux traitements phytosanitaire. Mais il a aussi des points à améliorer. Il doit en particulier progresser sur le volet biodiversité. « Il manque des haies et des arbres ».  L’exploitation est certifiée HVE pour trois ans. Le système de Mathieu est environnementalement performant et économiquement viable. Son EBE se situe entre 80 et 90.000 euros, « pour un objectif de 80.000 euros ».

Parler du métier

Et son travail, l’agriculteur le valorise directement auprès des consommateurs. Il transforme quelques animaux – des Prim’Holstein croisées Charolais ou Bleu Blanc Belge – en steaks hachés, par l’intermédiaire d’un boucher prestataire, qu’il vend en direct sur l’exploitation. Il a aménagé un petit local de vente, qu’il ouvre les samedis matin. Il vend sa viande mais aussi sa farine, qu’il produit depuis mars 2020, ainsi que du pain. « La vente directe représente une part minime du résultat de l’exploitation. L’objectif est vraiment d’échanger avec les consommateurs. C’est important de leur montrer notre façon de travailler, qu’ils comprennent ce qu’ils mangent, surtout les plus jeunes générations », conclut Mathieu Peultier.