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Au Gaec du Moulin Neuf, rééquilibrer la flore prairiale grâce au pâturage tournant dynamique

Maxime et Jérôme Albert ont introduit le pâturage tournant dynamique pour améliorer leur production d’herbe. Photo : H.Flamant
Maxime et Jérôme Albert ont introduit le pâturage tournant dynamique pour améliorer leur production d’herbe. Photo : H.Flamant

La conversion au bio de l’exploitation de Jérôme et Maxime Albert s’est accompagnée du passage au pâturage tournant dynamique pour le troupeau laitier. En place depuis trois ans, la technique satisfait les éleveurs. Ils ont partagé leur expérience, le 14 avril, lors d’une porte ouverte organisée par les chambres d’agriculture.

Le Gaec du Moulin Neuf , à Guinglange (Moselle), est l’une des exploitations pilotes du projet Super G porté par les Chambres d’agriculture du Grand Est. Elle est gérée par Jérôme Albert et son fils, Maxime. Les deux associés ont converti l’exploitation de polyculture-élevage laitier à l’agriculture bio en 2016.  « Nous sommes en sols superficiels séchants, la culture de l’herbe est complexe et même de plus en plus avec le changement climatique. La culture de l’herbe a longtemps été un frein au passage au bio », reconnaît Jérôme Albert. 

Pour conserver leur autonomie fourragère, Maxime et Jérôme ont d'abord gardé une surface minimale de maïs. « Nous avons semé des méteils et au printemps suivant, nous avons semé des prairies temporaires dans les méteils ». Les surfaces de maïs ont progressivement diminué. « Bon an mal an, après trois années, nous avons trouvé notre rythme de croisière au niveau des surfaces et de la qualité des prairies. Nous misons beaucoup sur la luzerne, elle se plaît bien dans nos sols et elle ramène de la protéine. Nous gardons toujours un peu de maïs pour l’énergie », explique Jérôme Albert. En parallèle des surfaces fourragères, Jérôme et Maxime consacrent 20 ha de céréales pour l’autoconsommation du troupeau, « des mélanges triticales-pois ou féverole – avoine ». Les vaches produisent 7.500 l/VL/an « avec une tonne de concentrés/VL/an ».

Vingt-et-une parcelles

Le passage au bio s’est accompagné d’une réflexion sur le pâturage tournant dynamique, pour améliorer la production d’herbe et rééquilibrer la flore prairiale. Les éleveurs ont suivi une formation avec Pâtursens. « Avant, les vaches pâturaient librement. Nous affouragions toute l’année à l’auge car nous avions du stock de maïs. On ne s’occupait pas vraiment de la pousse et de la qualité de l’herbe, concède l’exploitant. Les prairies ont été surpâturées pendant de longues années ».

Les deux associés disposent de 12 ha de pâtures à côté des bâtiments. « Nous avions déjà ces 12 ha, mais avec le passage au pâturage tournant dynamique, en 2017, nous les avons divisés en 21 parcelles. L’objectif est de revenir tous les 21 jours ». Le déprimage intervient à partir du 15 mars. Les deux éleveurs réalisent un premier passage dans chaque parcelle. « Ça donne la cadence pour la suite. Nous suivons de près la pousse de l’herbe ». Désormais ils complémentent les vaches en fonction de la pousse de l’herbe. « Elles sont complémentées toute l’année car l’herbe ne suffit pas. Les parcelles sont hétérogènes et dégradées », précise l’éleveur. Mais les deux associés ont désormais suffisamment d’herbe pour réduire la complémentation à 20% sur deux mois. L’objectif ultime, pour Jérôme Albert, reste de « pouvoir fermer le silo » une partie de la saison.

Des prairies plus productives

L’éleveur pointe « le plaisir d’améliorer la production d’herbe. Sur six mois, nous avons produit environ 6 t MS/ha en pâturage tournant dynamique. Nous étions nettement en dessous quand nous étions en pâturage libre ». Une performance aussi liée à la fertilisation des prairies. « Avant, les matières organiques étaient destinées aux cultures. Maintenant les vaches apportent elles-mêmes la matière organique à la parcelle ». Convaincu par le pâturage tournant dynamique sur vaches laitières, Jérôme Albert va tester la technique sur les génisses à partir de ce printemps.

 

 

Jérôme Albert (à d.) a partagé son expérience lors d’une rencontre autour de la gestion l’herbe. Photo : H.Flamant
Jérôme Albert (à d.) a partagé son expérience lors d’une rencontre autour de la gestion l’herbe. Photo : H.Flamant