Le Groupement des agriculteurs biologiques, «Bio en Grand Est», organisait des «assises régionales du lait bio», le 24 janvier à Bar-le-Duc. Une journée qui visait à trouver des réponses pour une production qui traverse une mauvaise passe, sous l’effet d’une certaine désaffection des consommateurs, conjuguée à une hausse des volumes produits, consécutive à de nouvelles conversions.
Lors d’un point presse, les responsables du groupement ont expliqué le contexte et les raisons qui ont motivé la tenue de cette assemblée, qui a réuni une quarantaine de producteurs du Grand Est.
«La production de lait biologique augmente depuis dix-huit mois, mais la consommation s’est stabilisée en 2021, et a subi une forte chute en 2022, explique Cyrille Morhain, éleveur dans les Ardennes et «référent lait» à Bio en Grand Est, les volumes de lait bio ont augmenté avec l’arrivée des conversions, mais nous subissons un renversement de tendance de la consommation que personne n’avait vu venir». Le décrochage des ventes en 2022 est réel : autour de - 10 % pour le lait liquide, le beurre et l’ultra frais, au-delà de 15 % pour le fromage et la crème, selon l’Institut de Élevage.
Si la baisse du pouvoir d’achat, suite au retour de l’inflation, explique en partie le recul de la consommation, les producteurs bio avancent aussi d’autres raisons. Notamment la multiplication des labels et certifications, qui créerait une certaine confusion chez les consommateurs ; mais aussi, la réduction de l’offre de produits bio de plus 8 % dans les linéaires des supermarchés, au profit de produits moins chers.
Conséquence, une part croissante des volumes se trouve déclassée ou utilisée comme ingrédient conventionnel dans la transformation. Et ce contexte peu favorable se répercute sur les prix à la production, avec un écart avec le lait conventionnel réduit à environ 30 €/1.000 l actuellement, alors qu’il dépassait 100 €/1.000 l en 2021.
«Nous sommes à un moment charnière, estime Jérôme Albert, président du GAB 57, pourtant les producteurs bio vont dans le sens de l’histoire, nous avons un système résilient, qui répond aux attentes sociétales et à la PAC».
Cantines : «un effort à faire»
Alors comment inverser la tendance, pour les quelques 400 producteurs de lait bio que compte le Grand Est. Laurent Cousin, président de Bio en Grand Est, avance déjà quelques pistes. Par exemple, «fabriquer des fromages de garde, tels que la tomme», pour valoriser le lait bio, dont les plus gros volumes sont produits à l’herbe, au printemps.
Mais c’est aussi, et peut-être surtout vers les élus, que se tournent les producteurs, rappelant l’obligation issue des lois Egalim, d’incorporer au moins 20 % de produits bio dans les cantines ; «on est à 6,7 % dans le Grand Est, il y a vraiment un effort à faire», pointe Laurent Cousin, avant de proposer : «le lait de printemps va arriver, pourquoi ne pas mettre du lait bio au petit-déjeuner de tous les élèves du Grand Est ?». Rare élu présent, Jean-Philippe Vautrin, vice-président du Conseil départemental de la Meuse, a glissé au passage «le coup de pouce» du Département pour augmenter la part de produits locaux dans les cantines des collèges meusiens.
La réflexion devait se poursuivre dans les ateliers tournants organisés l’après-midi, autour de trois thématiques : la restauration hors domicile, les coûts de production, et la coordination des volumes. Mais si plusieurs opérateurs de la filière régionale étaient présents, les grands groupes laitiers n’avaient pas répondu au rendez-vous. Ni les représentants de la Région, excusés.