La Fdsea bouge sous l’effet d’un contexte inédit de crises sanitaire et guerrière. Elle s’inscrit dans la dynamique de rapprochement initiée sur le plan national avec les Jeunes agriculteurs. Elle valide aussi un profond redécoupage de son organisation territoriale.
Retour en présentiel salvateur pour les participants à l’assemblée générale de la Fdsea, le 25 mars à Pont-à-Mousson, après deux ans de crise sanitaire limitant les contacts physiques.
Le rapport d’activités a été déroulé par le secrétaire général adjoint, Vincent Jeanpierre. « Que fait la Fdsea ? » s’interroge d’entrée le rapporteur, sur le ton de l’humour. « Les aléas du Covid n’ont pas émoussé notre combativité ». Sur le plan de l’action collective, c’est souvent le travail de fourmi, pas toujours visible, qui produit des résultats. Vincent Jeanpierre cite l’exemple de la sauvegarde du budget de la PAC pour l’après 2023, avec préservation des grands équilibres entre secteurs et territoires.
L’actualité chaude de ces dernières semaines conduit Vincent Jeanpierre à hausser le ton. « Le cocktail explosif des dernières semaines, avec la crise Ukrainienne amplificatrice d’inflation, en pleine campagne présidentielle, est en train de balayer d’un revers, tous nos efforts ».
Structurer et faire évoluer
Pour Sophie Lehé, la secrétaire générale, qui a prononcé le rapport moral : « nos actions ne sont ni opportunistes, ni égoïstes, ni passéistes. Elles s’inscrivent avec modernité dans une ligne directrice qui a plus de 75 ans. Structurer et faire évoluer nos métiers, avec la garantie de pouvoir en vivre dignement ». Adepte « d’un syndicalisme qui construit plutôt que d’opposer », elle plaide pour « une évolution de notre force collective, autour de projets porteurs de valeur », en se remettant en question, en évoluant et en s’adaptant. C’est en ce sens que cette assemblée générale a adopté le redécoupage territorial de la représentation des syndicats locaux
Nourrir 27 pays
En synthèse et à l’heure de la clôture, Luc Barbier a décrit, avec gravité, « les moments particuliers de pandémie et de guerre actuellement vécus ». Tous les codes en termes de commerce international sont bouleversés, analyse le président de la Fdsea. 27 pays au monde sont suspendus aux exportations de l’Ukraine et de la Russie. Certains, comme l’Egypte, sont même dépendants à 100 %. « Les conséquences qui vont arriver seront dures », redoute Luc Barbier qui ne cache pas « sa colère », face « aux fonctionnaires de la haute fonction publique qui n’ont pas changé de logiciel : la seule vérité absolue est la leur ».
Pour Luc Barbier « l’enjeu alimentaire mondial se joue aujourd’hui. Nous devons produire pour nourrir ces 27 pays menacés par la famine et les accompagner. Si nous ne répondons pas présent, l’histoire nous jugera ». Et d’argumenter sur la nécessité d’emblaver les surfaces théoriquement en jachère, car modifier un modèle, en se privant par exemple des approvisionnements russes ne se décrète pas « en un claquement de doigts ».