Comment adapter sa stratégie et ses décisions aux enjeux de l’élevage demain ? Les experts de Seenorest, alliance d’Optival et d’Oxygen, ont apporté des éléments de réponses à la trentaine d’éleveurs présents à la « journée des consultants », organisée le 6 octobre à Bouvron, au Gaec de Grimaneau.
Pour piloter finement son exploitation laitière, il faut, avant tout, considérer le contexte économique dans lequel l’élevage évolue. Consultante « projets et stratégies », Laurianne Carbonnaux est revenue sur l’évolution depuis 2019, « une des années les plus favorables à la filière laitière depuis dix ans ».
Début 2020, « les perspectives s’annonçaient bonnes ». C’était sans compter la crise du covid-19 qui a déstabilisé l’ensemble de la filière. En 2021, le covid est toujours présent, la filière semble résiliente dans un contexte économique perturbé. L’année 2022 est marquée par le début de la guerre en Ukraine, au mois de février. La flambée du cours des intrants se poursuit. Mais, en parallèle, le prix du lait conventionnel progresse.
Pour 2023, « le contexte va continuer à être instable, nous n’avons pas de visibilité sur la durée et l’intensité de la période. Il va falloir maîtriser ses achats », appuie Laurianne Carbonnaux.
Limiter les animaux improductifs
Pour évaluer la sensibilité de son exploitation face au contexte actuel, « le meilleur moyen est d’analyser son coût de production ». Pour l’atelier lait, le poste alimentation est le plus impacté. « Il faut travailler sur la ration », résume la consultante, laissant la parole à Jérôme Larcelet et Justine Grenier, consultants nutrition chez Seenorest, pour dérouler les pistes d’amélioration.
À commencer par réduire les animaux improductifs, en abaissant le pourcentage de renouvellement et l’âge au vêlage. Prenant le cas d’un troupeau de 100 vaches et 3 % de mortalité, Jérôme Larcelet explique : « pour un taux de renouvellement de 40 % et un premier vêlage à 30 mois, il faut élever 103 génisses, alors qu’il n’en faut que 52 pour un taux de renouvellement de 25 % et un vêlage à 24 mois. Il y a un vrai travail d’accompagnement à faire sur ce sujet ».
Par ailleurs, avant de vouloir changer, il faut, avant tout, mieux valoriser l’existant. « Il faut d’abord vérifier la cohérence de la ration » : la cohérence technique et économique. Il faut ensuite limiter le gaspillage et optimiser les performances, « en gérant correctement les silos », rappelle Justine Grenier, vétérinaire de formation.
Ration homogène
L’éleveur doit également être attentif à l'équilibre et à la structure de la ration à l’auge. « La taille des particules doit être comprise entre 4 mm et 4 cm. Des particules de 4 mm suffisent à faire ruminer la vache, assure la consultante. Et au-delà de 4 cm les vaches trient. Il faut une ration la plus homogène possible ». Attention aussi à la disponibilité à l’auge. « Une vache fait entre dix et douze repas de trente minutes par 24h. Le temps maximum sans nourriture à l’auge doit être de trente minutes. Et il faut une place par vache au cornadis ». Il faut également de l’eau propre, en quantité suffisante.
« Surtout, il ne faut pas tout remettre en cause avec la conjoncture. Il faut prendre le temps de la réflexion, chiffrer et analyser les impacts d’un changement. Diminuer le concentré peut être risqué : 1,2kg de soja en moins c’est -5 kg de lait produit soit -0,97 euros/VL/jour », interpelle Jérôme Larcelet.