Vous êtes ici

Réseaux bovins lait, des résultats économiques en décalage avec la trésorerie actuelle

Malgré l’abondance de fourrages, une baisse de la production laitière est observée depuis le début de l’automne. En cause, une qualité des fourrages globalement médiocre. Photo : H.Flamant.
Malgré l’abondance de fourrages, une baisse de la production laitière est observée depuis le début de l’automne. En cause, une qualité des fourrages globalement médiocre. Photo : H.Flamant.

Les conseillers des Chambres d’agriculture du Grand Est et l’Institut de l’Elevage ont simulé l’impact de la conjoncture et des conditions climatiques de l’année sur quelques systèmes laitiers représentatifs de la région, afin d’estimer les revenus 2021.

La mise à l’herbe s’est faite dans de bonnes conditions de portance mais avec un démarrage de la pousse de l’herbe tardif au début du printemps (températures fraiches et gelées tardives). Une pluviométrie régulière a ensuite été favorable à la pousse de l’herbe et les surfaces allouées en début de pâturage ont pu être maintenues une partie de l’été, sans affouragement. En revanche, ces conditions ont retardé la majorité des fauches précoces. De même, les récoltes de foin se sont étalées avec un premier créneau début juin puis après le 15 juillet.

Les maïs ont aussi souffert de retards de croissance au démarrage en raison des conditions fraiches du printemps. Néanmoins, le climat (pluviométrie et chaleur) a ensuite été très favorable à sa croissance. Les ensilages, n’ayant pu être réalisés qu’à partir de fin septembre, fournissent des rendements exceptionnels (12 à 18 tMS/ha). Après plusieurs années de déficit, les bilans fourragers sont donc excédentaires (+20 à 30 %) et permettent enfin de reconstituer des stocks.

A l’image des récoltes de fourrages, les moissons ont trainé en longueur cette année et ont parfois été réalisées dans de mauvaises conditions, impactant le rendement et la qualité des grains.

Une baisse des charges opérationnelles

Le pâturage continu de cet été et l’absence d’achat de fourrages complémentaires se traduisent par une baisse des charges opérationnelles de -2 à -27% notamment en système herbager. Néanmoins, cette observation est à relativiser car l’impact de la sécheresse de 2020 avait été exclusivement imputé aux résultats de cette même année. L’augmentation du cours des aliments devrait aussi se ressentir de façon plus conséquente d’ici la fin d’année (fin des contrats d’achat).

Les charges de structures sont en hausse à cause d’un prix des carburants plus élevé, des prestations d’enrubannage plus nombreuses ainsi que des cotisations sociales légèrement plus importantes.

Une augmentation d’EBE pour les trois systèmes laitiers

Une conjoncture technique et économique favorables améliorent donc l’EBE des trois systèmes laitiers entre 18 et 34%. L’augmentation est plus marquée pour les systèmes herbagers, impactés lors des dernières sécheresses par le manque de diversité fourragère. La part de cultures de vente est aussi un facteur d’influence important. Cependant, certaines charges d’alimentation liées aux sécheresses précédentes peuvent encore peser sur les résultats 2021.

Les résultats économiques 2021 devraient être meilleurs que les années passées mais un effet ciseaux entre les produits et les charges pourrait rapidement apparaître du fait de l’augmentation des intrants (aliments, engrais, plastique, carburant) et peser sur les résultats 2022. 2021 est donc une année à faire des réserves fourragères mais aussi financières pour ceux qui le peuvent.