Le 5 juin à Han-sur-Meuse, la région Grand Est et la Chambre régionale d’agriculture ont lancé officiellement les travaux d’étude de la biodiversité qui vont être menés sur quarante fermes pilotes. Un vaste programme sur dix ans pour mesurer les effets des pratiques agroécologiques.
Après avoir adopté sa stratégie régionale pour la biodiversité en 2020, la Région Grand Est s’est engagée dans le programme Life Biodiv’Est, financé par l’Union européenne et plusieurs partenaires dont l’État, l’Office Français de la biodiversité (OFB) et les agences de l’Eau. Un plan sur dix ans doté d’une manne de 26 millions d’euros, qui vise à préserver la biodiversité dans le Grand Est, grâce à vingt-sept actions concrètes et la participation de quatorze «partenaires», dont les parcs naturels, les conservatoires des espaces naturels, et la Chambre régionale d’agriculture. L’objectif affiché étant de «démultiplier l’engagement de tous», décideurs, grand public, et acteurs économiques.
Agriculture et biodiversité
L’une des actions prévues concerne l’agriculture avec la constitution d’un réseau de quarante exploitations ayant mis en place des pratiques agroécologiques, afin d’en mesurer les effets sur la biodiversité. C’est le cas pour la ferme de Denis Renard, céréalier à Han-sur-Meuse, où a été donné le coup d’envoi officiel de ces travaux, le 5 juin, journée mondiale de l’environnement, en présence de différents partenaires concernés.
«Les chiffres sont difficiles à mesurer dans le Grand Est, mais nous savons que nous sommes impactés», a introduit Pascale Gaillot, évoquant les récentes études qui révèlent «un effondrement» de la biodiversité. Pour la présidente de la Commission Environnement du Conseil régional «il n’est pas antinomique de développer des activités agricoles et de préserver la bio diversité». Mais encore faut-il le démontrer, et c’est l’un des objectifs poursuivis.
«Le sujet est alléchant, pour une fois, on ne met pas en opposition agriculture et biodiversité», a salué pour sa part Xavier Arnould, vice-président meusien de la Commission environnement de la Chambre régionale d’agriculture, en accueillant les participants. L’enjeu est aussi pour lui de préserver une agriculture «viable» sur le plan économique, a-t-il insisté.
«Pas plus riche ni plus pauvre»
Concrètement, les quarante fermes pilotes retenues, réparties sur les dix départements du Grand Est, vont faire l’objet d’un suivi régulier par des conseillers des Chambres d’agriculture. Il s’agira de mesurer comment évolue la biodiversité sur ces exploitations déjà engagées dans l’agro-écologie, ou prêtes à le faire. Et de diffuser ensuite les résultats.
À Han-sur-Meuse, Denis Renard n’a pas attendu pour développer ces pratiques sur son exploitation de 240 ha, principalement céréalière, avec aussi 8 ha d’asperges et un élevage de chevaux. Il a déjà planté 2,1 km de haies, dont 1,2 km l’an dernier, dans le cadre d’un partenariat avec la fédération de chasse et du programme «plantons des haies». Il a aussi ensemencé 500 m de bords de champs avec des espèces prairiales. Ceci en plus de 5 km de bandes enherbées et fleuries. «Je ne suis pas plus riche ni plus pauvre, et j’ai la satisfaction de faire quelque chose d’intéressant, a expliqué l’agriculteur, je revois des perdreaux, ce qui était devenu très rare». Il envisage aussi d’aménager une friche de 0,6 ha en agroforesterie, de poursuivre la création de haies (400 m) et de créer ou semer 200 m supplémentaires de bords de champs.