Entre les conséquences du réchauffement climatique en élevage et la décapitalisation du cheptel bovin qui devrait se poursuivre sur la décennie, Interbev Grand Est déploie réflexion et actions. En misant sur la qualité et la proximité de la viande. Et en communiquant.
L’élevage du Grand Est est entré dans une phase de profonde mutation dont se préoccupe l’interprofession bétail et viande régionale (Interbev). A l’occasion de son assemblée générale, le 11 mai à Laxou, présidée par Xavier Lerond, les enjeux liés aux défis du changement climatique étaient très présents.
Acquérir des références et des outils
François-Xavier Schott, en charge du dossier à la Chambre régionale d’agriculture, a résumé les scénarios qui se profilent pour le XXIe siècle : le réchauffement pourrait atteindre près de 4°C à l’horizon 2071-2100 ; augmentation du nombre de journées chaudes et baisse du nombre de jours de gel ; peu d’évolution des précipitations, mais contrastes saisonniers ; asséchement des sols de plus en plus marqué en toute saison.
Le chef de service de la CRAGE a présenté les multiples travaux en cours pour acquérir des références et outils afin d’ accompagner la transition et l’adaptation des exploitations, déployés notamment dans le programme Air Climat Sol Energie (ACSE). Il s’est employé à montrer les opportunités qui peuvent être saisies par l’élevage « système vertueux à différents titres, avec une diversité de ressources à valoriser ». Un plan d’accompagnement national court jusqu’en 2025. Tous les travaux menés dans le cadre d’ACSE et autres, sont accessibles en ligne et les agriculteurs peuvent y trouver des éléments de réponses à leurs problématiques propres. « Il va falloir faire avec le changement climatique, le GIEC préconise moins d’élevage, constate Xavier Lerond. Mais il s’agit d’une vision, ce n’est pas la solution, car il faut maintenir la biodiversité, qui est un atout contre le réchauffement ».
Autre temps fort de cette matinée, la présentation de l’étude sur la production bovine à l’horizon 2030, avec deux alternatives pour limiter la baisse annoncée. Xavier Lerond a noté que la restructuration s’est accélérée en 2022, la conjoncture aidant. S’il redoute des difficultés à terme pour les outils de transformation des territoires, avec des conséquences sur l’emploi, il mise toutefois sur la contractualisation gagnant-gagnant entre abatteurs et éleveurs pour fournir des débouchés adaptés au marché. « Il y aura toujours de l’élevage, nous devons nous battre pour ceux qui ne peuvent faire que cela », martèle le président d’Interbev.
« Tirer les choses vers le haut »
Un peu plus tard dans son rapport moral, Xavier Lerond reviendra sur les grands dossiers de son mandat venant à échéance. « La montée en gamme et le Label Rouge, ce fut un changement de paradigme ». Même si cette volonté de « tirer les choses vers le haut » ne va pas aussi vite qu’escompté. « Nous sommes au milieu du gué, le Grand Est continue, car nous sommes investis dans une filière de qualité et de proximité, de par la volonté du consommateur. Cette démarche salutaire doit s’inscrire dans le temps ». La communication constitue un élément important de l’activité de l’interprofession (Made in Viande, camion Food truck, mécénat cyclisme, Grand est Mondial Air Ballon…). « Nous devons être présents le plus souvent possible, dans le plus d’endroits possibles » affirme-t-il.