
Interbev, avec le concours de l’Institut de l’élevage, et le soutien de la Région, a conduit une étude prospective sur la production de viande bovine, à l’horizon 2030. Marlène Wirig, chargée de mission, a dévoilé les résultats à l'occasion de l'assemblée générale d'Interbev Grand Est, le 11 mai.
Marlène Wirig rappelle que le Grand Est est positionné sur l’engraissement. Il se situe au troisième rang national pour les jeunes bovins et à la deuxième place pour les bœufs. Une caractéristique se situe dans le vieillissement des chefs d’exploitations bovines.
Décapitalisation multifactorielle
Plus de la moitié d’entre eux dépassaient la cinquantaine en 2018. L’observation, en confrontant toutes les données croisées de l’ensemble des acteurs de la filière, estime la perte de cheptel, entre 2022 et 2030, à 45.000 vaches laitières et 34.000 vaches allaitantes, soit une baisse de 18 % de la production. « Une décapitalisation multifactorielle » pour Marlène Wirig, qui énumère : le dérèglement climatique, l’incitation à produire exercée par les prix, le coût de la croissance dans les grandes exploitations, la concurrence entre productions et la pénurie de main-d’œuvre.
Le constat posé, l’interprofession a travaillé sur deux scénarios alternatifs. Le premier baptisé « des bovins et des hommes » vise à atténuer la décapitalisation, en tablant sur un regain d’intérêt pour le métier, se traduisant par une augmentation du nombre d’éleveurs. « Nous misons sur un maintien du potentiel des femelles, avec davantage de reproduction et de génisses finies et moins de réformes. La production de JB domine encore largement, avec tout de même une diversification vers les bœufs », résume la chargée de mission. Ce scénario limiterait la baisse de production à 9 % en 2030.
Réalisé 2022 : encore plus brutal
Le second scénario intitulé « un élevage connecté pour un retour à la croissance » entérine la baisse du nombre d’éleveurs. Mais ceux-ci retrouvent la croissance, grâce à la technologie et de nouvelles organisations du travail, comme la sous-traitance ou le salariat. Dans cette hypothèse « le cheptel allaitant retrouve d’ici 2030, son niveau de début 2022 » évalue Marlène Wirig. Avec une orientation des femelles vers plus de reproduction et donc moins de génisses abattues et moins de réformes. Les mâles sont réorientés vers l’engraissement de JB qui domine encore davantage, grâce à une simplification de la production. Ce scénario limiterait la baisse de production à 6 % seulement.