Lundi 30 septembre, les exploitations certifiées Hve du Pays Terres de Lorraine étaient à l’honneur. Les exploitants ont reçu leur plaque attestant de leurs bonnes pratiques, au Gaec des 3m à Barisey-au-Plain.
Le Pays Terres de Lorraine -qui réunit les Com’Com Terres Touloises, Pays de Colombey et Sud Toulois, Moselle et Madon et Pays du Saintois- s’était donné pour objectif de certifier au moins soixante exploitations Haute valeur environnementale (Hve) en trois ans. Le label, entièrement volontaire, récompense les exploitations engagées dans des pratiques durables. Elles doivent répondre à un certain nombre de critères sur les volets biodiversité, stratégie phytosanitaire, gestion de la fertilisation et, pour les territoires concernés, sur la gestion de l’irrigation.
Pour ce faire, l’organisation territoriale s’est rapprochée de la Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle qui a réalisé les diagnostics. À ce jour, quarante-sept exploitations du territoire ont été certifiées Hve, dont trente trois en polyculture-élevage, six en céréales, cinq arboricoles et trois exploitations viticoles. Les fermes certifiées ont bénéficié d’un financement du Pays Terres de Lorraine et de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse.
Des pratiques déjà durables
Les exploitants étaient invités au Gaec des 3m à Barisey-au-Plain, chez Danielle et Alexandre Michel, lundi 30 septembre, pour recevoir leur plaque officielle, en présence de Jérémy Jenneson, vice-président de la Cda 54, et Dominique Potier, président du Pays Terres de Lorraine. Jean Paul Barbezant (Jardin de Clément), Stéphanie Fournier (Earl des Essards), Régis Bastien (Gaec de la Source), Stéphane George (Scea Ferme du Grand Richebourg), Marc Trotot (Gaec des Hirondelles) et Jérémie Husson (Earl des Corps Fontaine) avaient fait le déplacement pour l’occasion.
«Nous étions sur la bonne voie, entrer dans la démarche de certification nous a permis de conforter notre changement de système», témoigne Alexandre Michel. Il est installé avec sa femme, Danielle, à Barisey-au-Plain, sur 185 ha et soixante vaches laitières qui produisent 580.000 l de lait par an. Le couple a notamment allongé leur rotation, en ajoutant dans l’assolement de la luzerne en pur et du trèfle en pur, «c’est plus facile pour gérer la ration par la suite». Ils ont également entrepris de modifier la conduite des cultures, notamment de réduire le recours au glyphosate. Alexandre et Danielle ont fait venir un conseiller, pour voir où se situait l’exploitation. «Nous étions pile dans le bon créneau», alors ils ont entrepris la démarche de certification, même s’ils regrettent «que ça engendre beaucoup de paperasse». Ils ont bénéficié de 2.500 euros de crédit d’impôt. La certification est effective depuis 2023.
Les exploitants présents ont apporté leur témoignage. Photo : H.Flamant.
Éleveur à Ceintrey, Jérémie Husson a entamé la démarche de certification, «parce que j’entrais déjà dans le cadre». En polyculture-élevage lait et viande à tendance herbagère, il pratique la vente directe de steaks hachés. Pour lui, «il y a un véritable travail de communication à réaliser, ce n’est pas uniquement une pancarte à afficher sur la ferme. La vente directe me permet de recevoir les habitants de la commune et d’échanger avec eux sur mes pratiques». Stéphane George, agriculteur à Crépey, est lui en phase de renouvellement de la certification. Installé en céréales avec quarante vaches allaitantes, il regrette l’absence de valorisation de la certification. «Si la filière ne met pas un bonus, au bout d’un moment, ça s’arrêtera. Renouveler la certification va me coûter».
Face à la surcharge administrative, un certain essoufflement est observé chez les exploitants. «Beaucoup plus d’agriculteurs pourraient être certifiés Hve, mais cela signgifie une démarche administrative de plus sur la pile. C’est la goutte d’eau de trop. D’autant plus qu’on se demande à quoi nous sert la certification Hve», témoigne Laure Génin, élue à la Cda 54.
Un manque de valorisation
Alors que l’objectif de certification n’a pas été atteint sur le Pays Terres de Lorraine, pour Jérémy Jenneson, «les efforts environnementaux ne sont, aujourd’hui, pas valorisés dans les filières, c’est ce qui freine la dynamique de certification», d’autant plus que la loi Égalim prévoyait 50 % de produits certifiées dans la restauration collective. «Nous pensions que ça allait faire décoller la certification. Que fait le législateur pour le développement de la certification ?». «On nous dit qu’il n’y a pas suffisamment de produits sur le territoire et qu’il n’y a pas le budget pour inclure 50 % de produits certifiés», se défend Dominique Potier.
Le président de Terres de Lorraine reconnaît qu’«entre les mauvais rendements, la Fco et la Mhe, la période n’est pas facile. Les filières qualité s’effondrent, les surfaces en bio reculent, la certification Hve a aujourd’hui du mal à trouver sa place». Mais Dominique Potier assure, «ce que nous avons fait est utile. Nous serons prêts quand il y a aura un retour de flamme. Peut-être que demain la Hve sera le standard sur le marché, vous aurez défriché le terrain».