La France exporte des veaux laitiers mâles et importe des viandes de femelles laitières, notamment pour la restauration hors domicile. Pour satisfaire ce marché, et mieux valoriser les veaux laitiers mâles, l’Institut de l’élevage a testé des itinéraires de production à la ferme expérimentale des Bouviers, à Mauron.
En 2020, 18 % des veaux laitiers mâles étaient exportés, majoritairement vers les Pays-Bas et l’Espagne. Dans le même temps, « en 2022, près de 26 % de nos besoins en viande bovine étaient importés », expliquait Clément Fossaert, chef de projet pour l’Idele, lors de la conférence Grand angle viande, le 18 janvier. Et même si 77 % de ces viandes importées concernaient des viandes de femelles laitières, on ne peut s’empêcher de faire le lien entre veaux exportés et viandes importées. Alors, pourrait-on envisager une nouvelle voie de valorisation des veaux laitiers mâles sur le territoire français ?
Objectif : carcasses légères
Pour tenter de répondre à cette question, les équipes de l’institut de l’élevage se sont intéressées à l’engraissement de veaux laitiers croisés viande, à la ferme expérimentale des Bouviers à Mauron, dans le Morbihan. L’objectif : obtenir des produits répondant aux attentes de la restauration hors domicile (RHD), c’est-à-dire des carcasses légères, d’environ 300 kg, bien finies, pour venir en alternative aux imports de vaches laitières.
L'Institut a mis en place deux itinéraires de production : un pour les naissance d’automne, un autre pour les naissances d’hiver. L’idée : optimiser le pâturage et la part d’herbe dans les rations, limiter la concurrence entre alimentation humaine et animale ainsi que la dépendance aux concentrés azotés. Chaque itinéraire prévoit une sortie des animaux vers l’abattoir entre seize et dix-huit mois.
Entre 56 et 62 % d’herbe dans la ration
Les premiers résultats sont encourageants. « Les objectifs de croissance sont atteints, estime Clément Fossaert, et ce avec plus de 50 % d’herbe dans la ration ». En effet, les animaux nés en automne ont consommé, au cours de leur vie, 32 % d’herbe pâturée, 24 % d’herbe conservée, 26 % de maïs et 18 % de concentrés. La part d’herbe, et notamment d’herbe pâturée, augmente pour les animaux nés en hiver, avec 41 % d’herbe pâturée, 21 % d’herbe conservée, 21 % de maïs et 17 % de concentrés.
De même, l’objectif des 300 kg de carcasses entre seize et dix-huit mois est rempli. Les GMQ moyens entre l’arrivée et l’abattage s’élevaient à 973 g/j pour les animaux nés en hiver et de 1070 g/j pour les animaux nés en automne. Ces derniers, abattus en février, avaient en moyenne 16,8 mois, et le poids vif moyen atteignait 579 kg pour 309 kg de poids de carcasse, soit un rendement de 53,4 %. Les animaux nés en hiver et abattus en juin avaient en moyenne 17,6 mois, et le poids vif moyen atteignait 553 kg pour 299 kg de poids de carcasse, soit un rendement de 54,1%. Les conformations étaient O+.
Peu d’impact du type génétique
Cette expérimentation a également permis de tester des animaux de sept types génétiques, « représentatifs de la disponibilité en veaux laitiers en France », précise Clément Fossaert, ont été testé. Cinq croisements étaient issus de mères Prim’Holstein : veaux croisés Limousin, Charolais, Inra 95, Blanc Bleu Belge et Angus. Deux types génétiques étaient issus de mères Normandes : des veaux Normands, et des veaux croisés Limousin.
« Dans nos premiers constats, nous remarquons peu de différence sur les poids et les croissances entre types génétiques, relate Clément Fossaert. En revanche, nous avons remarqué des variabilités individuelles sur les dépôts de gras et le persillé. Ces observations restent à évaluer et à préciser ».