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Fin de l’aventure du yaourt A Güeter

A Güeter proposait une gamme de six parfums (photo : Nicolas Bernard).
A Güeter proposait une gamme de six parfums (photo : Nicolas Bernard).

La commercialisation des yaourts de la marque A Güeter a pris fin le 31 décembre. Conséquence de la crise sanitaire, des petits volumes, d’une baisse des ventes et d’une certaine incompréhension avec Eurial.

La marque A Güeter annonce la fin de sa commercialisation. Le président de l’association alsacienne des huit cantons, Michel Rohrbach, à l’origine de la démarche, dans laquelle étaient aussi engagés les producteurs meurthe-et-mosellans de l’UGVL s’explique. « Nous allons laisser digérer cette déception, avant pourquoi pas de repartir sur de nouveaux projets». Déçu et visiblement un peu las de cette situation, il est néanmoins fier d’avoir été de cette belle aventure professionnelle et humaine. « Les premières ventes ont démarré en octobre 2017. Ce concept était unique. Il tenait à des producteurs dynamiques qui ont su se mobiliser et s’organiser pour développer et promouvoir une marque qui leur appartenait, avec une laiterie derrière », ajoute Michel Rohrbach.

Les ventes s’effondrent de 30 %

Cette marque de yaourts a été une belle source de diversification. Elle répondait à une demande locale pour des produits locaux. Après un bon démarrage, les ventes ont poursuivi leur croissance. « En 2018 et en 2019, tout était à la hausse. De l’ordre de 30 % en plus chaque année. Au bout de deux ans et demi, nous sommes arrivés à vendre un million de pots par an. Nous avons élargi notre gamme avec six parfums. Nous avons été distribués dans 280 magasins. Cette organisation pertinente fonctionnait grâce à des hommes, à un directeur d’usine, à un travail d’équipe. C’était de l’humain.», insiste Michel Rohrbach.

Pour les producteurs, le projet avait du sens humainement et économiquement. « Ils étaient également nombreux à participer à des animations dans les magasins. Ces animations ont permis de développer les ventes», affirme le président. Les premières difficultés sont arrivées avec la crise sanitaire en 2020. « Nous n’avions plus la possibilité de faire nos animations. Or les gens pouvaient goûter nos produits. Cela permettait de les fidéliser, analyse Michel Rohrbach. Les conséquences ont été immédiates. Les ventes ont baissé. Et les industriels ont réduit leur gamme sur tous les marchés. Il n’y avait par exemple plus de vanille et de chocolat. En 2020, les ventes de A Güeter se sont donc effondrées de 30 %.

« Pas intéressants pour eux »

En 2021, les choses s’arrangent un peu. Les producteurs retrouvent tout juste leur marché de 2019. Sans pouvoir réorganiser leurs animations. Mais une nouvelle problématique surgit. Il fallait que l’on double nos ventes en six mois. En août 2021, une visioconférence de sept minutes scelle définitivement l’avenir de la marque A Güeter. Les objectifs fixés n’ont pas été atteints. Il est décidé de la fin de la marque pour le 31 décembre. « Pour Eurial, à Paris, nous étions une petite ligne, une petite marque, dans un grand groupe. Nous n’étions pas intéressants. J’ai aussi un peu le sentiment que notre concept unique dérangeait pas mal de monde », lance, amer, Michel Rohrbach. « Je suis évidemment déçu. Nous nous sommes interrogés sur la suite. Mais face à de telles structures, que pouvons-nous faire ? Je veux retenir le positif. Nous nous sommes rassemblés autour de ce projet. Nous avons tous compris qu’il fallait jouer collectivement», observe Michel Rohrbach. Depuis la fin de cette aventure, le lait des producteurs, lié à un contrat,  continue de prendre le chemin de l’usine Eurial  de Château-Salins.  L’association n’a pas « d’ardoise » à payer ou à rembourser. Mieux même, elle a redistribué aux producteurs le volume de livraison de l’année 2021. 3,34 € les 1.000 litres de lait en ristourne. Soit un total de 100.000 €.