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Loïc Madre, Vosges : une passion devenue profession

Loïc Madre, 27 ans est un entrepreneur vosgien spécialisé dans les vidéos de machinisme © LOAGRI
Loïc Madre, 27 ans est un entrepreneur vosgien spécialisé dans les vidéos de machinisme © LOAGRI

Loïc Madre est vidéaste professionnel. Avec plus de 200.000 abonnés au compteur sur sa chaîne YouTube : LOAGRI, il est devenu un interlocuteur privilégié des marques de machinisme et une référence pour les agriculteurs.

Originaire des Vosges, le jeune entrepreneur de 27 ans se décrit comme un « passionné de machinisme depuis tout petit ». Dès l’âge de 10 ans, Loïc Madre commence à capter en images le machinisme agricole. « J’ai pris l’appareil photo de ma mère pour photographier les tracteurs dans les champs». Pour partager ses premières photos, le jeune garçon crée alors un blog dédié. Deux ans plus tard, il lance sa chaîne YouTube pour y poster des vidéos de tracteurs, en amateur d’abord jusqu’à en faire son métier en 2015.

La passion depuis toujours

Non issus du milieu agricole, Loïc et son père se fiaient au hasard pour trouver des chantiers. « Au tout début, nous faisions des tours de voiture lors de la saison d’ensilage de maïs. Il nous est arrivé de passer deux à trois semaines à tourner sans apercevoir l’ombre d’un tracteur, simplement parce que ça n’était pas mûr » se rappelle-t-il avec le sourire. « Aujourd’hui, je connais tout le monde et je dispose des  points GPS pour me rendre sur les chantiers » dit-il en riant.

Au moment de choisir son parcours d’études, Loïc s’inscrit en Bac pro agroéquipement, au Lycée agricole de Mirecourt. Il pensait alors « devenir agriculteur, chauffeur ou gérer une entreprise de travaux agricoles». Au gré des stages, il accomplit ses premières expériences dans le monde agricole. « Je me suis rendu compte que je préférais la vente plutôt que d’être vraiment dans le métier». Ses parents n’étant pas du milieu, il n’avait pas la possibilité de reprendre une ferme ni les moyens de racheter une entreprise de travaux agricoles (ETA). Loïc s’oriente alors vers un DUT techniques de commercialisation. « Cela me permettait de devenir commercial en machinisme ou en automobile. Je souhaitais devenir démonstrateur ». A 18 ans, le jeune homme intègre l’IUT Hubert Curien d’Epinal. Il obtient son permis de conduire et s’équipe d’un drone. « Cela a été une étape importante » se rappelle-t-il. « Je n’étais plus dépendant de mon père qui, jusque-là, avait avalé des milliers de kilomètres pour m’amener. Nous avons parcouru comme ça tout le Nord Est de la France : moissons en Meuse, labours dans la Marne, etc. ». Désormais autonome dans ses déplacements, il crée une microentreprise dédiée à la vidéo en 2016.

Au cours de sa première année de DUT, les vidéos commencent à se développer. Loïc concilie les cours et son activité professionnelle, jusqu’au dernier semestre où : « je n’avais même plus le temps d’aller en cours tellement j’avais de boulot». Il obtient tout de même son diplôme en 2017. Deux postes en concession lui sont alors proposés « Mais cela aurait demandé de laisser tomber la vidéo qui m’occupait déjà à plein temps». Le jeune homme décide de se consacrer à une carrière d’entrepreneur. « Depuis, je n’ai jamais arrêté » conclut-il. Dernière étape dans la professionnalisation de sa passion : en 2019, il fait évoluer sa microentreprise pour créer une SARL. L’objectif : gagner en crédibilité auprès des marques.

L’agriculture française sous le feu des projecteurs

A travers sa chaîne, LOAGRI teste les dernières innovations et machines que lui confient les marques © LOAGRI.Si aujourd’hui, Loïc Madre vit de sa passion, il le doit à son travail : « Je suis totalement autodidacte» explique-t-il. Vidéo, montage, communication sur les réseaux sociaux, le vidéaste a tout appris seul. Pour produire son contenu, la majeure partie de son équipement est constitué de la suite de logiciels Adobe, d’un Sony A7S III et d’un drone DJI Mavic 3 pro. 

Ses plans, Loïc les filme dans toute le France. « Je suis Français et je suis attaché à l’agriculture française. Je me suis rendu dans d’autres pays d’Europe et, quand je vois ce qui est réalisé là-bas et la qualité de production dont nous disposons chez nous… Je me dis, quand même, qu’il faut laisser la profession tranquille». Au-delà de sa passion pour les machines, le vidéaste entend « montrer la beauté de l’agriculture à travers mes vidéos ». Bien que son public soit principalement constitué de connaisseurs à l’affut des dernières innovations, Loïc espère aussi faire évoluer les mentalités des néophytes. « Ce que je veux, c’est avant tout faire découvrir l’agriculture. Si le grand public tombe sur une de mes vidéos, je veux qu’il réalise le niveau de technicité qu’offre l’agriculture d’aujourd’hui » conclut-il.

Un rythme effréné

L’engagement qu’implique la production d’une vidéo n’est pas connu de tous. « Beaucoup de personnes me demandent si c’est mon métier à plein temps. "Tu vis de filmer des tracteurs ?" Mais ils ne se rendent pas compte du travail qu’il y a derrière». Car réaliser des vidéos est une activité chronophage. Pour une vidéo de 15 à 25 minutes, il faut compter « une à deux journées de tournage et entre 20 et 25 h juste pour le montage». Temps auquel viennent s’ajouter les déplacements pour un total de 90.000 km parcourus par an.

L’entrepreneur publie une vidéo par semaine tout au long de l’année, voire deux en période estivale. « J’essaye de suivre le plus possible les saisons». Quand vient l’hiver « la période la plus calme, il est plus difficile de trouver des sujets. Alors, je me dirige plus vers des visites d’élevages, d’ateliers, des chantiers de déneigement ou d’épandage». Car la chaîne YouTube ne constitue que la partie émergée de l’iceberg : « Si l’on regarde mon chiffre d’affaires, entre 60 % et 70 % des commandes proviennent de marques pour proposer du contenu sur YouTube et 30 % à 40 % constituent des vidéos produits pour l’événementiel ou autre».

Le vidéaste communique également sur les réseaux sociaux : Facebook, TikTok mais surtout Instagram, à raison de 3h et 4h par jour. « J’accorde une grande importance à la qualité de mon contenu et c’est le réseau Instagram qui, selon moi, convient le mieux à une communication professionnelle».

Confiance et qualité

Lorsqu’il prend la route, le vidéaste transporte dans sa voiture trois valises de matériel dont cinq appareils photo © LOAGRI.

Publier du contenu sur YouTube est plus difficile qu’il n’y paraît. Au-delà du temps de création, le succès d’une vidéo dépend grandement des algorithmes, toujours changeants, de la plateforme. Avec une moyenne de 110.000 vues par vidéo, le vidéaste peut l’affirmer : « Le gros machinisme est un sujet qui fonctionnera toujours. » 

Ses atouts ? « La qualité de mes vidéos et ma vitesse de production». A la différence des agri youtubeurs, ces exploitants qui partagent leur quotidien en vidéo, Loïc Madre ne dispose pas de ferme pour essayer les machines « mais c’est un avantage en termes de diversification de vidéos». Ces productions présentent un contenu riche : interview, fiche technique, essai de machine... Avec ce format, « on découvre la machine, ce qui peut être intéressant pour un potentiel acheteur ». En effet, grâce au niveau de technicité, la chaîne YouTube LOAGRI attire principalement des agriculteurs et des entrepreneurs susceptibles d’être intéressés par les machines présentées. « Dans mon audience moins de 3 % des personnes sont âgés de moins de 17 ans» appuie le vidéaste. Car les vidéos proposées par LOAGRI sont aussi  un gage de confiance pour les agriculteurs et les entrepreneurs. « Le contenu commercial est toujours mentionné et je reste libre dans ce que je veux présenter». Loïc Madre fait confiance aux utilisateurs : « Je me base sur les retours que m’adressent les agriculteurs. Les gens qui me suivent sont à la recherche d’avis authentiques. Je n’embellis pas les choses si certains points ne vont pas ».

Bien qu’il soit maintenant bien établi dans le milieu, l’entrepreneur ne manque pas d’idées pour ses futures vidéos. « L’agricole reste le cœur de mon sujet, mais pourquoi pas aborder d’autres secteurs comme le transport, les travaux publics et forestiers». A bon entendeur …