Loin d’être un déchet, les effluents d’élevage sont un fertilisant naturel d’autant plus intéressant dans un contexte de flambée des prix des engrais. Différents matériels ont été présentés lors d’une démonstration à Chauvency-St Hubert.
La Frcuma Grand Est, avec les Cuma de Han et de Montmédy nord, a organisé une demie journée technique sur l’épandage localisé d’effluents liquides, le 9 juin à Chauvency St Hubert, dans le nord meusien. Après une intervention de la Chambre d’agriculture sur la valorisation des effluents et la réglementation en matière d’épandage, quatre matériels plus ou moins sophistiqués ont été présentés lors d’une démonstration, sous l’œil intéressé d’une bonne cinquantaine d’agriculteurs.
De plus en plus complexes
Eric Aubry, animateur à la Frcuma Grand est, a d'abord fait quelques recommandations sur le choix d’un matériel. « On n’achète pas un épandeur sur catalogue, car il y a beaucoup d’options différentes ; il faut bien définir le cahier des charges pour trouver le bon matériel, selon le nombre d’utilisateurs, la typologie des exploitations,… ». Les outils disponibles sont de plus en plus complexes, mais aussi plus coûteux, de 80.000 € à plus de 150.000 euros, d’où l’intérêt d’un achat en commun.
A la traditionnelle buse à palette, qui engendre des pertes d’azote importantes par volatilisation, viennent se substituer des équipements plus élaborés : pendillard, ou système d’enfouissement, à disques, à dents, ou à patins.
Pendillards ou systèmes d’enfouissement
Quatre matériels ont ainsi été présentés. Une tonne à lisier du constructeur belge Agrimat, de 16,5 m3, équipée d’une rampe Bomech Speedy de 12 m, avec enfouisseur à patins, qui permettent de déposer le lisier au sol avec un minimum de contact avec les plantes. « La rampe est fixée directement sur le tonneau, mais nous prévoyons de mettre un relevage, afin de pouvoir ajouter un outil à dents si besoin », a expliqué Mickaël Lambinet, responsable de ce matériel à la Cuma de Montmédy Nord, qui l’a acquis récemment. Six exploitations l’utilisent, pour un coût prévisionnel de 22 euros par tonne épandue, soit 1,2 €/m3, « frais d’amortissements, de maintenance et de gestion de la Cuma inclus », a expliqué l’éleveur laitier, converti à la bio. « C’est une rampe polyvalente entre le système à palette et les enfouisseurs à disques, le lisier pailleux passe très bien ; en bio, il n’y a pas photo pour valoriser le lisier ».
Autre matériel, une tonne à lisier Samson PG 2, constructeur danois, avec un système d’enfouissement à disques. Le lisier est propulsé par une turbine, avec une pression de 4,6 bar. Une deuxième turbine permet le remplissage. L’absence de compresseur limite le poids. La tonne est équipée d’un DPAE, d’une suspension hydraulique et de roues de 1,65 m de diamètre, avec un fort débattement, et d’un essieu tandem, pour passer en terrains accidentés ou en conditions humides. Elle peut être munie d’un relevage, avec une capacité 5,5 t de pression. Un palpeur permet de maintenir la profondeur d’enfouissement.
Le tuyau remplace la tonne
Troisième matériel, une tonne Pichon de 20 m3, et d’un PTAC de 28 t, équipée d’un compresseur et d’un pendillard classique, avec système anti-goutte. Le lisier est déposé au sol par de simples tuyaux, répartis sur une rampe de 15 m. La tonne est équipée d’un relevage 4 points d’un répartiteur central, et d’un essieu tandem ; Dpae possible en option.
Enfin, les participants ont pu découvrir la rampe Slurry Kat. Ici, pas de tonne à lisier, et donc un faible poids (moins de 1 t pour la rampe de 7,5 m), qui facilite le passage en toutes conditions. L’effluent arrive jusqu’à la rampe d’épandage par un tuyau, relié à réservoir situé en bord de champ. Le système vient d’Irlande, où il faut souvent travailler sur des sols détrempés.
Pour la démonstration, le lisier était stocké dans un camion citerne, mais normalement, le tuyau est relié à un caisson tampon, d’une capacité de 35 à 120 m3. Le tuyau, d’une longueur de 700 à 1200 m, est stocké sur un enrouleur porté à l’avant du tracteur. Une pompe propulse l’effluent avec une pression pouvant atteindre 17 bar (4 à 5 bar en sortie). Un débit mètre indique la vitesse à suivre. L’effluent est déposé au sol par des tuyaux plats qui permettent de réduire les risques de brûlage de la végétation.