
Cédric Polmard, éleveur du GAEC de Cornelier à Gimécourt dans la Meuse, exploite 170 hectares pour son troupeau de 50 vaches. Son investissement dans un andaineur à tapis, partagé avec quatre autres agriculteurs de la CUMA Saint Eloi, s’est révélé être l’un de ses meilleurs choix de ces dernières années : gain de temps, meilleure qualité de fourrage… on vous explique pourquoi !
Entre 90 hectares de cultures de rente et 80 hectares de fourrages diversifiés, Cédric Polmard peut compter sur l’aide de sa femme et de son apprentie, Elora Hanen, pour assurer la gestion du pâturage tournant, des fauches et des récoltes. Le ratio entre le nombre de vaches et la surface disponible peut surprendre, mais la nature argilo-calcaire et très caillouteuse des sols limite fortement les possibilités d’optimisation.
En 2018, l’identification d’une zone de captage sur une dizaine de kilomètres alentour a conduit l’éleveur à adapter ses assolements. Il a alors bénéficié d’une aide financière pour remettre en herbe une partie de ses terres. Depuis, il a progressivement réduit ses surfaces de maïs pour "retravailler avec l’herbe". Ses prairies sont désormais composées de trèfle violet, de ray-grass et de luzerne, cette dernière ayant, selon lui, "un aspect ruminal vraiment intéressant".
Les externalités positives de l’andaineur tapis
La principale raison qui a poussé Cédric Polmard à investir dans un andaineur à tapis est la forte présence de cailloux sur ses parcelles, rendant l’ensilage particulièrement contraignant.
« L’andaineur à tapis, grâce à son système de soulèvement du fourrage, permet d’éviter de ramasser la caillasse présente au sol. Il améliore également l’aspect butyrique du lait en limitant la casse des fibres et en préservant les feuilles les plus sèches », explique-t-il. Ce type de matériel permet donc, non seulement d'améliorer la qualité du fourrage, mais aussi de réduire les impuretés susceptibles de nuire à la ration du troupeau.
L’investissement, réalisé conjointement avec sept autres agriculteurs via la CUMA de Saint-Eloi, a été subventionné à hauteur de 40 %, pour un coût total estimé à environ 120.000 €. « Au-delà de la rentabilité économique, la machine parcourt plus de 1.300 hectares par an, partagés entre les sept exploitants », précise Cédric Polmard. Il souligne également le gain de flexibilité que lui offre cet équipement : « Mon créneau d’intervention s’élargit. Je n’ai plus à craindre que l’herbe soit trop sèche, comme avec un andaineur classique. Le tapis protège la feuille et la fibre, ce qui me permet de faucher l’après-midi sans compromettre la qualité du fourrage. Ne plus avoir cette contrainte de temps est un vrai soulagement». Dans les faits, le débit de la machine permet de recouvrir jusqu’à 8ha/heure soit le double de surface par rapport à un modèle classique sans tapis. Lors des journées les plus efficaces, l’agriculteur a pu parcourir 140 ha en changeant deux fois de tracteur.
Le troisième avantage, et non des moindres, est le lien social recréé entre producteurs. « On partage nos connaissances sur la machine et ses réglages, mais cela a aussi simplement relancé les échanges entre nous », raconte-t-il. Il ajoute que le métier d’agriculteur, surtout en grandes cultures, peut être solitaire, et que cette forme de mutualisation est très bénéfique aussi sur le plan humain, d’autant plus dans un contexte de besoin d’entre-aide avec les défis actuels.
Le système AOP
À la limite de la zone de production du Brie de Meaux, Cédric a choisi d’intégrer le système AOP, malgré les contraintes qu’il implique. Pour bénéficier des avantages économiques, il doit en effet allouer 20 ares par vache pendant au moins 150 jours, et assurer 60 % d’autonomie en fourrages issus de son exploitation. « La fauche précoce est meilleure pour la qualité du fourrage, car l’herbe est jeune et riche en azote. Cela m’évite d’avoir recours au tourteau de soja », explique le producteur de lait cru.
« Les aides du système AOP peuvent atteindre jusqu’à 50 € supplémentaires par hectolitre de lait produit. Dans ce montant, 25 € sont liés à la localisation en zone AOP, et 25 € à la qualité du lait — notamment sa richesse microbienne », précise l’éleveur de Gimécourt.
Le lait cru est collecté par l’Union laitière de la Meuse, mais Cédric Polmard tient à suivre de près la traçabilité et la destination de sa production. Il est en lien direct avec la fromagerie Dongé, une entreprise familiale spécialisée dans le Brie de Meaux, qui attache une grande importance à la qualité et aux saveurs. Ses 450.000 litres de lait annuels sont intégralement livrés à cette fromagerie pour affinage et transformation. Et pour conclure avec humour, il glisse : « Ce n’est pas bon pour les hanches… mais qu’est-ce que c’est délicieux ! »

