A Domgermain, la famille Garnier produit du lait et des bœufs, en optimisant sa surface herbagère, source d’économie de charges. Le fruit d’une évolution du système, sous le conseil expert de la Chambre d’agriculture. Le Gaec de la Planture a servi de support à une communication grand public, à l’heure de la sortie des vaches au pâturage.
Le 30 avril au matin, les élus, la profession, l’administration et la presse étaient conviés au « lâcher des vaches » au pâturage, au Gaec de la Planture, à Domgermain, dans le Toulois.
Ici Christine et Pascal Garnier sont associés sur 248 ha, des terres à faible potentiel, dont 149 ha de prairies permanentes, 16 ha de maïs et 83 ha de céréales. Avec leur salarié et un apprenti -actuellement leur fils Thomas-, ils produisent 392.000 l de lait à l’aide de 62 vaches de races Prim’Holstein et Montbéliarde et 29 génisses et 45 bœufs de 36 mois. Un système résilient qui privilégie la valorisation de l’herbe et la limitation des charges, fruit d’une évolution fondamentale en 1998.
Vêlages groupés à l'automne
L’expertise de Jean-Marc Zsitko, ingénieur des Réseaux d’élevage et conseiller à la Cda, les conduit alors à abandonner l’engraissement de taurillons pour leur substituer l’élevage extensif de bœufs et génisses. Les vêlages sont groupés à l’automne, la production par vache est limitée à 6.300 l et les génisses vêlent à 36 mois. La valorisation des prairies permanentes peut ainsi être optimisée par le pâturage, les animaux restent dehors entre le 15 mai et le 1er novembre, le foin sec et l’enrubanné font les beaux jours des repas hivernaux des laitières. Mieux, la surface de maïs ensilage passe de 36 à 16 ha, soit autant d’économie de frais de semis-récolte, tout en limitant l’achat de complément alimentaire type tourteau de soja.
Au Gaec de la Planture, le ratio des charges opérationnelles sur produit ressort à 25 %. Les effets sur le revenu de l’exploitation sont rapidement mesurés à la hausse. L’exemple parfait qui démontre qu’il faut savoir lutter contre les standards de systèmes considérés comme plus modernes, mais à la rentabilité incertaine. « Les vêlages groupés à l’automne et une bonne gestion du pâturage sont essentiels pour produire du lait et de la viande à faible coût », assure Pascal Garnier qui adopte la mono traite du matin, du 10 juin au 20 août « pour la qualité de vie et pouvoir faire autre chose ». Autre élément favorable à la résilience, le choix du matériel d’occasion bien entretenu qui permet de limiter les annuités à l’achat et les lourdes factures de réparation ensuite.
Des perspectives et une trajectoire
Le cas de figure du Gaec de la Planture présente une telle valeur d’exemple qu’il sert désormais de référence pour conseiller d’autres exploitations réfléchissant à une évolution de système. Une excellente illustration des bienfaits de l’herbe, pour Laurent Rouyer, le président de la Chambre d’agriculture, qui en défend « les externalités positives ». La polyculture-élevage, caractéristique de la Lorraine, présente de multiples atouts : filtration des nitrates pour la protection de l’eau ; biodiversité ; entretien des paysages ; captation du carbone… Le Gaec de la Planture a réalisé un diagnostic environnemental Cap’2Er qui montre un bilan carbone d’un niveau tel, qu’il serait difficile de l’améliorer encore.
Mais l’élevage est victime de multiples pressions qu’elles soient sanitaires, climatiques ou par rapport à l’émission de carbone. « Il existe un véritable enjeu de donner un peu de perspectives aux éleveurs et aux jeunes qui vont leur succéder dans le métier, si l’on veut conserver le modèle d’exploitations familiales », réclame Laurent Rouyer.