L’ouverture d’un nouveau silo de maïs ensilage peut présenter un danger ponctuel mais potentiellement grave : il s’agit des « gaz de silos », dont le contact et l’inhalation peuvent entrainer des brûlures de la peau et des poumons.
La sécheresse a fortement perturbé la croissance du maïs, entraînant un desséchement prématuré. Elle a également perturbé la minéralisation de l’humus et l’absorption des minéraux par les plantes, notamment de l’azote. Dans ces conditions, une pluie peut provoquer une libération massive de nitrates, qui seront alors absorbés par les plantes. Lorsque la pluie intervient quelques jours avant la récolte, les plantes n’ont pas le temps de métaboliser ces nitrates qui peuvent alors s’accumuler dans les tiges. Dans les heures qui suivent la confection du silo, ces nitrates, mais également les nitrites, peuvent former, en s’oxydant, du dioxyde nitreux, ou « gaz des silos ».
Un gaz très corrosif
Ce gaz, de couleur jaune-orangé, est un composé proche de l’acide nitrique, très corrosif. Il dégage une forte odeur d’eau de javel, et provoque des brûlures de la peau et des poumons par contact voire par inhalation. Il arrive parfois qu’une poche de gaz importante s’échappe lors de l’ouverture du silo, elle peut entraîner des brûlures sévères des mains au soulèvement de la bâche. Pour s’en prémunir, il est vivement recommandé de porter des gants lors de l’ouverture du silo, et surtout de s’éloigner vivement en cas d’odeur javellisée ou de dégagement gazeux jaunâtre. Une fois le silo ouvert, et le gaz échappé, il ne restera que quelques reflets orangés sur le front d’attaque. Ces reflets attestent de la formation de dioxyde nitreux lors de la fermentation, mais ne présentent plus aucun danger ni pour les opérateurs ni pour le bétail qui consommera l’ensilage.
Le gonflement de la bâche synonyme de bonne étanchéité
Ce phénomène est bien connu en Amérique du Nord, où l’hiver peut arriver soudainement après un été chaud et humide. Chaque année des accidents graves y sont rapportés tant du côté des éleveurs que du bétail lors de l’ouverture d’un silo tour attenant à une étable à l’attache par exemple. En effet, cette conception de bâtiment est fréquente au Canada où les silos sont au plus près du bétail. Rappelons également que le gonflement de la bâche de couverture d’un silo est un phénomène normal qui atteste de la bonne étanchéité d’un silo (bonne qualité du bâchage, rapidité de fermeture favorable à l’acidification...). Un mètre cube d’ensilage génère jusqu’à mille litres de gaz, surtout de gaz carbonique, inoffensif, lors de la fermentation initiale. Ce phénomène de gonflement des silos est sans danger et n’a rien à voir avec la formation de « gaz des silos ».