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Clôtures virtuelles : un essai concluant, un coût prohibitif

L’ensemble de l’équipement Nofence pèse un kilo, et est bien accepté par les animaux. Crédit photo : Arvalis
L’ensemble de l’équipement Nofence pèse un kilo, et est bien accepté par les animaux. Crédit photo : Arvalis

La ferme expérimentale Arvalis de Saint-Hilaire-en-Woëvre a testé pendant trois ans une technologie de clôtures virtuelles, Nofence. Peu de fuites, pas d’impacts sur les performances ou le comportement des vaches ni sur la pousse de l’herbe, facile à adopter pour les humains, la technique, pourrait tout avoir pour plaire. Si ce n’était son coût très élevé.

« Le pâturage tournant, c’est très intéressant. L’herbe est exploitée au bon stade ce qui garantit une herbe de qualité et engendre moins de refus sur la parcelle. De plus, la répartition des déjections est plus homogène. Il n’est pas rare non plus de constater une augmentation de la part de légumineuses dans la prairie. Le problème, c’est que cela prend du temps », introduisait Pascaline Pierson, ingénieure régionale pour Arvalis lors d’un webinaire en mars dernier. Un temps pour déplacer les animaux qu’elle estime à une heure par lot tous les quatre à cinq jours à la ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre (55). A ce temps s’ajoute celui nécessaire pour l’entretien des clôtures.

Alors pour s’affranchir de ces contraintes, l’équipe de l’institut technique a décidé de tester une nouvelle technologie : celle des clôtures virtuelles. Le principe est simple : les vaches sont équipées d’un collier connecté, équipé d’une batterie à recharge solaire et d’un capteur GPS. L’éleveur définit la zone où les animaux peuvent pâturer. Si les vaches s’approchent de la limite, elles entendent un son, de 40 dB. Si elles n’opèrent pas un demi-tour, elles reçoivent un stimulus électrique. Le nombre de stimuli électriques est toutefois limité à trois. L’éleveur continue de recevoir la position GPS de la vache sur son smartphone, mais même si la vache n’est pas revenue dans la parcelle autorisée, les stimuli s’arrêtent par sécurité. Lors du changement de parcelle, l’éleveur modifie la zone autorisée sur l’application, et les vaches « se débrouillent toutes seules pour changer de paddock », ajoute l’ingénieure.

Quatre à six jours d’apprentissage

« L’ensemble de l’équipement pèse environ un kilo et est bien accepté par les vaches. La phase d’apprentissage prend entre quatre et six jours, pendant lesquels les animaux passent de moins en moins de temps sous alertes sonores », explique Pascaline Pierson. De manière générale, les vaches reçoivent entre dix et trente fois moins de stimuli électriques que d’alertes sonores, et ce même pour les animaux les plus aventureux, qui s’approchent souvent des limites. « Les animaux comprennent durablement le lien entre le signal sonore et le choc électrique et la nécessité de ne pas aller plus loin. Il y a en revanche une grande diversité de comportements individuels, entre des animaux qui reçoivent moins de cinq alertes par jour, et d’autre plus de vingt-cinq », indique Pascaline Pierson. L’expérimentation a également montré une augmentation des stimuli électriques lorsque l’herbe est moins disponible, les animaux ayant tendance à vouloir chercher la ressource plus loin.

300 € par collier, 30 à 60 centimes par jour

Un point de vigilance a toutefois été rapporté par les opérateurs. Si le fournisseur de la technologie vantait une précision des colliers GPS de l’ordre d’un mètre, cette précision n’est finalement que de cinq à dix mètres selon les expérimentateurs. Mais la véritable ombre au tableau de ces clôtures virtuelles est ailleurs, c’est son coût. « La technologie n’est pas encore commercialisée en France. Nous nous sommes fournis auprès de NoFence, en Norvège. Chaque collier coûte 300 €, somme à laquelle il faut rajouter un abonnement compris entre 30 et 60 centimes par collier et par jour », détaille Pascaline Pierson.

Alors, pour tenter de limiter les coûts, l’équipe d’Arvalis a essayer d’équiper seulement quelques génisses, en s’appuyant sur le caractère grégaire des animaux. « Nous avons cherché quelle était la génisse dominante, mais aussi la meneuse, celle qui initie les mouvements du troupeau. Nous avons ensuite tenté d’équiper seulement ces génisses-là, dans un lot de dix », explique Pascaline Pierson. Verdict : lorsque seule la meneuse était équipée d’un collier, les autres génisses se sont échappées en 44 minutes.