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Multiplier les espèces et les revenus

À l’occasion des Journées de printemps organisées par l’AFPF (Association Française de Production Fourragère), Louis-Marie Colcombet est intervenu sur les pratiques de multiplication des semences dans les systèmes d’élevage. Responsable du service économique de la FNAMS (Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences), il détaille les avantages et les leviers liés à cette production.

Son intervention se base sur la publication de référence des charges de production de semences, tant pour les graminées que pour les légumineuses. « Des différences s’observent entre les régions, elles sont dues aux différences de pratiques et de typologie d’exploitation que sont les grandes cultures ou la polyculture-élevage. À prix équivalents d’intrants, nous avons étudié les impacts de divers itinéraires techniques ». explique Louis-Marie Colcombet.

« Les charges de production sont plus faibles pour les exploitations en polyculture-élevage », constate-t-il avec l’exemple de la graminée dactyle. « En 2022, les chiffres nous révélaient un coût par hectare à 1169 € pour les exploitations en grandes cultures contre 984 € dans l’autre cas ». L’écart s’explique par le matériel de récolte, souvent plus adapté en polyculture qu’en grande culture, par l’économie de fertilisation azotée, et par le gain de passages pour l’entretien des cultures grâce au pâturage des troupeaux. De plus, en culture mixte, l’utilisation de co-produits entre les productions est plus importante : le fumier bénéficie à la fertilisation de la culture, tandis qu’une pré-coupe de graminées peut servir à la diversification de l’alimentation animale et générer des économies en foin.

Selon les pratiques dans son exploitation, le choix de semences change. Alors que les grandes cultures se tournent plus régulièrement vers du fourrage de type gazon, comme le ray-gras dit gazonnant, les éleveurs vont favoriser des semences fourragères pour rentabiliser la multiplication et les utiliser accessoirement pour les troupeaux.

Devenir multiplicateur

« Mon conseil : ne pas se lancer seul. L’entreprise ou la coopérative avec laquelle on s’engage a un devoir de suivi et d’assistance technique, mais je recommanderais de s’informer avant », suggère le responsable économique. Ses trois recommandations : aller à la rencontre des multiplicateurs, comme ceux des stations FNAMS par exemple ; consulter les itinéraires techniques mis à disposition avec les prix adaptés à chaque type d’exploitation ; et utiliser l’outil de simulation MARGISEM pour évaluer la rentabilité de la production sur la base d’un remplissage de données spécifiques au contexte.

Le coût et les possibilités vont varier selon la variété de semence produite. Les graminées vont nécessiter plus d’investissement en fertilisation et en récolte. Les légumineuses requièrent des dépenses plus importantes en entretien et en protection des cultures. Par exemple, le trèfle violet est régulièrement touché par des attaques d’apions, à traiter avec des insecticides.

Garantir la pureté

« Pour s’assurer de la pureté de sa production, et donc de son revenu, il est essentiel de combiner les leviers agronomiques », déclare l’intervenant de la FNAMS. Il s’agit d’isoler les cultures physiquement, de désherber attentivement, de prévoir des rotations variées, et parfois d’isoler les cultures temporellement. Il arrive que l’on doive attendre quelques années pour éradiquer une maladie ayant un potentiel destructeur sur la semence.