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Les couverts, levier de la transition bas carbone

Plusieurs matériels de destruction des couverts ont été présentés, dont le Roll Krop d‘Actisol, double rouleau muni de lames qui lacèrent les plantes pour favoriser leur décomposition (Photo A.H.).
Plusieurs matériels de destruction des couverts ont été présentés, dont le Roll Krop d‘Actisol, double rouleau muni de lames qui lacèrent les plantes pour favoriser leur décomposition (Photo A.H.).

Le "Carbon Tour" a fait halte sur les terres de la coopérative E MC2, le 21 novembre. L’intérêt des couverts végétaux dans la production bas carbone a été mis en exergue lors de cette journée.

« La production bas carbone, c’est un vrai sujet, encore facultatif mais qui va devenir obligatoire ; nous travaillons pour que ce soit le moins contraignant possible, et que ca vous procure quelques retombées » déclarait Didier Mangeot, élu en charge du dossier carbone à la coopérative lors de la journée « carbone et couverts » organisée, le 21 novembre à Bras-sur-Meuse. Après une matinée consacrée à une visite d’essais de différents types de couverts, et la présentation de matériels pour les détruire, la thématique était centrée sur les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique.

« Le potentiel surtout en grande cultures »

« L’agriculture représente 19 % des émissions de gaz à effet de serre, principalement du protoxyde d’azote (N2O) et du méthane, beaucoup plus réchauffants que le carbone », rappelait Mathias Sexe, directeur agronomie et développement à la coopérative. C’est donc sur la réduction de ces émissions que la coopérative souhaite accompagner les agriculteurs, « en apportant des solutions efficaces, rentables et rémunérées ». L’agriculture doit baisser ses émissions de 20 % d’ici 2030, et de 50 % d’ici 2050. « Cela peut être une opportunité pour l’agriculture, les terres cultivées déstockent plus de carbone qu’elles n’en stockent ; le potentiel se situe surtout en grandes cultures, en particulier avec les couverts végétaux » a expliqué Mathias Sexe.

En 2021, une cinquantaine d’exploitations volontaires se sont engagées dans une démarche bas carbone, à partir d’un diagnostic réalisé avec l’Ademe. La coopérative a choisi d’utiliser la méthode développée par le ministère de l’Agriculture, qui permettra de certifier les projets de baisse d’émissions sur cinq ans, et de les rémunérer via les crédits carbone.

« Après un diagnostic initial, nous menons une réflexion avec l’agriculteur sur les leviers à mettre en place, avec l’objectif que ce soit cohérent économiquement », a expliqué Arnaud Deville, technicien à la coopérative. La situation de départ varie selon les exploitations ; au vu d’un échantillon, le bilan net (émissions moins stockage dans le sol) varie de 0 à 7,6 t équivalent CO2 émises par ha et par an, avec une moyenne d’environ 4 t/ha.

Les couverts, levier efficace

Différents moyens sont mis en place sur les exploitations pour réduire les émissions, qui proviennent surtout des engrais : augmenter la biomasse des intercultures (pour 94 % des exploitations) et leurs surfaces (22 %), intégrer des légumineuses dans la rotation (66 %), augmenter la restitution des résidus de culture (41 %) et l’azote produit par les intercultures (40 %), ou encore réduire la dose d’azote (22 %) et les pertes par volatilisation, pour ne citer que les plus importants.  Avec des coûts qui varient de 26 à 117 euros/ha, pour un potentiel de 0,91 crédit carbone/ha et par an. Les couverts végétaux, qui permettent de capter le carbone de l’air et de le stocker dans le sol, tout en améliorant sa fertilité, apparaissent parmi les leviers les plus efficaces, avec l’intégration de légumineuses ou de prairies dans l’assolement.

Pour rémunérer la baisse des émissions, EMC2 s’est engagée dans « Carbon&co », intermédiaire et mandataire qui réunit 14 coopératives et la société Bioline (filiale d’In Vivo), pour répondre à des appels d’offres d’entreprises souhaitant acheter des crédits carbone pour compenser leurs émissions. Elle a notamment candidaté pour les Jeux olympiques de 2024, a indiqué Mathias Sexe. Elle s’est engagée à ne pas vendre ces crédits à moins de 50 €, et à rémunérer les agriculteurs à hauteur de 35 € (la différence sert à son fonctionnement et à rémunérer les coopératives). Il existe aussi d’autres possibilités pour rémunérer ces efforts, a expliqué Mathias Sexe, notamment des primes de filière, comme le propose la firme Cargill, en échange d’une évolution des pratiques et de la mise en place de couverts.

La coopérative présentait différents couverts végétaux, qui permettent une économie d’engrais. Semés le 5 juillet, ils se sont bien développés à l’automne, comme ce mélange Pro sol azote dont le rendement dépasse 5 tMS/ha, permettant de mobiliser 135 u d’
La coopérative présentait différents couverts végétaux, qui permettent une économie d’engrais. Semés le 5 juillet, ils se sont bien développés à l’automne, comme ce mélange Pro sol azote dont le rendement dépasse 5 tMS/ha, permettant de mobiliser 135 u d’