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Blé, plus de risques d’échaudage à l’avenir

Dans le futur, le gel courant montaison ne devrait plus être un problème, avec une diminution de 60 % du nombre de jours de gel entre les stades épi à 1 cm et floraison. Photo : H.Flamant
Dans le futur, le gel courant montaison ne devrait plus être un problème, avec une diminution de 60 % du nombre de jours de gel entre les stades épi à 1 cm et floraison. Photo : H.Flamant

Arvalis mène des travaux sur l’impact du changement climatique en Lorraine sur le blé.

« Depuis 1987, on voit une rupture dans les données climatiques, avec une accélération de la hausse des températures, explique Benjamin Collin, ingénieur régional grandes cultures pour Arvalis-Institut du végétal. La conséquence est un avancement de la maturité du blé de onze jours sur la période 1988 – 2021 par rapport à la période 1957 – 1987 ». Le nombre de jours de gel entre épi 1 cm et épiaison a diminué de 18% sur ces mêmes périodes : un avantage pour limiter le risque de gel d’épi. « En revanche, le déficit hydrique a augmenté de 88 % sur le cycle du blé, pour une réserve utile de 140 mm », ajoute l’ingénieur. L’impact du changement climatique est donc déjà visible en Lorraine, et l’institut a cherché à prédire de futures évolutions pour le blé.

Onze jours d’avance pour le stade épi 1 cm

Selon le scénario retenu par l'équipe, avec des températures en augmentation et des pluviométries stables, le déficit hydrique pour la plante augmenterait de 20 %. D’autant que les pluies ne seraient pas toujours bien réparties dans l’année, avec des excès d’eau, notamment hivernaux, en hausse de 15 %.

En revanche, la fertilité d’épis resterait stable. « Nous avons pris l’exemple de deux variétés, un Chevignon semé au 1er octobre, et un Filon semé au 20 octobre. Dans les deux cas, le stade épi 1 cm est avancé de onze jours sur la moyenne des années 2029-2058, comparé à la période de référence, 1976 à 2005 », ajoute-t-il. Avec cette avancée de stade, une esquive des températures échaudantes de fin de cycle pourrait être espérée. Toutefois, elle n’est pas envisagée car, si le cycle du blé se décale, l’arrivée des températures échaudantes aussi. « Le risque d’échaudage augmente de 20 % dans ce futur proche par rapport à la période de référence », détaille l’ingénieur.

Peu d'effet de la date de semis 

L’institut technique a modélisé l’impact de différentes dates de semis et précocités variétales, pour réduire l’échaudage du blé. « Sur la période de 1976 à 2005, le blé subissait six jours échaudants. Dans le futur, sur la période 2029 – 2058, il subirait 1,2 jours échaudant de plus. Nous avons étudié des variations de quinze jours, avant et après une date de semis au 1er octobre pour la variété Chevignon. Finalement, faire varier la date de semis sur un mois n’a que peu d’effet pour limiter l’échaudage. En revanche, il est intéressant de noter qu’à l’avenir, on pourra retarder nos dates de semis sans grand impact sur la fin de cycle, ou même le gel à montaison. Cela pourra s’avérer important dans la gestion des bioagresseurs, vulpin et pucerons », indique Benjamin Collin.

De la même façon que la date de semis, la précocité variétale n’influe que peu pour réduire l’échaudage. Les résultats restent aux alentours de 7,2 jours d’échaudage, que ce soit pour Chevignon ou pour Filon, une variété à épiaison précoce semée au 1er octobre. « Si la précocité variétale n’influe pas, en revanche, à l’avenir, la génétique nous aidera à mieux tolérer ces stress. La tolérance variétale a été évaluée comme étant le meilleur levier pour limiter les pertes de rendement face au changement climatique », estime l’ingénieur.