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Virus et varroa au programme de la première journée sanitaire apicole

La première journée sanitaire apicole du Grand Est a été l’occasion de faire le point sur les menaces qui pèsent sur l’abeille domestique. Photo : Arvalis-Institut du végétal
La première journée sanitaire apicole du Grand Est a été l’occasion de faire le point sur les menaces qui pèsent sur l’abeille domestique. Photo : Arvalis-Institut du végétal

Le 15 octobre s’est tenue la première journée sanitaire apicole du Grand-Est, à Villers-lès-Nancy. L’occasion de faire le point sur les virus qui touchent les abeilles domestiques, et un de leur principaux vecteurs : varroa destructor.

C’était une première : le 15 octobre, l’ADA (association pour le développement de l’apiculture) Grand Est, la section apicole de GDS et le GTV Grand-Est ont organisé une journée sanitaire apicole, à Villers-lès-Nancy. 150 apiculteurs, professionnels et amateurs, sont venus échanger autour de la santé des abeilles. 

Anne Bonjour Dalmon, virologue pour l’unité abeilles et environnement de l’Inrae, a brossé le portrait des sept virus principaux de l’abeille domestique, et de leurs conséquences. « Il existe plus de soixante-dix virus de l’abeille, mais tous ne sont pas pathogènes, heureusement ». Parmi les sept virus principaux, « chaque colonie en abrite au minimum un. Il s’agit de virus latents, et tant qu’ils ne dépassent pas un certain seuil de nuisibilité, il y a très peu de symptômes ». Par exemple, en France, le virus des ailes déformés (DWV) serait présent dans près de 90% des colonies.

La prévention avant tout

Il peut être difficile d’identifier les viroses de l’abeille, d’autant que « les analyses virologiques sont chères pour les prendre en charge à l’échelle individuelle », estime la chercheuse. Toutefois, quelques pistes peuvent être explorées en prévention, pour limiter les conséquences. « Il faut faire très attention lors de l’introduction de nouveaux individus dans une colonie, indique Anne Bonjour-Dalmon. C’est le cas pour une nouvelle reine, mais aussi lorsqu’on regroupe des ruches. Idem, pour la multiplication du cheptel, il faut diviser les colonies saines, pas les non-valeurs. En outre, pour éviter des phénomènes de pillage, où des abeilles infectées pilleraient des colonies saines apportant avec elles les viroses, on peut isoler les ruchers hôpitaux. On peut aussi faire confiance aux gardiennes, qui pourront repérer certaines abeilles intruses infectées, et leur interdire l’entrée à la colonie ». 

En attendant les progrès de la sélection, qui pourraient écarter des individus hypersensibles et trouver des résistances aux maladies, Anne Bonjour-Dalmon insiste sur la nécessité « de contrôler varroa, qui est vecteur d’au moins quatre des sept virus majeurs ». Alexis Ballis, conseiller spécialisé apiculture à l’ADA Grand Est rappelle d’ailleurs « qu’au-dessus de trois varroas phorétiques pour cent abeilles avant la dernière miellée, on observe une baisse de production de cinq kilos en moyenne ».

Au sujet de varroa, la société Vetopharma a présenté sa stratégie pour identifier des alternatives à l’amitraze, une molécule utilisée contre l’acarien, mais face à laquelle le parasite commence à développer une résistance. Pour l’instant, quelques pistes semblent prometteuses, mais les recherches seront encore longues avant de pouvoir les commercialiser.