Vous êtes ici

Toulois, du gaz dans la méthanisation

Près de 150 personnes ont suivi les deux heures de conférence, à la salle des adjudications à Toul. Photo : JL.Masson
Près de 150 personnes ont suivi les deux heures de conférence, à la salle des adjudications à Toul. Photo : JL.Masson

La méthanisation suscite le débat dans le Toulois. Plusieurs projets locaux semblent avoir manqué de transparence et ont entraîné la réaction de deux associations.

La Meurthe-et-Moselle comptait, au 1er janvier 2021, 34 sites de méthanisation agricole en fonctionnement. Sept autres projets sont actuellement en instruction, selon l’état des lieux établi par la Chambre départementale d’agriculture.

Sensibilité pas identique partout

La répartition de ces unités n’est pas égale sur tout le territoire. Si le Lunévillois, une partie du Pays-Haut et le nord-Toulois sont déjà bien équipés, le sud-Toulois et le Saintois, notamment, connaissent peu de réalisations concrètes. La sensibilité de la population locale à l’égard de ces installations n’est pas identique partout. C’est principalement dans le nord-Toulois que la contradiction est portée, engendrant un débat des plus vifs.

L’Association du Toulois pour la préservation du cadre de vie (ATPCV) et Taire de Noviant, organisaient, le 20 décembre en soirée, une conférence-débat à la salle des adjudications à Toul, afin de confronter les points de vue. Visiblement le sujet interpelle, près de 150 personnes avaient fait le déplacement. Le président de l’ATPCV, Patrick Bretenoux, a ouvert la discussion en affirmant « son soutien à toute initiative économique acceptable socialement et sur la plan de la citoyenneté ». Il y ajoute des critères environnementaux à respecter. Enfin, il estime que les effets possibles sur les plans individuel et collectif doivent être mesurés, « notre modèle de consommation est à revoir et à relativiser ».

La Chambre d’agriculture conseille en amont des projets et accompagne le déroulement des dossiers, explique Laurent Rouyer, son président. «Notre philosophie de la méthanisation est qu’elle doit s’inscrire dans la continuité de l’activité agricole, en tant qu’atelier supplémentaire énergie». Autrement dit, l’organisme consulaire ne prône pas une méthanisation à tout va, mais au contraire « un modèle vertueux, bien intégré dans les territoires et respectueux des populations locales ».

Une autre voie de petite taille

Le député Dominique Potier, très impliqué sur le sujet, affirme sa conviction « que la méthanisation constitue une solution pour l’agriculture ». Mais il met en garde contre les « dérives » qui se traduisent par « l’accaparement des terres, la consommation de ressources alimentaires et des désordres écologiques ». Le parlementaire en appelle à la mise en place d’un « instrument de régulation ». Sur le territoire du Sud-Toulois et du Saintois, il considère « qu’une autre voie de méthanisation de petite taille » est possible pour valoriser les effluents d’élevage.

« Le problème n’est pas la méthanisation, mais ses excès », lance Emilien Martin, le conseiller départemental de Toul, avant de proposer une structure de concertation entre agriculteurs, acteurs et citoyens. Le président de la FDSEA indique « partager un certain nombre de critiques entendues ». Le syndicalisme met actuellement en place un groupe de travail sur le sujet, avec la Chambre d’agriculture. Luc Barbier veut « faire évoluer le cadre administratif » pour sécuriser les agriculteurs qui se lancent dans ce type de projets, dans la perspective d’améliorer leur revenu.