Vous êtes ici

Sursis pour l'abattoir transfrontalier d'Illange

Reste seulement six semaines pour trouver un peu plus de 2,4 millions d’euros nécessaires au bouclage financier du projet d’abattoir multi-espèces.  Photo : H.Flamant
Reste seulement six semaines pour trouver un peu plus de 2,4 millions d’euros nécessaires au bouclage financier du projet d’abattoir multi-espèces. Photo : H.Flamant

Après le refus de prêt bancaire, les sociétaires de la Scic du Pôle Agroalimentaire Transfrontalier Nord Lorrain se mobilisent. Lors d'une assemblée générale extraordinaire, tenue le 5 octobre à Thionville, ils se sont donnés un délai de six semaines pour sauver le projet d’abattoir multi-espèces.

Née dans l’enthousiasme de l’aboutissement d’un chantier de longue haleine, la Scic du Pôle Agroalimentaire Transfrontalier Nord Lorrain joue aujourd’hui son va-tout. Pour porter le projet d’abattoir de proximité transfrontalier d’Illange, la Scic a vu le jour au printemps 2020. Dès la première assemblée générale, le 30 mars 2022, l’initiative fédérait 160 éleveurs, neuf intercommunalités, deux transfrontaliers et une vingtaine d’autres partenaires. De quoi rassurer, après une petite dizaine d’années de gestation, puisque ce large tour de table garantissait un apport en capital de plus de 900.000 euros, selon le président de la Scic, Norbert Handrick. D’autres éleveurs les ont rejoints depuis.

Pour ce projet de territoire, les collectivités locales ont confirmé leur intérêt, traduisant dans un engagement financier les arguments des discours en faveur de la consommation locale. Les neuf Epci parties prenantes totalisent ainsi 1.310.000 euros d’apports en compte courant d’associé, remboursables, auxquels s’ajoutent les 475.000 euros de la Communauté de Communes de Cattenom et environs.

L’Europe et la Région, elles aussi sollicitées, mettent au pot au travers d’une subvention de 1.878.000 euros. Même le Département de Moselle, dont la capacité d’intervention en matière économique est limitée depuis la loi Notre, a mobilisé une subvention de 150.000 euros.

Douche froide

Après de multiples sollicitations infructueuses, le terrain destiné à porter l’outil, d’une contenance de 2 ha fait partie d’une friche industrielle de 185 ha, située sur un ancien méandre de la Moselle, sur la commune d’Illange, dans la zone Europort. Le permis de construire a été déposé en novembre 2021.

Restait à finaliser l’engagement du pool bancaire constitué pour boucler le financement d’un abattoir multi-espèces de 2.000 m2. On parle ici d’un peu plus de 2,4 millions d’euros.

Crédit Agricole, Banque Populaire Alsace Lorraine Champagne et Caisse d’épargne qui travaillent alors aux termes de base et aux conditions dans lesquelles l’investissement sera consenti demandent la fourniture de tous les devis détaillés. Nous sommes alors en septembre 2022. Les documents seront remis en décembre 2022, avec les hausses inhérentes à ce type de projets passés par la période Covid. Soit une plus-value «à hauteur de 1,4 million d’euros», rapporte Jean-Charles Louis, administrateur de la Scic. «Cette augmentation de l’investissement doit être assuré par les collectivités», explique-t-il. L’emprunt contracté auprès du pool bancaire n’est donc pas revu à la hausse.

Mais le 16 juin 2023, c’est la douche froide.  Le prêt bancaire est refusé. La conséquence est brutale. Sans financement, plus de projet. Norbert Handrick et Jean-Charles Louis ont confirmé, depuis la tribune de l’assemblée générale extraordinaire, le 5 octobre, la dissolution anticipée sous condition.

Mais nombreux vont s’exprimer pour s’octroyer un dernier délai, dans la recherche d’une alternative. Dans cette logique, l’assemblée générale extraordinaire s’est prononcée à l’unanimité pour la dissolution anticipée de la Scic, ainsi que sa mise en liquidation amiable sous condition.

Urgence

En l’absence de financement bancaire de la construction de l’abattoir, cette décision prendra effet le 15 novembre.

Le conseil d’administration se réunira le 15 novembre à effet d’examiner les éventuelles offres de financement qui auront été émises par les établissements financiers. Dans la négative, un liquidateur sera nommé. Quant à la possibilité d’une nouvelle rallonge, Jean-Charles Louis a coupé court, «au-delà de cette échéance, les subventions ne seront plus acquises». Le spectre d’un «énorme gâchis» pour le président Norbert Handrick. Ce dernier formule le souhait que «toutes les forces vives se mobilisent» d’ici cette date butoir, pour sortir de l’ornière.