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Prix de la baguette bloqué chez Leclerc, boulangers et paysans ne veulent pas se faire rouler dans la farine 

Michèle Pilot (conseillère départementale de Toul), Jean-Paul Daul (pdt Chambre des métiers et de la fédération des boulangers 54), Chaynesse Khirouni (pdte Conseil départemental), Jonathan Pochon (patron de la Viennoise) et Dominique Potier (député).
Michèle Pilot (conseillère départementale de Toul), Jean-Paul Daul (pdt Chambre des métiers et de la fédération des boulangers 54), Chaynesse Khirouni (pdte Conseil départemental), Jonathan Pochon (patron de la Viennoise) et Dominique Potier (député).

En Meurthe-et-Moselle, le coup de pub de Michel-Edouard Leclerc sur le prix de la baguette a suscité une réaction de la présidente du Conseil départemental, Chaynesse Khirouni. Elle a voulu répondre à sa manière, en associant la Fédération des boulangers et la Chambre d’agriculture, au cours d’une visite éclair dans une boulangerie et sur une ferme du Toulois. 

Le 17 janvier, peu après 8 heures, la présidente du Conseil départemental, Chaynesse Khirouni, s’est présentée, flanquée du député Dominique Potier, devant la vitrine de la Viennoise, une des rares boulangeries ouvertes le lundi matin, au cœur de la ville de Toul. Là, Jonathan Pochon y a repris une affaire à l’automne dernier, à l’issue d’une reconversion professionnelle. L’entreprise emploie deux vendeuses et quatre boulangers dont deux apprentis. Elle commercialise six cents baguettes au quotidien. Rien à voir pourtant avec celles promues par le grand distributeur.

Jonathan Pochon défend  « un produit de qualité, tout à l’eau, avec du sel biologique et de la farine Label Rouge » des Moulins Foricher qui provient de blés certifiés « culture raisonnée contrôlée » et comprend zéro additif. La fermentation est plus longue et le coût de production impose un prix de vente entre 1 € et 1,10 €.

Le président de la Fédération des boulangers 54, Jean-Paul Daul, décompose le coût de production moyen d’une baguette dans le commerce de détail : 15 à 20 centimes pour les matières premières, 40 à 50 centimes de masse salariale, 10 à 20 centimes pour l’électricité, le loyer et l’emballage. Finalement, la marge dégagée par baguette avoisine les 10 centimes. A l’examen de ces données chiffrées de la profession, « la baguette à 0,29 € masque une véritable catastrophe économique pour les agriculteurs, les artisans et les consommateurs », déplore Chaynesse Khirouni. 

Une valeur qui mérite rémunération 

Pour toucher de près la réalité à l’autre bout de la chaine, celle de l’agriculteur, la délégation s’est ensuite déplacée sur l’exploitation de Laure et Jean-Luc Génin, sise à Barisey-au-Plain, au pays de Colombey-lès-Belles. Une ferme née dans la tradition familiale de la famille de Jean-Luc, sur laquelle la production laitière avait toute sa place. Mais les contraintes toujours plus importantes inhérentes à cet atelier ont conduit le couple à changer d’orientation en 2016. L’opportunité d’agrandir localement leur structure les fait opter pour une dominante grandes cultures sur 250 ha de SCOP, tout en conservant 77 ha de prairies voués à l’engraissement « assez extensif » de mâles Montbéliards vendus à 2,5-3 ans. La fille du couple, Valentine, s’est installée à ses côtés le 1er janvier dernier. 

Jean-Luc Génin explique sa stratégie d’entreprise, pour laquelle il a développé le stockage et de tri des céréales -sous un bâtiment recouvert de panneaux photovoltaïques- pour mieux les valoriser et les vendre dans les meilleures conditions de marché, en empochant les majorations de stockage. Ce qui fournit, à Laurent Rouyer, l’occasion de rappeler les efforts des céréaliculteurs pour livrer des blés de qualité, en respectant la limitation de l’usage des phytosanitaires et en s’inscrivant dans toute une série de filières qualitatives. Une valeur qui mérite rémunération. Le président de la Chambre déplore, lui aussi, la communication de Michel-Edouard Leclerc qu’il juge « démagogique. Cela donne une image assez négative et qui met des doutes chez le consommateur sur cette notion de marge entre une baguette à 0,29 € et une à 1,10 € ». Mais il fonde tout de même quelques espoirs sur le respect de la loi EGALIM2 sensée justement garantir la juste rémunération à chaque stade de la filière. 

Retrouvez l'article complet dans Le Paysan Lorrain du 21 janvier. 

 

 A Barisey-au-Plain, sur l’exploitation de Laure (à gauche), Jean-Luc et Valentine Génin (à droite). Avec Laurent Rouyer (pdt de la Chambre d’agriculture), Chaynesse Khirouni, Jean-Paul Daul, Dominique Potier et Michèle Pilot. Photos : JL.Masson
A Barisey-au-Plain, sur l’exploitation de Laure (à gauche), Jean-Luc et Valentine Génin (à droite). Avec Laurent Rouyer (pdt de la Chambre d’agriculture), Chaynesse Khirouni, Jean-Paul Daul, Dominique Potier et Michèle Pilot. Photos : JL.Masson