« Mieux vaut s’occuper du changement, avant qu’il ne s’occupe de nous ». La formule choc est reprise par Stéphane Amarsy, le conférencier, venu faire prendre de la hauteur aux adhérents de la Coopération Agricole Grand Est. Son thème de prédilection : « Le futur est déjà là ! 100 % IA ».
L’intervenant est cofondateur de Inbox, une société spécialisée dans le marketing relationnel, le Big Data et les algorithmes. Il a fait changer totalement le business model de son entreprise, à la suite d’une réflexion en rupture. Stéphane Amarsy introduit en citant Alvin Toffler « les illettrés du XXIe siècle sont ceux qui ne savent pas apprendre désapprendre et réapprendre »… Traduction : « les limites de l’intelligence artificielle, c’est nous ; tout l’enjeu est de s’ouvrir ».
Problématique de l’arnaque
D’entrée il met en garde son public « ce que vous allez voir n’existe pas ». Et de dialoguer avec son double en interactivité totale. Quinze jours plus tôt une telle prestation coûtait 15.000 dollars. Elle est aujourd’hui accessible pour un abonnement mensuel de 50 dollars. Mais il pose immédiatement la problématique de l’arnaque, dès lors que des avatars s’avèrent capables de donner des ordres à distance, sans garantie que la source soit réellement la personne décisionnaire en responsabilité. « Un conseil, mettez des mots de passe systématiques , notamment pour ce qui concerne la famille ». Le danger : l’IA explique mieux que l’humain. Stéphane Amarsy présente une étude qui conclut que l’association des applications KLARNA et CHATGPT conduit au remplacement de 700 agents dans 2,3 millions de conversations, avec la même satisfaction client et une diminution de 25 % des demandes répétées.
Le propre de l'homme est de simplifier
La toute dernière version de CHATGPT contient du raisonnement mathématique, absent précédemment. Lors de l’olympiade internationale de maths, l’IA est passée de 13 % à 83 % de réponses positives et se révélait « meilleure » que 89 % des humains. Les IA génératives s’illustrent indifféremment dans d’autres examens testés, chez les avocats ou les médecins.
Le propre de l’homme est de simplifier régulièrement, car il ne sait pas opérer la synthèse. Le conférencier suggère de confier à l’IA l’accès à l’information nouvelle, en veillant à ne pas perdre d’expertise, ni à s’appauvrir intellectuellement.
« Nous allons devoir cohabiter »
Après avoir décrypté les sept étapes de CHATGPT, Stéphane Amarsy en imagine les futures : raisonnement mathématique, autonomisation, robotique, frugalité, IA générale… Mais, car il y a un mais, cette montée en puissance comporte des conséquences négatives en termes d’environnement, de mobilisation des terres rares, d’infrastructure de stockage de la Data, d’énergie… Sans compter l’acceptabilité sociale, la régulation ou pas, et les ressources financières çà mobiliser.
Cela dit, le travail va changer, c’est certain. « Nous allons devoir cohabiter ». L’agriculture est concernée à travers la robotique, la météo, la prévention des maladies, la biodynamie… La productivité qui en résulte doit être prise en compte. Mais la dimension la plus importante est celle de la croissance de la proposition de valeur avec l’IA. D’ici 2027, seulement 39 % des emplois dits intellectuels ou de bureau ne seront pas impactés par l’intelligence artificielle, affirme le chercheur. La vitesse de progression est exponentielle. « Hier une tâche qui prenait trois semaines est assurée aujourd’hui en quelques secondes ». Une métamorphose collective surgit. Il s’agit de désapprendre pour devenir acteur du futur, en valorisant les qualités humaines. « Tous les jours, il faut se challenger » conclut Stéphane Amarsy .