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PAI 54 : Passage obligé pour l’agriculture de demain

Gautier Griffaton : «l’importance de bien préparer et d’anticiper l’installation». Photo : Jean-Luc MASSON.
Gautier Griffaton : «l’importance de bien préparer et d’anticiper l’installation». Photo : Jean-Luc MASSON.

Outil professionnel, le Point d’accueil installation départemental se situe au cœur de la problématique du renouvellement des générations en agriculture. En lien avec le Point info transmission. Le défi sera demain de professionnaliser les candidats face aux évolutions du métier.

Gautier Griffaton a été élu président du Point Accueil installation de Meurthe-et-Moselle (PAI 54) le 21 juin, où il succède à Bastien Georges. Originaire d’Hamonville, père de famille, actuellement salarié, il envisage de s’installer agriculteur. Raphaëlle Colbe, trésorière, Julien Genay, secrétaire et Antoine Clavel, vice-président entourent Gautier Griffaton, au sein du bureau du PAI. Louise Lanno, la nouvelle chargée de mission remplace Margaut Vadin.

Certaine attirance vers le monde agricole

Le nouveau responsable a présidé l’assemblée générale de l’association, le jour même de son entrée en fonction. Au cours de l’année 2021, le PAI a honoré 117 rendez-vous et procédé à 58 autodiagnostics. 49 candidats à l’installation ont suivi la formation « relations humaines ». Le PAI a participé au forum départemental à l’installation organisé par JA et a assuré près d’une centaine de rendez-vous téléphoniques. Gautier Griffaton insiste sur l’importance de bien préparer et d’anticiper l’installation. Un enjeu encore plus importants pour les candidats « hors cadre familial » ou « non issus du milieu agricole », pour lesquels l’accompagnement conditionnera la bonne finalisation du projet. Depuis le Covid, une certaine attirance vers le monde agricole est constatée pour des reconversions professionnelles, avec une tendance à voir se présenter des personnes demandeuses d’emploi, ne disposant pas de la capacité agricole. Le niveau de formation le plus rencontré se situe en bac ou BPREA. Le profil des porteurs de projets reste encore majoritairement classé dans les productions de grandes cultures, de lait ou de viande bovine. Mais en 2021, une quinzaine de dossiers ont ciblé le maraîchage sur les 35 installations concrétisées en Meurthe-et-Moselle.

La grosse problématique qui se pose actuellement à la profession est celle du renouvellement des générations. « La moyenne d’âge des actifs est proche de 55 ans, souligne Gautier Griffaton, dans les dix ans, beaucoup de transmission ou de fermes à céder seront à concrétiser. Il nous faut bien prendre en compte la dimension de la tâche ». Le Point Info Transmission (PIT 54) a précisément été institué pour répondre à cet objectif.

Accueil gratuit et confidentiel

Marie-Reine Cornelis, la conseillère spécialisée de la Chambre d’agriculture qui l’anime, confirme les projections établies par une étude DRAAF-MSA « sur la base des installations et départs depuis 10 ans, ainsi que des profils des exploitants au 1er janvier 2019 ». Au 1er janvier 2029, le Grand Est devrait compter 23.000 agriculteurs et 7.000 viticulteurs, soit une diminution de 17 % des chefs d’exploitation. Le PIT constitue un lieu d’accueil gratuit et confidentiel des cédants potentiels. Il les oriente vers les structures partenaires les plus adéquates et assure le suivi dans le temps. Le lien entre le PAI et le PIT est étroit, le maître-mot de la transmission s’intitule « anticipation ». Marie-Reine Cornelis signale l’actuel dispositif soutenu du parcours d’acquisition des compétences en entreprises (PACE) qui permet des formations de trois à six mois. Neuf contrats de ce type ont déjà été signés en Meurthe-et-Moselle.

François-Etienne Mercier, qui a assumé la vice-présidence nationale de JA pendant deux ans, a été un des rédacteurs du rapport d’orientation de JA 2020 sur ce sujet. Près d’un agriculteur sur deux, sur le plan national, envisage de prendre sa retraite entre 2023 et 2027. Le rythme d’installation actuel n’est pas suffisant pour la relève, avec la friche qui menace certains territoires. La plupart des organisations professionnelles ont créé des dispositifs pour répondre à cette préoccupation.

Guichet unique départemental

Mais François-Etienne Mercier a observé que ces dispositifs qui devraient pouvoir s’additionner ne le font pas dans la réalité. « Il faut que l’Etat crée les conditions pour forcer les acteurs à travailler ensemble » suggère-t-il, avant de confirmer l’impérieuse nécessité de lier installation et transmission. Le cheval de bataille de l’élu se situe dans la formation des futurs chefs d’exploitation, afin qu’ils puissent intégrer l’évolution climatique, ainsi que les nouvelles technologies. Un récent rapport du centre d’études du ministère de l’Agriculture recommande la création d’un guichet unique départemental. « JA y est favorable, confirme François-Etienne Mercier, et préconise une structure indépendante : le Point accueil formation installation transmission (PAFIT). « Lorsque l’on interroge les porteurs de projets, ils n’ont pas forcément envie de polyculture-élevage et de gros bovins. Ils ont parfois une préférence pour les petits animaux ou le maraîchage. Il y a ainsi un gros travail à accomplir auprès des cédants, pour transformer l’outil avant ou après la cession ».

Le jeune agriculteur insiste sur la nécessité « que tout le monde travaille ensemble. Il nous faut nous engager collectivement dans la démarche de professionnalisation, en faisant monter en compétences les futurs installés. Le métier connait une profonde évolution qui nécessite une formation tout au long de la carrière ». Le défi est d’inciter le plus grand nombre de cédants à transmettre à des JA. François-Etienne Mercier appelle de ses vœux des « incitations fiscales et sociales. Il nous faut du soutien ».