Vendredi 29 novembre, à l’initiative des Jeunes Agriculteurs du Grand Est et des Fdsea, 300 agriculteurs et 200 tracteurs ont convergé vers Metz pour une démonstration de force et délivrer leurs revendications.
Depuis plusieurs semaines, différentes formes d’actions syndicales s’organisent partout en France, avec en toile de fond des revendications communes. Les agriculteurs veulent avoir du revenu, moins de normes, moins de contrôles et une véritable simplification dans l’exercice de leur profession.
Après un premier coup de semonce organisé au niveau national avec les feux de la colère, les organisateurs de la manifestation du vendredi 29 novembre ont souhaité monter le curseur d’un cran. «Le désarroi est présent partout, dans toutes les productions, et nous avons besoin d’entrevoir des solutions, des avancées, une bouffée d’oxygène», explique Julien Viville, président des Jeunes Agriculteurs de Moselle.
Cette vision est partagée dans tous les départements voisins, comme en témoigne Augustin Wack, secrétaire général de Ja Grand Est qui affirme que «chacun monte des manifestations dans son département, mais il est important d’organiser une action groupée». Avec la participation des réseaux Ja-Fdsea des trois départements de Moselle, Meurthe-et-Moselle et Meuse, plus de 300 agriculteurs et 200 tracteurs s’étaient donnés rendez-vous à Metz pour délivrer plusieurs messages.
Libérons-nous des entraves
Une fois réuni à la Fim, le cortège de tracteurs s’est dirigé vers la préfecture, mais plusieurs escales étaient au programme. Un premier arrêt était organisé à la cité administrative qui abrite notamment la Draaf et la Dreal. À l’aide de quelques bennes de fumier, un message clair a été transmis : «nous devons retrouver nos moyens de production et être libérés de nos entraves, il faut en finir avec des normes toujours plus contraignantes et des textes totalement hors sol comme le septième programme de la Directive nitrates. Le drainage ne doit pas être un sujet non plus, il permet juste de produire, l’accès aux parcelles doit être facilité, d’autant plus avec les impasses techniques auxquelles nous sommes confrontés» explique Augustin Wack.
Une autre étape a eu lieu devant la Msa avec un message clair, «décrochez le téléphone et occupez-vous de nous». Enfin, une dernière action était organisée devant l’Hôtel de ville en réaction à certains mots du maire de Metz à l’encontre des agriculteurs. Qualifiés de “geignards” à l’occasion d’un discours, ils ont souhaité témoigner à François Grosdidier de la grande représentation du monde agricole dans toutes les communes de Moselle en déposant les panneaux de villages ainsi qu’une banderole.
Devant la préfecture, les différents responsables départementaux et régionaux ont pris la parole devant les manifestants accompagnés des représentants de l’État, de la Région et des administrations. Les différents intervenants ont réaffirmé les sujets sur lesquels l’État et les collectivités sont attendus. Les normes franco-françaises, la surcharge administrative, les entraves à la production ont été le dénominateur commun des prises de parole. Au-delà de tous ces sujets, le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs du Grand Est a insisté sur le fait que «la Région doit prévoir un budget agricole fort et ambitieux pour aider les agriculteurs à passer ce cap».
Fabrice Couturier, président de la Frsea a, quant à lui, rappellé les grandes lignes des attentes du monde agricole. «Nous avons besoin d’une vraie volonté politique pour protéger notre agriculture et nous libérer de nos contraintes dans nos moyens de production. Les acquis du printemps s’élèvent à plus de 400 millions d’euros, et ce que nous demandons actuellement représente autant. Mais ce n’est pas tout, pour récupérer du revenu, nous devons aussi être force de proposition afin de diminuer nos charges que d’autres n’ont pas et également travailler à une meilleure répartition de la valeur. C’est un travail à mener rapidement avant les prochaines négociations commerciales».
Aux côtés du monde agricole
Cédric Gouth, vice-président du Conseil régional est intervenu au nom de son président. «La Région est à l’écoute et le restera. Nous devons continuer à dialoguer et travailler ensemble, ce qui permet de mobiliser des enveloppes comme la dernière à destination des jeunes agriculteurs et des agriculteurs en difficulté».
Laurent Touvet, préfet de la Moselle, a clôturé les interventions avec un message d’écoute et de compréhension. Il a exprimé tout le respect que lui inspire le travail des agriculteurs, et a réaffirmé les engagements de l’État, notamment contre le Mercosur ces dernières semaines. Au niveau départemental, il a rappelé que «chaque fois qu’il peut simplifier la vie aux agriculteurs, il agit. Comme ces derniers mois avec le dégrèvement de la Tfnb, les dérogations pour la directive nitrates tant pour les couverts que pour les périodes d’épandage». Il a conclu ses propos en réaffirmant que «l’ensemble des acteurs de l’État sont à l’écoute des besoins du monde agricole».