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Méthaseille à Belleau : quand tout ne se passe pas comme prévu

Les associés de la SAS Méthaseille ont connu de grosses déconvenues. Mais ils ont désormais repris les choses en main. Photo : H.Flamant
Les associés de la SAS Méthaseille ont connu de grosses déconvenues. Mais ils ont désormais repris les choses en main. Photo : H.Flamant

Après plusieurs années de réflexions et dix-huit mois de travaux, l’unité de méthanisation, Méthaseille, portée par neuf agriculteurs, est entrée en fonctionnement au printemps 2020. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.

« Nous avons mis en route le méthaniseur en mai 2020. Au mois d’octobre, nous avons arrêté la production. Nous courrions à la catastrophe », se remémore Gilles Rouyer, agriculteur à Morey (Meurthe-et-Moselle) et président de la SAS Méthaseille.

Pour comprendre la série de dysfonctionnements qui a abouti à l’arrêt du méthaniseur, il faut revenir au début de l’histoire. Ils sont neuf agriculteurs – trois éleveurs laitiers, cinq éleveurs allaitants et un céréalier – installés à Belleau et aux environs, à réfléchir, dès 2011, à construire une unité collective de méthanisation.

Ils s’associent à Papsolar ENR, une filiale de la société de transport Prêt à Partir. Le voyagiste cherche à compenser ses émissions de carbone via la production d’énergie. « Un de nos adhérent avait mis en place des panneaux photovoltaïques, en partenariat avec eux. Et ça s’était bien passé ». Mais construire une unité de méthanisation n’est pas aussi simple que de poser des panneaux photovoltaïques. Les associés s’en rendront compte tardivement.

Ils travaillent donc main dans la main avec Papsolar ENR, qui investit dans le projet, mais décide aussi d’en être le constructeur. Après différentes visites de méthaniseurs, les associés optent pour une unité de 499kWe en cogénération. Ils font le pari d’implanter des cuves inox – plutôt que béton - de 28 m de diamètre et 8 m de hauteur et choisissent un système d’agitation avec bullage. Une parcelle de 5 ha est trouvée entre Morey et Lixières, en bord de route, mais éloignée des habitations.

De multiples dysfonctionnements

Les travaux débutent au cours de l’été 2018. Le méthaniseur est mis en route en mai 2020. « Dès le début nous avons fonctionné avec un canard à trois pattes, analyse Gilles Rouyer. L’agitateur était sous-dimensionné, le système de bullage ne fonctionnait pas. Une croûte a commencé à se former au fond des cuves dès les premiers jours, elle ne s’est jamais résorbée. Et le compresseur a aspiré des saletés ». Au mois d’octobre 2020, les agriculteurs constate une déformation des cuves en inox. « Nous avons arrêté la production avant qu’il n’y ait une catastrophe environnementale. A ce moment-là, il y avait 3 à 3,5 m de croûte au fond des cuves ». Les agriculteurs sortent alors les quelques 2.000 tonnes de matières au moyen d’un bras téléscopique.

Une fois les cuves vidées, vient le temps des constats. Le système d’agitation n’est pas le seul problème. Gilles Rouyer cite quelques malfaçons : « Le réseau enterré n’était pas judicieux, ils n’ont pas utilisé les bons codes couleurs pour les tuyaux, au niveau de l’incorporation tout n’a pas été optimisé, et ils n’avaient pas prévu de torchère. Et puis, les matériaux utilisés n’étaient pas de qualité ».

Les agriculteurs reprennent alors les choses en main. « Nous avons fait le tri dans les fournisseurs. Nous avons privilégié les entreprises locales. Nous avons tout refait, comme ça aurait dû être fait dès le départ ». .Le méthaniseur a finalement pu être remis en route au printemps 2021. Si le groupe Prêt-à-Partir a causé des torts aux agriculteurs associés, « c’est aussi grâce à François Piot, le président, que nous avons pu nous en sortir. Il a réinjecté plusieurs milliers d’euros et nous a fait confiance pour remettre la méthanisation en état », reconnaît l’agriculteur de Morey.