Établissements scolaires partie prenante du service public de l'enseignement agricole, les MFR proposent des formations par alternance à tous les niveaux, de la 4ème au master. Elles se caractérisent par une approche éducative originale et une pédagogie basée sur l’alternance. Découverte avec Daniel Gillet, directeur du réseau MFR du Grand Est.
Créées à la fin des années 30, les Maisons Familiales et Rurales tirent leur originalité de leurs implantations en milieu rural et des formations réalisées 100 % en alternance ou en apprentissage, « de la 4ème au niveau licence, dans le Grand Est, mais, en France, certaines MFR proposent des formations jusqu’au Master », introduit Daniel Gillet. « Nous étions précurseurs, aujourd’hui nombreux sont les établissements d’enseignement à développer l’alternance », poursuit le directeur du réseau MFR en Grand Est. Autre particularité : « la scolarisation se fait, dans 90 % des cas, en internat. Et c’est une des forces de notre fonctionnement ».
La région compte 17 MFR et un centre de qualification professionnelle répartis sur cinq départements (Meuse, Vosges, Haute-Marne, Marne et Ardennes), « et on dénombre 430 MFR en France et plus de 1000 dans le monde », précise Daniel Gillet.
A l’écoute du terrain
Les MFR du Grand Est accueillent en moyenne 2.300 jeunes en formation initiale par an et assurent 80.000 heures de formation continue. « Malgré la conjoncture démographique, surtout dans des départements comme la Meuse, la Haute-Marne ou les Ardennes, nos effectifs se maintiennent, voire ont légèrement augmenté, se félicite Daniel Gillet. Ceux qui viennent chez nous font le choix. On recrute des élèves qui viennent de plus en plus loin ».
« Les élèves de 4ème et de 3ème suivent également leur scolarisation en alternance. Les périodes en entreprises visent à leur faire découvrir des secteurs professionnels variés », indique Daniel Gillet. Et ainsi les orienter au mieux pour la suite de leur cursus, vers un CAP, un bac général, professionnel ou technologique jusqu’au BTS.
Certains parcours sont aussi proposés en formation continue, dans le cadre du perfectionnement des compétences pour les salariés, de reconversions ou de réinsertions, « ou d’appels à projet dans le cadre du plan régional de formation. Notre philosophie est l’évolution grâce à la formation, y compris pour nos salariés ».
Les MFR sont à l’écoute du terrain et en phase avec les réalités des territoires. « Chaque demande d’ouverture de nouvelle formation résulte de la demande des professionnels ». Les deux dernières formations à avoir vu le jour dans le réseau Grand Est sont le CAP de palefrenier-soigneur et le BTS de Gestion et Protection de la Nature, cite le directeur.
Multiplier les expériences
Daniel Gillet met en avant la pédagogie des MFR, basée sur l’alternance : les élèves partagent leur temps entre l’entreprise, la formation et la dynamique de groupe. Les échanges entre les parents, l’entreprise et l’équipe pédagogique sont réguliers. « Il y a un vrai suivi de l’élève, les jeunes sont connus au sein de la structure, les familles ont un référent ». Résultat : « Nous enregistrons moins de 3 % de casse de contrat d’alternance, contre plus de 30 % pour la moyenne régionale ».
Autre particularité du dispositif : la diversité des expériences. « Par exemple, en bac pro agricole, sur trois ans, les élèves fréquentent au moins six exploitations différentes, ils réalisent un stage en Erasmus, un stage dans une autre région, dans une autre production et dans une organisation professionnelle agricole. Ce fonctionnement leur permet de découvrir la diversité des systèmes. Notre philosophie est d’amener les jeunes à se poser des questions ». Pour assurer l’accueil en entreprise, les MFR disposent d’un réseau de 5.000 structures employeurs sur le Grand Est « et au-delà ».
Les élèves sont également incités à prendre des responsabilités. « Par exemple, ils doivent mettre en œuvre un projet (collecte de ferraille, embellissement d’un village...) pour financer leur voyage scolaire. Notre philosophie : entreprendre pour apprendre ». Récemment, le réseau a créé un conseil d’administration des jeunes du Grand Est. « Les jeunes ont des idées, il faut leur laisser la parole ».
Proximité, communication régulière et démarche d’engagement : « on place l’approche éducative avant la formation ».