Dans le nord de la Meurthe-et-Moselle, les associés de Lixières Biogaz ont installé une cuve de stockage déportée à cinq kilomètres du site principal, au milieu de 200 ha de terres cultivées. L’idée : stocker le digestat au plus près des zones d’épandage, éviter les allers retours de véhicules pendant ces chantiers et installer un système d’épandage sans tonne.
A Fléville-Lixières, dans le Pays Haut meurthe-et-mosellan, la réflexion pour installer une unité de méthanisation est partie d’une problématique agronomique. « Je cherchais un moyen de gérer le vulpin sur mes parcelles », raconte Cédric Brodier, associé de l’unité de méthanisation Lixières Biogaz, et agriculteur à Fléville Lixières. Ce céréalier avait, au départ, une rotation classique colza / blé / orge. « J’ai ensuite remplacé l’orge d’hiver par de l’orge de printemps, pour casser les cycles du vulpin, puis j’ai intégré du maïs grain dans la rotation. Cependant, malgré ces deux cultures de printemps, cela ne suffisait pas », ajoute-t-il.
Alors, lorsqu’est évoquée l’éventuelle interdiction du Fosburi sur sol drainé, l’agriculteur cherche une autre solution. « En 2019, je me suis intéressé sérieusement à la méthanisation. J’ai intégré du seigle à ma rotation, que j’ensile vers le 15 mai. Cela nettoie bien les parcelles, nécessite peu d’intrants, d’autant qu’il est récolté avant l’épiaison du vulpin. De plus, le seigle est une culture d’hiver, plus sûre que le maïs », explique Cédric Brodier.
Avant de lancer son projet, le céréalier se tourne vers ses voisins éleveurs, pour une potentielle association. Delphine Ravel, éleveuse à Les Baroches (54) s’associe au projet. Les autres éleveurs, tous dans un rayon de 7 km, participent au projet en tant qu’apporteurs de fumier et lisier. Ils récupèrent ensuite du digestat solide ou liquide. Christophe Sailliet Monce, salarié sur l’exploitation de Cédric Brodier, est également associé au capital de la société.
Epandage sans tonne
Après quelques mois de retard dû à la pandémie, les travaux de l’unité de méthanisation commencent en juin 2020, et le 15 juin 2021, l’unité peut injecter dans le réseau GRDF, à destination de la ville de Briey.
Pour produire ce biogaz, l’unité de méthanisation est composée de trois cuves, toutes couvertes de ciels gazeux. Le volume du digesteur comme du post-digesteur est de 4000 m3. Celui de la cuve de stockage est de 7000 m3. Particularité de Lixières Biogaz : les associés se sont dotés d’une cuve de stockage déporté, de 6000 m3, à cinq kilomètres de l’unité de méthanisation. « Elle est sur un site où j’exploite 200 hectares de cultures, sur un parcellaire assez groupé », explique Cédric Brodier.
Ainsi, l’hiver, le digestat est transporté d’un site à l’autre. « C’est plus pratique de stocker là où nous épandons, ajoute l’agriculteur. De plus, nous pouvons effectuer les allers retours à notre rythme, et engendrer moins de nuisances pour les riverains. En effet, épandre 1000 m3 de digestat, cela représente 40 allers-retours de véhicules, sur une période restreinte ».
Les associés de Lixières Biogaz se sont également équipés d’un système d’épandage sans tonne, sur le site de Fléville-Lixières, qu’ils déplacent sur celui du stockage déporté. « Nous pouvons épandre sur près de 400 ha de cette manière. Cela représente presque la moitié des surfaces sur lesquelles nous épandons, indique Delphine Ravel. Pour les autres parcelles, plus éloignées, nous faisons appel à un prestataire, qui épand avec un automoteur. Cela a l’avantage de pouvoir lancer deux chantiers d’épandage en même temps. Cette souplesse est parfois utile, car les fenêtres météo propices à l’épandage du digestat sont parfois réduites ».