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Les cinq axes d’un programme stratégique pour la SAFER Grand Est

Stéphane Martin , directeur général, Thierry Bussy, président de la SAFER Grand Est et Laurent Wendlinger, président de la Commission agriculture de la Région Grand Est.
Stéphane Martin , directeur général, Thierry Bussy, président de la SAFER Grand Est et Laurent Wendlinger, président de la Commission agriculture de la Région Grand Est.

Le grand dossier 2021 de la SAFER Grand Est aura été l’élaboration du programme pluriannuel d’activités de la SAFER (PPAS) pour la période 2022-2028. Détails autour d’une table ronde, lors de l’assemblée générale.

L’abbaye des Prémontrés, à Pont-à-Mousson, a servi de cadre à l’assemblée générale de la SAFER Grand Est, le 2 juin. Le président de la société s’est félicité de la promulgation de la loi Sempastous. Ce texte missionne les SAFER pour donner un avis aux préfets sur les transmissions de sociétés agricoles et viticoles, dans le but de mieux réguler la cession de terres, en l’orientant davantage vers l’installation.

Priorité au renouvellement des générations

Thierry Bussy assume ce rôle nouveau en respectant les trois principes de « transparence, contrôle, orientation », considérant toutefois qu’il ne s’agit que d’une première étape. Et qu’il faudra aller plus loin pour assurer le renouvellement des générations.   

Le grand dossier stratégique des derniers mois aura été l’élaboration du programme pluriannuel d’activités de la SAFER (PPAS) pour la période 2022-2028, pensé autour de cinq thématiques. Celles-ci ont été analysées lors d’une table ronde. La priorité numéro un porte sur le renouvellement des générations. Un impératif pour Xavier Lerond, le président de la Chambre d’agriculture de Moselle qui déplore que seulement un tiers des exploitants en retraite trouve un successeur. « Il nous faut chercher des candidats en dehors de nos pairs, en disant collectivement que l’agriculture est un beau métier, rémunérateur, avec des perspectives d’assise économique viable dans les territoires ».

Laurent Wendlinger, le président de la commission agricole du Conseil régional, veut rester optimiste et préconise des solutions innovantes, pour permettre l’arrivée de candidats hors cadre familial. « L’idée serait de créer une pépinière d’entreprises pour accueillir le porteur de projet afin d’affiner l’installation » propose-t-il. Autre suggestion : que les citoyens habitants de la région souscrivent des parts de GFA pour porter le foncier à l’installation. Thierry Bussy appelle de ses vœux une loi foncière « avec des actions en faveur des cédants, pas forcément coûteuses pour l’Etat ».  

Réforme de la DJA

Le deuxième axe du PPAS se situe dans la prise en compte de la souveraineté alimentaire, la résilience agricole, la variété des productions et des filières, ainsi que l’aménagement parcellaire. « Cela passe par le maintien d’exploitations nombreuses et diversifiées » insiste Thierry Bussy. Laurent Wendlinger choisit ce moment pour annoncer la réforme de la Dotation Jeune Agriculteur (DJA), à partir de 2023, la Région devenant à cette échéance, le « chef de file de l’installation ». Le mot d’ordre est la simplification avec une aide forfaitaire de 20.000 € ; un complément formation de 3.000 € ; un plus de 10.000 €, en fonction de la spécialisation en élevage et un supplément montagne à 11.000 €.

La valorisation des forêts constitue la troisième piste du chantier. « Nous avons un travail gigantesque  pour favoriser le regroupement parcellaire, pour une meilleure gestion de la ressource bois et accompagner la transmission de massifs », assure Thierry Bussy. Lequel verrait bien une taxe appelée auprès des propriétaires, histoire parfois de leur rappeler qu’ils le sont…

Le quatrième angle d’approche est celui de la préservation de l’eau, de la biodiversité et des paysages. « L’enjeu transversal de l’environnement doit être abordé plus en amont » lance Thierry Bussy, en reconnaissant qu’il est « le plus difficile du PPAS ». Alain Salvy, le président du Conservatoire des sites naturels de Lorraine, reconnaît que « la prise de conscience est indéniable. Nous avons souhaité nous inscrire dans le jeu des pratiques agricoles ».

Dernier élément dans  le fil conducteur de la SAFER : la réhabilitation des bâtiments ruraux et l’accompagnement des collectivités dans leurs projets de développement en réduisant l’artificialisation des sols. Beaucoup d’élus ruraux ne sont plus issus du monde agricole, regrette Thierry Bussy, prêt à leur apporter le service d’ingénierie. Laurent Wendlinger acquiesce à la demande d’un « guichet unique des collectivités ».