Le syndicat des grandes cultures veut rendre de la souplesse et de l’adaptabilité aux exploitations spécialisées. Cela passe par l’anticipation et la confortation de leur économie, le pilotage d’un outil de gestion des risques et la sécurisation des aides PAC. Tout en préservant la valeur de la production. Forum en Grand Est.
Dans son annuelle tournée des régions, l’Association Générale des Producteurs de Blé (AGPB) s’est posée à Nancy-Laxou, le 20 janvier, l’occasion du « forum céréalier Grand Est ». Un rendez-vous « syndical » pour cette filière régionale, au cours duquel, le président de la FRSEA, Hervé Lapie, a, d’entrée, marqué sa volonté « de ne pas baisser la garde sur la production ». Une sorte d’évidence battue en brèche, il fut un temps, mais soudainement réapparue au premier plan, sous le hurlement des sirènes venues d’Ukraine… Où la question de la souveraineté alimentaire de la planète se reposait, comme dans l’ancien monde.
« Capturer de la valeur ajoutée, en conservant des capacités de production et de transformation, pour stabiliser le pays, sans fermer la porte à l’exportation vers des pays dans le besoin, notre métier se tourne aussi vers le bien commun », argumente Hervé Lapie. « Le chef d’entreprise doit se révéler gestionnaire, en misant sur l’épargne de précaution, en adoptant une assurance de gestion des risques et en pariant sur les nouveaux outils carbone », poursuit le leader syndical.
Déduction de l’épargne de précaution
Une introduction qui cadrait parfaitement avec le conducteur de séance de Philippe Heusele, le secrétaire général de l’AGPB, exploitant en Seine-et-Marne. Ce que l’association spécialisée préconise, c’est « aller vers plus d’agilité de l’entreprise céréalière ». Une sorte de pyramide à trois étages qui constituent les trois axes de son action. Le premier étage est l’épargne de précaution « outil que nous avons promu de longue date, qui a trouvé tout son intérêt l’année écoulée » se réjouit le numéro 2 des céréaliers.
2022 s’est traduite par une flambée des prix et des charges inédite. La moyenne des charges sur la période 2017-2021, évaluée à 1.540 €/ha de blé, dépasserait les 1.900 € en 2022, avec une projection largement au-dessus de 2.000 € en 2023. L’enjeu est d’anticiper sur l’effet ciseau : un prix élevé qui devrait compenser la hausse du coût de production 2022 qui va se poursuivre en 2023, mais qui pourrait se refermer. L’AGPB a développé un outil d’aide à la décision adapté « Impactcharges », accessible sur le site internet d’Arvalis.
Concernant la déduction pour épargne de précaution (DEP), « nous avons obtenu la prorogation jusqu’en 2025 de la DEP assouplie en 2019 » résume le secrétaire général adjoint, François Jacques. Avant de développer d’autres propositions : « une augmentation du plafond de la DEP, pour inciter à la contractualisation pluriannuelle entre cultivateurs et éleveurs ; augmenter les seuils des plus-values pour tenir compte des hausses de prix du matériel et de la forte fluctuation de chiffre d’affaires ».
Le deuxième étage, le pilotage de la gestion des risques, s’inscrit dans la réforme « qui s’imposait » de l’assurance climatique. La sécurisation des aides PAC constitue le troisième étage de la fusée.