En clôture de l’assemblée générale de la FDSEA 54, le 17 mars, Luc Smessaert (FNSEA), Claude Vivenot (Crédit Agricole Lorraine) et Gilles Caumont (Medef 54) ont échangé sur l'avenir de l'agriculture à horizon 2030. Adapter, communiquer, transmettre sont quelques-unes des pistes de réflexions. Extrait.
Quelles fermes en 2030 avec quels agriculteurs ? C’est à cette grande question qu’ont tenté de répondre les invités à la table ronde qui clôturait les travaux de l’assemblée générale de la FDSEA 54, et animée par Hélène Hertgen, référente syndicale FNSEA. Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA et président de la Commission fiscale, Claude Vivenot, président du Crédit Agricole Lorraine et trésorier de la Caisse nationale, et Gilles Caumont, président du Medef 54 ont échangé sur les incidences différentes crises subies depuis cinq ans - entre le covid, la guerre en Ukraine et les aléas climatiques.
Les intervenants s’accordent sur le besoin, encore plus prégnant aujourd’hui, de donner de la visibilité au milieu agricole. Claude Vivenot insiste sur la nécessité « d’avoir des tableaux de bord régulièrement réactualisés. Il faut aussi que l’agriculteur ait une meilleure maîtrise de ses coûts de production ». Gilles Caumont a pointé les similitudes entre les entrepreneurs et les exploitants agricoles. « Les crises ont mis en exergue la résilience du modèle entrepreneurial. Aujourd’hui, la compétence métier ne suffit plus. L’entrepreneur doit raisonner à 360 degrés ».
« Il n’y a pas pire pour un entrepreneur que d’être dans le brouillard, c’est pourquoi nous interpellons régulièrement les politiques sur la nécessité de donner de la visibilité à notre métier. Je suis persuadé que l’agriculture n’a jamais eu autant d’avenir, entre la souveraineté alimentaire et énergétique, et les attentes sociétales », appuie Luc Smessaert.
Des outils pour la transmission
« Résilience et adaptation sont indispensables », résume le vice-président de la FNSEA. Face aux aléas climatiques et de marchés, Claude Vivenot rappelle l’existence d’outils tels que le dispositif d’épargne de précaution et l’assurance récolte.
Le débat n'a pas omis la question du renouvellement des générations alors que 50 % des chefs d’exploitations seront en retraite d’ici dix ans. « Nous devons accompagner la transmission en faveur des jeunes par des mesures fiscales et sociales, nous avons aussi besoin de et besoin aussi de solutions sur le portage foncier et le portage de capital », estime Luc Smessaert, qui insiste, par ailleurs, sur le besoin de formation, initiale ou continue, axée sur la gestion de l’exploitation agricole mais aussi sur les ressources humaines.
Pour Gilles Caumont, les nouvelles technologies seront aussi une des clés de l’agriculture de 2030. Et pour Claude Vivenot, énergies et carbone sont des opportunités pour l’agriculture. Il met toutefois en garde : « il faut une démarche pour réduire les gaz à effet de serre sans amoindrir la performance économique des exploitations agricoles ».
S’adapter et communiquer
Il est revenu à Antoine Clavel, la lourde tâche de synthétiser les propos des intervenants et de répondre à la question posée en préambule : "quelles fermes en 2030 avec quels agriculteurs ?". Pour le président des Jeunes Agriculteurs 54, « l’agriculteur de 2030 devra préserver le modèle d’agriculture familiale » mais aussi « rester maître de ses outils de production » et de sa communication. « Donner une image positive du métier auprès de la société permettra aussi d’attirer les jeunes dans le métier », soutient le président des JA 54.
L’agriculteur de 2030 devra aussi s’adapter. « On ne vit par une époque de changements mais un changement d’époque. Nous devons adapter nos productions, nos outils de production et il nous faut savoir saisir les opportunités (énergie, carbone, méthanisation…). L’agriculteur de 2030 devra être plus qu’un producteur de lait, de viande, de céréales. L’agriculteur de 2030 est prêt à relever les défis mais il faut lui donner les moyens », conclut Antoine Clavel.