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La méthanisation dans le mix énergétique 

Laurent Rouyer (Chambre d’agriculture 54) ; Sébastien Loriette (commission économie et emploi Ceser) ; Yves Leroux (enseignant Ensaia) ; Dominique Potier (député) et Christophe Reif (Ademe Grand Est).  Photo : JL.Masson
Laurent Rouyer (Chambre d’agriculture 54) ; Sébastien Loriette (commission économie et emploi Ceser) ; Yves Leroux (enseignant Ensaia) ; Dominique Potier (député) et Christophe Reif (Ademe Grand Est). Photo : JL.Masson

Le sénateur Daniel Salmon, rapporteur de la mission parlementaire sur la méthanisation, est descendu en Meurthe-et-Moselle, pour une journée d’information aux élus et aux agriculteurs. Les acteurs locaux du dossier ont participé à une table ronde. 

Début 2021, une mission d’information parlementaire transpartisane était lancée autour du thème de la « méthanisation dans le mix énergétique : enjeux et impacts ». Elle a mené un travail de fond, aboutissant à proposer « un modèle français », en la matière, supposé vertueux et ancré dans les territoires.  

Externalités positives et négatives 

Daniel Salmon, sénateur Europe Ecologie les Verts d’Ille-et-Vilaine, et rapporteur de cette mission, est venu présenter les conclusions de ce travail dans le Blâmontois, le 12 janvier. Sous la houlette de Marie-Claude Briet-Clemont, la présidente du CESER Grand Est, l’assemblée socio-économique consultative, et à l’invitation du sénateur Olivier Jacquin. Une journée nourrie qui a débuté par une visite du site Epidorénergie d’Autrepierre et qui s’est poursuivie par une table-ronde, à la salle polyvalente d’Amenoncourt. Les  deux instigateurs de cet évènement l’ont placé dans le cadre « d’objectifs partagés d’innovation technologique et d’éthique, pour une acceptabilité sociale, dans le cadre du vivre ensemble ». 

Après un rappel de la consommation de gaz naturel dans l’Hexagone, largement tributaire des importations, Daniel Salmon argumente sur les capacités de valorisation du biogaz, en injection, en électricité ou en chaleur. 1.310 installations étaient répertoriées début 2022, dont 362 en injection directe. Il pointe la croissance exponentielle de la production de biogaz, passée de 1 TWh (térawatt heure) en 2007 à 7 TWh en 2019. Le rapporteur liste, à la fois, les externalités positives et négatives, mises en exergue, qui par les défenseurs, qui par les opposants à la méthanisation. Son acceptabilité peut être contrariée dans les territoires par les riverains qui relèvent des nuisances d’odeurs, de transports ou pour le paysage ; et à l’intérieur du monde agricole qui s’interroge sur l’impact technique du digestat, la déstabilisation de l’élevage, sans compter les problématiques du foncier et de la transmission. 

« Codigestion territoriale » 

Parmi les 61 propositions formulées par le rapport, Daniel Salmon va à l’essentiel. L’intérêt du biogaz doit être reconnu, dans le cadre de l’équilibre du mix énergétique. « Il faut éviter un scénario tout biogaz à l’Allemande, et privilégier un essor réfléchi, maîtrisé, équilibré et progressif ». L’objectif de 10 % de gaz renouvelable d’ici 2030 mérite d’être revu à la hausse dans la future loi sur l’énergie. La « co-digestion territoriale » est préconisée pour conduire à la valorisation des biodéchets des collectivités, des citoyens et des entreprises, au côté de ceux de l’agriculture.  

Daniel Salmon priorise ensuite des actions facilitatrices : « utiliser la biogaz pour la décarbonation des transports lourds de marchandises ; renforcer l’information des élus locaux ; favoriser l’ancrage territorial ; poursuivre l’acquisition des connaissances sur l’impact agronomique du digestat ; distance maximale de parcours des intrants ; renforcer la concertation locale… ».  

Le parlementaire définit « les conditions d’une méthanisation réellement bénéfique ». Elle passe par une intégration dans un modèle agricole global et durable qui suppose une planification des objectifs, la suppression des engrais de synthèse et de leur importation, et donc des unités de production à la dimension des territoires. Un approfondissement des études est requis sur la valeur du digestat et l’analyse du cycle de vie pour le bilan carbone. Et la concertation locale doit être parfaite, au carrefour d’un dialogue entre citoyens, collectivités et porteurs de projet. Enfin, la prévention des risques, assortie du contrôle, apporte des garanties supplémentaires.