
L’omniprésence du numérique et l’intelligence artificielle étaient au cœur de la conférence de Stéphane Mallard, qui analyse le monde avec un regard original et avant-gardiste.
Stéphane Mallard est entrepreneur, expert en évolutions numériques. Comme le décrit son site internet, il propose des «conférences inspirantes qui bousculent». Cet avant-gardiste était invité, lors de l’assemblée générale de CerFrance Adheo, jeudi 4 mai à Verdun, à décrypter les enjeux de notre société face au numérique, et l’impact de l’intelligence artificielle sur le monde de demain.
«On a beaucoup parlé d’évolution numérique, mais moi je préfère parler de disruption. Tout est disruptable et tout doit être disrupté» souligne-t-il d’emblée en s’adressant à la salle captive. Ce terme, généralement employé dans le milieu économique, annonce une rupture ou une transformation de certains marchés en utilisant les outils numériques. Plus globalement, c’est une remise en question des conventions et des systèmes. Forcer la disparition de l’ancien monde, pour en faire émerger un nouveau. «Avec l’intelligence artificielle, c’est simple et facile. Cette nouvelle période est en train de s’imposer rapidement» poursuit-il. Cette forme d’intelligence est devenue une réalité actuelle, comme avec ChatGPT, le générateur de texte par intelligence artificielle.
«Nourrir les algorithmes»
Mais qu’est-ce que l’intelligence ? Stéphane Mallard en donne sa propre définition : pouvoir atteindre un objectif en le décomposant en étapes. Il explique que les deux objectifs des êtres vivants sont de survivre et de se reproduire. à partir de là, chaque donnée est modélisée pour «nourrir des algorithmes» et «atteindre des objectifs de plus en plus complexes» en franchissant les étapes et en multipliant les essais. La machine rattrape l’expert, puis le dépasse. Elle devient plus rapide que le cerveau humain, «dans le monde dans lequel on entre, l’intelligence artificielle s’adapte à vous et non l’inverse».
Il imagine que, demain, chacun va «avoir un assistant personnel, une copie de soi en version numérique». Sa pensée l’entraine jusqu’à «un écosystème de majordomes artificiels» communiquant directement entre eux.
Les algorithmes vont devenir experts et «l’intelligence ne sera plus un facteur différenciant. Ce sont les qualités humaines qui vont créer de la valeur».
Casser un système qui paraissait établi
Cette révolution va toucher le monde du travail. Et chaque entreprise doit s’interroger sur sa valeur ajoutée. Si l’émergence de l’intelligence artificielle la fait disparaître, alors il faut la déplacer, «c’est une montée en gamme en matière d’expérience» appuie-t-il. Il prend pour exemple la société Netflix qui a su casser un système qui paraissait établi avec des services innovants, «en passant d’un système d’envoi de DVD par la poste à une plateforme de streaming» ; pensant que leur «prochaine disruption est l’éducation» avec une approche différente des méthodes traditionnelles.
Les entreprises doivent se réinventer, même en matière de salariat. «Les gens les plus compétents ont intérêt à sortir du salariat pour être indépendants et contractualisés» conseille l’expert pour qui «la clef du monde de demain, c’est la prise de risques».