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Gènes Diffusion vise la Génétique Haute Performance

« C’est important d’avoir une respectabilité économique qui rend la structure crédible aux yeux des banques », explique Claude Grenier, directeur du groupe Gènes Diffusion (à droite), aux côtés de son président Alain Guillaume. Photo : Agathe LEGENDRE.
« C’est important d’avoir une respectabilité économique qui rend la structure crédible aux yeux des banques », explique Claude Grenier, directeur du groupe Gènes Diffusion (à droite), aux côtés de son président Alain Guillaume. Photo : Agathe LEGENDRE.

Les adhérents de la section meurthe-et-mosellane de Gènes Diffusion ont pu se retrouver, en présentiel pour la première fois depuis 2019, pour leur assemblée générale. L’occasion de faire le point sur les comptes de la coopérative, mais également sur GHP, un nouveau programme génétique pour des index personnalisés à la vache.

Après deux années en distanciel, l’assemblée de la section meurthe-et-mosellane de Gènes Diffusion a pu se dérouler en présentiel, le 24 mai, dans les locaux de la coopérative à Laneuveville-devant-Nancy. L’occasion de présenter aux adhérents Claude Grenier, qui a pris la suite François Desmond à la direction du groupe Gènes Diffusion, le 1er juillet 2020, en pleine pandémie.  Son objectif : redresser le bilan économique du groupe, afin de « se positionner comme un acteur économique viable, d’avoir une respectabilité économique qui rend la structure crédible aux yeux des banques, pour réinvestir, mais aussi des salariés, en poste et futurs », détaille le directeur. Et cela semble bien parti. Les comptes consolidés de la coopérative d’insémination (CIA Gènes Diffusion) font état d’un résultat net de deux millions d’euros, alors qu’il était négatif (- 1,46 million d’euros) en 2018. Une partie de ce résultat, un peu plus de 500.000 euros, sera reversé aux adhérents, sous forme de ristourne, à hauteur de « 9 % de remises sur les IAP (inséminations premières) ou 2€ par IAP », explique le Claude Grenier. Une autre partie servira à verser une prime d’intéressement aux salariés. « C’est une forme de reconnaissance du travail accompli par nos équipes », indique Alain Guillaume, président de Gènes Diffusion.   

Réduire les charges

L’augmentation du résultat net, ces dernières années, s’explique notamment par une réduction des charges de la coopérative. « Nous avons œuvré pour diminuer les charges, à hauteur d’environ deux millions d’euros, détaille le directeur. Il semble compliqué de les réduire encore. Dans le même temps, les produits restent stables, car le nombre d’adhérents diminue, en lien avec une diminution du nombre d’élevages en France ». En effet, le nombre d’adhérents actifs, c’est-à-dire auxquels des prestations sont facturées dans l’année, a reculé de 20 % depuis 2015. Entre 2020 et 2021, la baisse est cependant plus relative, avec seulement soixante et onze adhérents de moins, à 5.743 adhérents pour la France. En Meurthe-et-Moselle, la section comptait 663 adhérents actifs en 2021, pour 29.397 IAP lait et 8.146 IAP viande. Un ratio un peu plus favorable pour les IAP viande que dans le reste de la coopérative, qui a réalisé, au total, en 2021, 231 909 IAP lait et 43 254 IAP viande. Le nombre d’IAP diminue, dans le sillon de l’érosion du nombre d’adhérents. Dans ce contexte, « C’est un défi de relancer la croissance de notre chiffres d’affaires, en proposant de nouveaux services », estime Claude Grenier. Un défi que Gènes Diffusion s’emploie à relever, avec notamment le lancement, en 2021, du programme GHP, pour Génétique Haute Performance.

Des index personnalisés

Ce programme, qui s’adresse aux éleveurs de vaches Holstein, et qui compte aujourd’hui une centaine d’adhérents, s’engage à proposer des taureaux aux index personnalisés, pour chaque vache. Il se base sur trois prérequis : le génotypage de l’ensemble du troupeau, l’inscription au contrôle de performances, mais aussi l’analyse du microbiote intestinal des vaches. Pour réaliser cette analyse, les équipes de Gènes Diffusion réalisent des prélèvements sur dix vaches du troupeau, représentatives de dix sous-groupes génétiques, formés à partir de l’analyse des génotypes du troupeau. Une fois les prélèvements réalisés, les données génotypiques, microbiotiques, et de contrôle de performance, sont croisées et analysées par un algorithme d’intelligence artificielle. Cet algorithme ajustera les index génétiques des taureaux Holstein, afin de proposer celui qui conviendrait le mieux à chaque vache du troupeau. Six index seront corrigés : lait (quantité de lait), TB (taux butyreux), TP (taux protéique vrai), MG (quantité de matière grasse), MP (quantité de matières protéiques) et CEL (comptage cellulaire, traduisant indirectement la résistance aux mammites). Les risques de sous-performance des produits d’un taureau dans un élevage par rapport à un autre devraient ainsi diminuer, car les index sont personnalisés à la vache.

Bientôt en Charolaise et Normande

Les échanges autour de ce programme sont nombreux, notamment autour du coût : un forfait de 500€ par an, plus un autre de 49€/femelle mise à la reproduction, sans compter le coût de la mise en place, ni les vingt euros par dose sexée utilisée ! Un coût plus important que la moyenne de 22,5 € par dose en IA conventionnelle, et 49€ par dose sexée habituellement facturé. Alors, le coût de GHP serait-il exorbitant ? Pas si sûr, car on ne parle plus en coût par dose, mais en coût par femelle mise à la reproduction. C’est-à-dire, qu’il y ait besoin d’une, deux ou trois IA pour que cela prenne, le coût sera toujours le même (or toujours le coût de mise en place), et les inséminations toujours réalisées avec le taureau conseillé. Alors, à chacun de faire le calcul selon ses objectifs. Si le programme n’est pour l’instant disponible qu’en Holstein, les premiers prélèvements de microbiotes ont été réalisés pour développer le programme en Charolais, et la races Normande devrait se lancer aussi. « Il faut compter trois ans de développement avant de pouvoir lancer les programmes sur ces races », estime Claude Grenier.