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Feux de récolte en Meurthe-et-Moselle : une prévention de longue haleine

Les acteurs du SDIS et de la Chambre d’agriculture, réunis pour une séquence explicative, au GAEC de la Plante Verte, à Barisey-au-Plain. Photo : JL.Masson
Les acteurs du SDIS et de la Chambre d’agriculture, réunis pour une séquence explicative, au GAEC de la Plante Verte, à Barisey-au-Plain. Photo : JL.Masson

Même si la saison 2024 n’est pas la plus exposée aux risques d’incendie de récolte, le SDIS 54 et la Chambre d’agriculture ne relâchent pas leurs efforts, pour nourrir leur partenariat sur le terrain de la prévention. Une démarche initiée ici en 2020 et qui a essaimé sur d’autres territoires, depuis.

La moisson 2024, baladée entre averses et températures qui jouent au yoyo, n’est pas a priori la plus exposée à une explosion des incendies au champ, en Meurthe-et-Moselle. Mais pas question de relâcher un partenariat qui fonctionne bien entre le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) et la Chambre d’agriculture (CDA).

Au contraire, l’opportunité est de « soigner » la communication sereinement, et pas sous la pression de la chronique des faits divers… Le GAEC de la Plante Verte à Barisey-au-Plain, a servi de cadre à l’opération, le 22 juillet au matin. L’exploitation conduite par Laure et Jean-Luc Génin, ainsi que leur fille Valentine, a, elle-même, été victime il y a quelques années d’un tel incident en pleine récolte.

Préserver engins et surfaces

Précurseurs en 2020, le SDIS 54 et l’institution consulaire, ont initié une démarche de prévention, à la suite d’une campagne 2019 marquée par une centaine de feux de récolte sur le département. « Nous étions précurseurs, se réjouit le lieutenant-colonel Lionel Robert, officier de communication. L’opération a essaimé depuis dans plusieurs autres régions. Les mesures bien en place, dans un esprit gagnant-gagnant, permettent à la fois de préserver les surfaces agricoles et les engins d’intervention».

Le président de la Chambre d’agriculture, Laurent Rouyer, est lui-même très impliqué personnellement, en tant que chef du centre d’incendie et de secours de sa commune d’Essey-et-Maizerais. Il rappelle les principaux rayons d’action déployés par ses services. Le message des bonnes pratiques d’entretien des presses et des moissonneuses-batteuses « toujours souffler la poussière des matériels, avant d’entrer dans les champs. Eviter de récolter au cours des horaires à fortes amplitudes thermiques ».

L’équipement d’un extincteur en état de fonctionnement constitue un minimum. Et la disponibilité immédiate d’une tonne à eau équipée d’un tuyau, ainsi que d’un déchaumeur attelé à un tracteur, pour couper très vite la progression du feu, permet de réagir très rapidement en cas de sinistre. Une forme de solidarité s’est instaurée entre les exploitants agricoles, permettant ainsi une grande réactivité. A proximité de leur bâtiment, les associés du GAEC de la Plante Verte ont apporté leur témoignage. Les journalistes avaient rendez-vous devant leur moissonneuse, positionnée à proximité d’un véhicule des pompiers dépêché sur place.

Planification opérationnelle

Quotidiennement la CDA informe le SDIS de l’avancée des chantiers de récolte, permettant ainsi à ce dernier d’échafauder une carte des niveaux de risques : vert, orange, rouge. La météo est déterminante et un facteur va être particulièrement ausculté, celui de l’intensité du vent qui multiplie la vitesse de propagation de l’incendie. Cette proximité permet « une meilleure connaissance mutuelle des enjeux » assure Lionel Robert. A l’état-major du SDIS, le commandant Jean-Daniel Nitting est chargé de cette planification opérationnelle. Il souligne l’étroite collaboration qui permet une réponse adaptée, en fonction des circonstances. Les sapeurs-pompiers de Meurthe-et-Moselle disposent d’une flotte d’environ cinquante véhicules de type « camions feu de forêt » ou « citernes rurales », plus polyvalentes et capables d’atteindre aisément une parcelle.

La cartographie établie est ensuite relayée sur le portail et les réseaux sociaux de la Chambre. Les trois années de retour d’expérience ont permis au monde agricole de gagner en sérénité pour affronter les périodes climatiques intenses, assure Laurent Rouyer. « La prévention et la collaboration sont les maîtres-mots qui permettent d’éviter d’éventuelles interdictions brutales de récolte… Car il y a des périodes où il faut moissonner en urgence, car l’impact économique derrière est immédiat ».

Si la campagne 2023 s’est traduite par 41 interventions des secours sur des feux de végétaux en Meurthe-et-Moselle, la saison en cours n’a, pour l’instant, nécessité qu’une dizaine de sorties, des départs de feu résultant d’échauffement de roulements. Avec un assez faible impact sur les récoltes détruites. La prudence reste toutefois de mise jusqu’à la clôture des chantiers.