Elections législatives en Meurthe-et-Moselle : les députés sortants à la peine

Sur le département, seul cinq des six députés sortants seront présents au second tour. Un seul arrive en tête, Dominique Potier dans le Toulois-Saintois. Il affronte une opposition abracadabrantesque de l’extrême droite. Les quatre autres virent en deuxième position, dont deux sont en difficulté, face au Rassemblement national, Caroline Fiat et Martine Etienne. Emmanuel Lacresse est devancé largement par son challenger socialiste. Thibault Bazin est, lui aussi challengé par le RN, mais bénéficiera du désistement de la gauche.

En Meurthe-et-Moselle, le taux de participation pour le premier tour des élections législatives, le dimanche 30 juin, s’affiche à 65,27 %, soit une progression de près de 20 points par rapport à 2022. Une performance proche des 67,50 % observés sur la France entière. Ici comme ailleurs, le scrutin a été marquée par une forte poussée du Rassemblement National (RN) qui obtient 30,68 % des suffrages exprimés, mais c’est l’Union de la gauche qui vire en tête à 32,30 %. La majorité présidentielle subit un revers, en totalisant seulement 14,27 % des voix, talonnée par les Républicains, avec 13,46 %. Autre particularité, l’extrême droite non RN engrange 6,64 % des suffrages.

Seuls cinq sortants qualifiés

Mais la Meurthe-et-Moselle se distingue une fois de plus par la singularité des résultats au soir du premier tour, que la seule tendance hexagonale ne permet pas d’analyser. Les législatives ne sont pas seulement une consultation nationale, mais reflètent aussi l’implantation des candidats à des territoires. Seule l’observation fine des votes, circonscription par circonscription, permet de comprendre les tendances locales. Seuls cinq des six députés sortants, candidats à un nouveau mandat, seront présents au second tour. Et tous seront challengés jusqu’au 7 juillet au soir, pour prétendre à nouveau rejoindre le palais Bourbon.

Sur Nancy 1, l’adjointe au maire de Nancy, Estelle Mercier, (Parti socialiste) obtient 37,73 % des voix, devançant Patricia Melet (Rassemblement national), 26,90 %. Le sortant Philippe Guillemard (Renaissance), qui avait succédé à Carole Grandjean, devenue ministre, arrive troisième, avec 26,38 %. Il pouvait se maintenir, mais après hésitation, il a annoncé son retrait, pour “favoriser un barrage républicain”, suivant en celà le mot d’ordre national.

Sur Nancy 2, Emmanuel Lacresse, (Renaissance, Ensemble, Majorité Présidentielle) lui aussi sortant, termine en deuxième position (30,74 %). Son challenger de 2022, le maire de Vandoeuvre, Stéphane Hablot (Parti socialiste) faisant la course en tête, à 39,91 %. Mais Geneviève Maillot (RN), avec 22,45 % se maintient. Il s’agira donc de la seule triangulaire sur le département.

Concernant la 3e circonscription, celle du Pays-Haut, la sortante, Martine Etienne (la France Insoumise), n’enregistre que 28,49 %. Le candidat RN, Frédéric Weber, avec 43,46 % des voix a manqué de peu une élection dès le 30 juin. Valérie Maurice (Ensemble) et Mathieu Servagi (Les Républicains) classés troisième et quatrième n’ont pas donné de consignes pour la suite.

Pour le Grand Lunévillois (4e criconscription), Thibault Bazin (Les Républicains) qui a adopté désormais l’étiquette Droite Républicaine Indépendante, réalise seulement la deuxième performance (33,21 %). Dominique Bilde (Rassemblement national) qui affrontait pour la troisième fois le député sortant, a obtenu 43,70 %. La candidate du Nouveau Front Populaire, Barbara Bertozzi-Biévelot, avec 20,59 % pouvait prétendre se maintenir. Mais elle a choisi de se désister en faveur de Thibault Bazin, dès l’annonce des résultats.

La singularité du Toulois-Saintois

Le cas de Dominique Potier, dans la cinquième circonscription (Toulois-Saintois), n’est pas banal. Le député sortant (Divers gauche) qui s’est notamment illustré sur les questions foncières et Ecophyto, lors des mandatures précédentes, a obtenu 43,47 % des suffrages exprimés au 1er tour. Il affrontera le 7 juillet Louis-Joseph Pecher (30,45 %), un candidat parachuté sur ce territoire, en provenance du Maine-et-Loire, ayant bénéficié dans un premier temps du soutien d’Eric Ciotti ; avant que celui-ci ne le désavoue, lui reprochant certains propos tenus sur les réseaux sociaux. Puis finalement le réhabilite, en vue du deuxième tour. Une situation abracadabrantesque.

Le candidat LR Quentin Vinot, ayant obtenu 14 % des voix, a indiqué qu’il voterait pour Dominique Potier, bien que son parti ait donné la consigne du “ni-ni”. Plus, la député européenne Nadine Morano (Les Républicains), ancienne élue de ce territoire, a, elle aussi indiqué à la presse régionale qu’elle “voterait pour Dominique Potier”. Celui-là même qui lui avait ravi cette circonscription. Enfin, un autre candidat d’extrême droite, Pierre-Nicolas Nups, en conflit avec Louis-Joseph Pecher, a obtenu 10,06 % sur ce petit coin de Lorraine, où le réservoir de report de voix à gauche est très faible au second tour.

Enfin, sur Jarny-Pont-à-Mousson (la 6e), Antony Boulogne (RN) obtient 44,53 % face à la sortante, Caroline Fiat (la France Insoumise), vice-présidente de l’Assemblée nationale qui ne totalise que 26,73 % des voix. Le candidat de la majorité présidentielle, Ergün Toparslan, termine à 15,42 % et a appelé au barrage face à l’extrême droite. Ce qui n’est pas le cas de Jordan Simon (Les Républicains, 8,68 %) qui applique la consigne national “ni-ni” de son parti.

Rendez-vous dimanche soir pour connaître le nouveau visage de la représentation nationale de la Meurthe-et-Moselle.