La dernière édition du SIMA a mis l’agriculture de précision a l'honneur. Les nombreuses innovations visent une gestion toujours plus précise du semis, des phytosanitaires, ou encore des engrais. Voici une sélection de quelques nouvelles technologies.
Cette année, les Sima Innovations Awards ont largement récompensé l’agriculture de précision. Dans la catégorie « sols et cultures » par exemple, Monosem a remporté une médaille d’or pour son semoir Valoterra Ultimate. D’après le constructeur, ce semoir assure un semis régulier et précis, de 2 à 18 km/h, grâce à son convoyeur à brosse à entrainement positif, l’active seed guidance (guidage actif de la semence). Une roue de chargement alvéolaire permet de capter la graine du disque de sélection, pour l’introduire dans la brosse en rotation. Ensuite, la graine est éjectée du semoir avec une vitesse proportionnelle à celle du tracteur. Ainsi, la vitesse de sortie de la graine par rapport au sol est quasi nulle, elle est donc déposée précisément. La gamme de semoir Valoterra est également équipée d’un système de relevage des éléments semeurs appelé Smart access. Ils permettent de changer rapidement le type de convoyeur, celui à brosse n’étant pas adapté à toutes les graines, et d’effectuer rapidement des opérations de réglage et de maintenance.
Dans la catégorie élevage et énergies renouvelables, la médaille d’or apportera également de la précision, pour l’épandage d’engrais organiques solides. Il s’agit d’Opti-sensor, de Samson-Pichon, en collaboration avec l’Inrae et Photon Lines. Ce capteur NIR (proche infra-rouge), situé sur la ridelle de l’épandeur, mesure en temps réel le taux de matière sèche, l’azote ammoniacal et organique, le phosphore, le potassium mais aussi le carbone organique contenus dans les engrais organiques solides. Il effectue dix mesures par seconde, de quoi avoir une idée précise de la composition du fumier ou du compost, pendant l’épandage. Aujourd’hui, l’innovation est au stade prototype : des essais au champs en conditions réelles doivent être multipliés dans les prochains mois. L’objectif à terme : permettre à l’utilisateur de réguler l’apport d’engrais en fonction d’un paramètre décidé en amont, par exemple épandre 80 unités d’azote à l’hectare.
Intelligence artificielle
Les pulvérisateurs gagnent également en précision, notamment grâce à l’intelligence artificielle. Ara, de la société Ecorobotix, remporte ainsi la médaille d’or dans la catégorie robotique et électronique embarquée. Ce pulvérisateur ultra haute précision de 6 mètres possède 156 buses, une tous les 4 cm. Il est équipé de six blocs caméras, qui lisent le terrain, plante par plante. L’intelligence artificielle identifie ensuite les plantes et selon le résultat, applique ou non le produit. Trois modes d’application existent. Le premier, pour les herbicides sélectifs, cible les plantes reconnues comme n’étant pas la culture en place mais peut toucher la culture. Le deuxième, pour les herbicides non sélectifs, cible toujours les adventices, mais en sus, des zones de sécurité sont mises en place autour de la culture pour éviter les phytotoxicité. Le dernier mode concerne l’application d’insecticides et de fongicides sur la culture uniquement. Le pulvérisateur est adapté aux grandes cultures et cultures légumières, mais également aux prairies pour le traitement des chardons et rumex.
Ecorobotix n’est d’ailleurs pas la seule à réfléchir à la pulvérisation de précision, puisqu’Amazone a développé, en partenariat avec Bosch et Xarvio, le Smart Sprayer. Ce système s’appuie également sur l’intelligence artificielle pour l’application des traitements herbicides. La rampe est équipée de porte-jets tous les 25 cm et des éclairages LED permettent de s’affranchir des conditions de luminosité pour la reconnaissance des plantes par les caméras. Il est ainsi possible de traiter la nuit. Pour l’instant, le Smart Sprayer ne fonctionne que sur maïs, betterave et tournesol, mais il devrait bientôt être disponible pour le colza. Quatre machines tournent en Allemagne et en Hongrie, et des essais devraient être réalisés en France en 2023.
Véhicule agricole autonome
Pour aller toujours plus loin dans la robotique, la médaille d’argent revient à Lemken et Krone. Les deux entreprises se sont associées pour créer Combined powers, un véhicule agricole autonome, capable de réaliser des chantiers de travail du sol et de fenaison en autonomie complète. Avec son moteur diesel de 230 cv, le véhicule propose une puissance comparable aux tracteurs classiques. Pour l’instant, le Combined powers est un prototype ; plusieurs écueil, tel que sont poids, de huit tonnes, ou la nécessité de le transporter par camion jusqu’à la parcelle sont encore à travailler.
Krone a remporté une deuxième médaille d’argent, pour son système d'incorporation d'additif sur presse Big Pack. Via des capteurs de poids et d’humidité, il est possible d’adapter exactement la quantité d’additif à apporter. L’application se fait par une pompe doseuse amovible, après le pick-up et avant le rotor, afin notamment de diminuer l’impact des produits, souvent corrosifs, sur la machine. Pour l’instant, ce système existe uniquement pour les presses à balle carré.