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Dégâts de gibier, les chasseurs jouent au poker menteur 

Les restrictions de l’ONF vont donc dans le sens de la position unanime des organisations agricoles du département, qui restent opposées à l’agrainage. Photo : D. R.
Les restrictions de l’ONF vont donc dans le sens de la position unanime des organisations agricoles du département, qui restent opposées à l’agrainage. Photo : D. R.

La Fédération des Chasseurs de Meurthe-et-Moselle vient, une nouvelle fois, d’engager un chantage aux déclarations des dégâts de gibier. Les organisations agricoles ont interpellé le préfet, afin de faire rétablir dans les meilleurs délais cette mission de service public. 

Le premier épisode avait eu lieu à l’automne 2020 et déjà pour défendre l’agrainage. La Fédération Départementale des Chasseurs de Meurthe-et-Moselle (FDC 54) vient de récidiver dans un mode opératoire qui consiste à prendre en otage les agriculteurs pour faire pression sur des décisions de l’administration.  

La nouvelle est tombée le 7 novembre avec l’apparition, sur le site internet dédié, d’un texte signé du président, Patrick Massenet, à l’attention des agriculteurs, en lieu est place de la télé-procédure de déclaration. 

Agrainage dissuasif ? 

Cette fois, c’est l’ONF qui est à l’origine du mouvement d’humeur, avec, selon la FDC 54, «la décision arbitraire de supprimer l'agrainage de dissuasion en forêt domaniale ». Si l’on peut sourire au passage de cette « pseudo leçon d’autoritarisme », il convient, avant tout, de relativiser la réalité des faits incriminés. Pour faire simple, l’ONF impose désormais dans les lots domaniaux une réduction encadrée de l’agrainage « dissuasif » en période hivernale. 

C’est en fait une simple question d’opposition entre intérêts particuliers et intérêt général. Sommes-nous à cette époque de l’année dans la « dissuasion » des dégâts de gibiers comme l’affirme la FDC ou dans une « territorialisation » des populations rendant les sangliers moins mobiles et donc moins vulnérables à la pression de chasse ? 

Les restrictions de l’ONF vont donc dans le sens de la position unanime des organisations agricoles du département. « Nous sommes et restons opposés à l’agrainage. La réalisation des objectifs de tirs constitue la seule arme efficace pour maitriser les populations de gibier et les dégâts générés aux cultures », expliquent la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Chambre d’Agricultures. 

La carte de la provocation 

Mais pourquoi faire des agriculteurs la cible de ce conflit entre les chasseurs et l’établissement public forestier. Dans sa prose,  Patrick Massenet reproche aux organisations agricoles de ne pas l’avoir aidé à justifier ces pratiques par une note technique sur la période de sensibilité des cultures aux dégâts. Il punit donc les agriculteurs de ne pas le soutenir dans sa démonstration. 

Au-delà d’une interprétation personnelle et partisane de la décision de l’ONF, le président de la FDC joue la carte de la provocation en suspendant la procédure d’indemnisation. Il sait pertinemment qu’à cette époque de l’année, très peu de dossiers sont ouverts. Il espère, par cet affichage outrancier, obtenir par la force une décision qu’il n’est pas capable d’emporter par l’argumentation. C’est un coup de poker menteur pour tenter de retourner une situation qui lui échappe. 

De son côté, la profession agricole estime qu’elle n’a pas à jouer les arbitres ou les influenceurs dans ce conflit entre un établissement public et un délégataire d’une mission confiée par l’Etat. Les présidents de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs et de la Chambre d’agriculture ont donc rapidement demandé l’intervention du préfet.