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Damien Lacombe, président de Sodiaal  : « Un nouveau cap durable pour le lait »

Damien Lacombe : « Il y a de la place pour des étables de 300 vaches ou de 50 vaches, le tout est de pouvoir les accompagner ». Photo : JL.Masson
Damien Lacombe : « Il y a de la place pour des étables de 300 vaches ou de 50 vaches, le tout est de pouvoir les accompagner ». Photo : JL.Masson

« Résolument optimiste ». Le président de Sodiaal, Damien Lacombe, en pleine négociation tarifaire pour « de nouvelles hausses de prix à la distribution », voit poindre « un changement de paradigme » qui devrait profiter au producteur de lait, durablement. Le groupe coopératif poursuit la concertation pour écrire le « projet Sodiaal 2030 ».

De passage à Villers-lès-Nancy, à l’occasion de l’assemblée générale de la section Est du groupe, le président de Sodiaal Union, Damien Lacombe, a accordé un entretien à la presse agricole départementale. La coopérative vit actuellement « une période charnière », selon lui, annonciatrice d’un « nouveau cap » pour les années à venir.

Structurer l’outil industriel

Depuis 2010, Sodiaal a recueilli 8.000 producteurs supplémentaires par le biais des fusions, accompagnées de reprises d’usines diverses et variées qu’il a fallu restructurer. Une quinzaine d’entre elles ont dû être fermées. Le nombre de sociétaires actuels se situe à environ 17.600 aujourd’hui (soit 10.000 exploitations). A partir de 2016, Sodiaal a, en effet, entrepris de « serrer les boulons » en déployant le plan stratégique #Value. « Notre volonté était de structurer l’outil industriel, dans le but d’aller chercher plus de valeur ajoutée. Nous avons réussi à reprendre la marque Yoplait dans notre périmètre, ce qui nous redonne de la perspective de rentabilité et de nouveaux marchés » argumente l’éleveur aveyronnais.

2022 marquera de toute façon un tournant pour Sodiaal qui a commencé l’exercice en annonçant l’arrêt d’activités de plusieurs sites spécialisés sur le lait conditionné et le lait infantile, dont la consommation est en chute constante. En Lorraine, seule l’usine de Bénestroff est impactée par l’arrêt d’une des deux tours et la suppression de dix postes. La contrepartie se situe dans un investissement de 600 M€ consenti en cinq ans jusqu’en 2027, en direction de fromages plus élaborés permettant de développer de nouveaux marchés. Damien Lacombe cite les récentes évolutions concrétisées sur la grande région, chez Eurosérum à Port-sur-Saône (70), Entremont emmental près de Langres, avec le centre de découpe de Montigny-le-Roi (52). Il confirme aussi la pérennité de la fromagerie d’Herbéviller (54) en expliquant qu’un travail transversal incluant les aspects qualitatifs et commerciaux est en cours pour la valorisation munster, en lien avec le syndicat qui en assure la promotion.

Augmentations de prix considérables

Mais 2022 sera aussi « une année particulière, car pour la première fois, l’offre mondiale de lait ne suit pas la demande, et ça va durer. Cela redonne du poids au producteur pour faire valoir le prix ». Une tendance que Damien Lacombe qualifie de « changement de paradigme », persuadé qu’une « marche va pouvoir être montée ». La première tranche de négociation tarifaire, fin février, avec la grande distribution, a permis de « faire passer une hausse de 4 à 6 %, plus compliquée pour les marques distributeurs que les grandes marques du groupe ».

Mais depuis, la guerre en Ukraine a précipité des augmentations de coûts « considérables » tant pour les intrants sur les fermes, que pour l’énergie et les matières premières nécessaires à la transformation. Le groupe coopératif entend donc réclamer de nouvelles évolutions entre 10 et 15 %, à échéance rapprochée.