Le 13 décembre, l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse (AERM) a officiellement signé un contrat de territoire « Eau et Climat » avec ses partenaires du bassin versant du Rupt de Mad. Le soutien financier, à hauteur de 8 millions d’euros, doit permettre de conforter les actions déjà en place sur le territoire.
Le bassin versant du Rupt de Mad s’étend sur 382 km² et abrite 22.000 ha de surfaces agricoles. La qualité de l’eau y est un enjeu essentiel. Le cours d’eau représente 60% de l’eau utilisée pour la production d’eau potable du Syndicat des Eaux de la Région Messine et permet d’alimenter 200 000 habitants en direct, et 200 000 supplémentaires en indirect.
« Depuis 2016, l’équilibre est perturbé en raison de l’alternance de périodes intenses de sécheresse et de pluies qui impacte les rendements agricoles et se traduit par des pics de nitrates inhabituels. Il y a eu, dans le même temps, une prise de conscience de l’évolution de l’occupation des sols. En particulier, nous avons perdu 500 ha de surfaces en herbe entre 2010 et 2017. Tout cela n’est pas sans impact sur la qualité eau », introduit Marc Hoeltzel, directeur général de l’AERM. Face à ces constats, l’Agence de l’Eau a entamé des discussions avec la profession agricole et les collectivités, pour construire un contrat de territoire « Eau et climat ».
613 ha remis en herbe
Le contrat se décline en quatre axes : reconquérir la qualité des eaux vis-à-vis des pollutions ponctuelles et diffuses en contribuant à l’atténuation du changement climatique, restaurer les milieux naturels aquatiques et lutter contre l’érosion de la biodiversité, sécuriser l’approvisionnement en eau potable, et animer et communiquer.
« Chaque contrat s’adapte au territoire. Sur ce contrat, le volet agricole est particulièrement important », souligne Marc Hoeltzel. Avec l’appui des chambres d’agriculture de Meurthe-et-Moselle (CDA 54) et Meuse, cinquante-cinq diagnostics technico-économiques ont été réalisés, et vingt sont prévus en 2022. L’objectif est d’orienter les agriculteurs vers des pratiques plus vertueuses. Les premières actions ont d’ores et déjà abouti à la conversion de 2.458 ha en bio depuis 2018 (600 ha prévus en 2022) et à la remise en herbe de 613 ha (100 prévus en 2022). Ce sont également 354 ha supplémentaires de cultures à bas niveau d’impact (méteil, luzerne, sorgho, lentille, triticale, seigle immature) qui ont été implantés.
60 % des aides déjà accordées
Si des actions sont mises en place depuis déjà deux ans, la signature, le 13 décembre, du contrat « eau et climat » entre l’AERM et ses partenaires* a officialisé le partenariat en faveur de la reconquête de la qualité de l’eau, la biodiversité et l’adaptation au changement climatique. Par ce contrat, d’une durée de quatre ans, l’AERM s’engage à financer 8 millions sur les 16,8 millions d’euros d’investissements prévus. « 60% de ces aides ont déjà été accordés, témoignant d’une véritable dynamique territoriale », confie Marc Hoetzel, qui dit « apprécier le niveau d’engagement de la profession agricole ». Et les efforts paient. « C’est la première année, depuis 2016, où nous n’avons pas observé de pics de nitrates », indique Camille Crespe, conseillère agronomie à la CDA 54.
*Les partenaires : les Communautés de Commune Mad et Moselle et Côtes de Meuse Woëvre, le Syndicat des eaux de la Région Messine, le Parc naturel régional de Lorraine, les Chambres d’agriculture de Meurthe-et-Moselle et de Meuse, la Société Mosellane des eaux, la Société publique locale Chambley-Madine.