Les Chambres d’agricultures du Grand-Est et le réseau Bienvenue à la ferme ont organisé un webinaire sur la thématique du prix de revient, pour les agriculteurs en circuits courts, le 24 avril. Au programme : définition, mode de calcul et leviers pour optimiser son système.
Calculer son prix de revient, la thématique intéresse les producteurs en circuits courts, dans un contexte d’inflation marquée. Ils étaient plus de quatre vingts inscrits au webinaire organisé par les Chambres d’agriculture du Grand Est et le réseau Bienvenue à la ferme, le 24 avril.
«Le prix de revient est le prix d’équilibre permettant de couvrir l’ensemble des charges nécessaires, de la culture ou de l’élevage à la commercialisation», définit Enora Louesdon, conseillère à la Chambre d’agriculture des Ardennes. Les postes de charges rentrant dans le calcul du prix de revient sont nombreux et variés. Il faut prendre en compte, entre autres : l’alimentation du bétail, les frais vétérinaires, les intrants, l’eau, l’électricité, les amortissements, les emballages, les frais d’abattage, le droit de place au marché, le carburant, les salaires de la main d’œuvre salariée, mais aussi les frais du publicité, comme les flyers ou le coût d’un site internet.
Surtout, Enora Louesdon insiste sur la nécessité d’intégrer la rémunération du travail des exploitants non-salariés. «Il faut comptabiliser le temps passé par activité : de la production à la commercialisation. On n’oubliera pas non plus les temps de prises de commandes, de facturation, de nettoyage, de mise à jour du site internet», explique-t-elle.
Prendre du recul
Certains participants au webinaire s’inquiètent de cette prise en compte du temps de l’exploitant. Une personne estime que : «dans la plupart des cas, nous ne serions pas compétitifs si on intégrait le temps de travail». D’autres se demandent si augmenter les prix pour intégrer leur temps de travail ne leur ferait pas perdre des clients. Pour Enora Louesdon, connaître le temps passé sur chaque activité, c’est aussi prendre du recul pour optimiser son système. Par exemple, est-ce que le temps passé à se rendre à tel ou tel marché vaut le coût ? Ne serait-il pas possible de mettre en place un système de commande plus simple que l’actuel ? Ne faudrait-il pas déléguer une partie des tâches à un prestataire ?
Sur ce dernier point, Florine Handrick, installée en Moselle depuis trois ans avec ses parents témoigne : «Mes parents pratiquent la vente directe depuis trente ans. Nous cultivons des fraises, et ma mère les transformait en confiture et en sirop. C’est énergivore et nous n’avons pas une installation très adaptée. Nous avions toujours pensé que la prestation de service nous reviendrait trop cher, mais nous n’avions jamais pris en compte le temps passé par ma mère. Finalement, nous nous sommes rendu compte qu’en cumulé, cela représentait un mois de travail. Aujourd’hui, nous passons par la conserverie locale à Metz. C’est sûr que cela représente un coût, mais pas autant qu’un mois de travail de ma mère», détaille-t-elle.
Outre la délégation, Enora Louesdon cite plusieurs leviers pour optimiser son système. «La réponse peut être d’augmenter les prix de vente, mais pas toujours», estime-t-elle. Parmi les autres leviers : facturer les frais de livraison, choisir des conditionnements adaptés, diminuer ou supprimer certaines charges, optimiser ses circuits de vente en revoyant ses tournées de livraison, ou en mutualisant avec d’autres producteurs, définir un minimum de commandes, adapter son véhicule et son taux de remplissage, ou encore recentrer son activité sur des produits qui dégagent une marge brute plus importante. Plusieurs participants au webinaire ont d’ailleurs témoigné d’adaptations réalisées sur leur exploitation : «nous avons remplacé le sous-vide par des poches en papier boucherie pour diminuer les charges d’emballages», explique l’un, «avec la sécheresse de 2022, nous avons arrêté la production de haricots, qui demandait trop d’eau», se souvient un autre.