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Charte départementale à l'agriculture : une reconduction à l’identique

La signature officielle s’est opérée dans le bâtiment des vaches laitières d’Hervé Dartoy, sous un froid glacial, mais dans une ambiance conviviale. Photo : JL.Masson
La signature officielle s’est opérée dans le bâtiment des vaches laitières d’Hervé Dartoy, sous un froid glacial, mais dans une ambiance conviviale. Photo : JL.Masson

Presque une formalité chaque année, la signature de la Charte à l’agriculture sacrifie à la tradition. Le subventionnement du Département en 2024 est strictement identique à 2023. Le contexte budgétaire délicat plane toutefois sur les prochains exercices.

Hervé Dartoy, le président du GDS 54, a accueilli sous son bâtiment abritant ses vaches laitières, le jeudi 7 novembre, à Burthecourt-aux-Chênes, les représentants des treize organisations professionnelles agricoles partenaires du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. Tous ont apposé leur signature au côté de celle de Chaynesse Khirouni, la présidente, au bas de la charte à l’agriculture, renouvelée pour un montant de 353.650 €, en 2024, strictement identique à l’exercice précédent. Un subventionnement qui s’oriente dans cinq directions principales : l’environnement, les circuits courts, la solidarité, l’insertion et la veille sanitaire.

Médiation par l’animal

Hervé Dartoy a repris l’exploitation laitière familiale il y a trente ans. Rejoint par son épouse Sandrine en 2007, tous deux valorisent aujourd’hui 130 hectares (dont 30 ha en céréales) et produisent 410.000 litres de lait, dont une partie est transformée et commercialisée en direct, sur des marchés et auprès de magasins fermiers de proximité. Récemment équipée d’un robot de traite, l’exploitation est engagée dans le programme Génétique Haute Performance de la coopérative d’insémination artificielle Gènes Diffusion. Son lait est garanti « non OGM » et elle est certifiée Haute Valeur Environnementale (HVE).

Le couple s’est lancé dans la diversification, à travers l’accueil d’enfants, sous label « Bienvenue à la ferme », pour des goûters ou des vacances. Un changement d’orientation les a ensuite conduits vers un nouveau public « différent et plus réceptif », celui des handicapés. Sandrine s’est formée à la médiation par l’animal, activité pour laquelle elle constitue une référence sur le département.

Jouer des effets leviers

Dans le cadre de sa responsabilité au GDS, Hervé Dartoy s’est dit préoccupé par la situation sanitaire résultant de la diffusion de la fièvre catarrhale ovine. Les élevages sont diversement impactés. La réflexion sur le programme de vaccination 2025 est à l’ordre du jour. Le président de la Chambre d’agriculture, Laurent Rouyer a, lui aussi, insisté sur cette conjoncture « sanitaire et climatique compliquée ».

La cellule d’accompagnement REAGIR, qui fait l’objet d’un soutien dans le cadre de la charte, devrait voir son activité redoubler ces prochains mois, compte tenu des difficultés de trésorerie ressenties par des fermes impactées par la très mauvaise moisson. « L’agriculture est prête à relever tous les défis auxquels elle se trouve confrontée, à condition qu’elle soit portée collectivement » argumente Laurent Rouyer. Il en appelle à une optimisation de la charte, en faisant « jouer des effets leviers », prenant l’exemple du projet herbe de l’Agence de l’eau, pour lequel des partenariats sont recherchés.

« Saignée budgétaire »

Chaynesse Khirouni s’est dit « très heureuse » de pérenniser la charte instaurée par ses prédécesseurs depuis une trentaine d’années. Consciente des problématiques sanitaires et climatiques du monde paysan, elle entend bien poursuivre cet engagement partenariale. « Mais si j’ai l’habitude d’être optimiste, j’ai aussi un devoir d’alerte sur nos difficultés financières » indique la présidente du Conseil départemental. Face au contexte budgétaire en baisse de l’Etat « je ne sais pas comment faire pour réduire les politiques publiques dans nos compétences obligatoires : RSA, collèges, protection de l’enfance, personnes âgées, handicap… ».

Chaynesse Khirouni n’hésite pas à parler de « saignée budgétaire » pour sa collectivité qui « ne dispose plus d’autonomie». Au point d’afficher des inquiétudes pour « boucler toujours l’accompagnement de nos partenaires à l’avenir ». L’élue n’hésite pas à interpeller le député Thibault Bazin et le sénateur Olivier Jacquin, présents lors de cette matinée, afin qu’ils fassent pression au Parlement. « Le jour où nous nous désengagerons, là ça se verra dans les territoires, mais il sera trop tard. Je prends ma part de responsabilité dans la gestion, mais à un moment je ne disposerai plus des marges de manœuvre » a conclu Chaynesse Khirouni, tout en affirmant « qu’elle restait combative ».