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Carbone, eau, transition énergétique : des recettes 

Pierre-Yves Simonin : « Rebondir et passer en mode projet ».  Photo : JL.Masson
Pierre-Yves Simonin : « Rebondir et passer en mode projet ».  Photo : JL.Masson

En épilogue à son assemblée générale, la Cal a proposé une table ronde pour réfléchir aux méthodes alternatives, à la fertilisation des sols, à la décarbonation et à la transition énergétique. Afin de répondre aux enjeux de l’agriculture de demain. Extraits. 

Deux temps forts ont dominé les « rencontres partenaires » organisées par la Coopérative Agricole Lorraine, le 16 décembre, à Nancy, en prolongement de son assemblée générale statutaire. A travers le témoignage de la glaciologue Heïdi Sevestre sur le réchauffement climatique et l’officialisation d’un partenariat renforcé avec Jcb, confirmé par le Dg France, Philippe Girard. 

Agriculture à challenger 

 Le président Pierre-Yves Simonin qui présidait là sa première « Ag » a voulu prolonger la séquence, en réunissant autour d’une table ronde plusieurs experts, capables d’éclairer les adhérents de la coopérative sur des enjeux incontournables pour demain : la gestion du carbone et la préservation de la ressource en eau. Raphaëlle Poncelet, de la Coopération agricole Grand Est, qui animait le débat, a rappelé les objectifs de la stratégie nationale bas carbone, à l’horizon 2050.  

Parmi les postes sensibles, le méthane lié à l’élevage et le protoxyde d’azote associé aux engrais des productions végétales. Pascaline Pierson, l’ingénieure régionale Arvalis, est versée au quotidien dans la recherche de solutions. Pour elle, des leviers du carbone existent. La complémentarité entre grandes cultures et élevage doit permettre de les actionner.  

La gestion optimale des cultures passe par le calcul des dose, la modulation intra parcellaire, la baisse du nombre de passages du pulvé ou encore la réduction de la consommation énergétique pour le stockage et le séchage. Un travail sur les rotations passe par l’introduction des légumineuses et des espèces de printemps moins exigeantes en azote. Sa collègue Léa Drosne, de l’Institut de l’élevage (Idele), partage ces préconisations. Elle argumente aussi sur le remplacement des tourteaux de soja par d’autres tourteaux au bilan carbone plus vertueux.  

L’amélioration du stockage des déjections animales, fortement générateurs de Ges, doit être priorisée, de même que la réduction du nombre d’animaux improductifs. Pour la spécialiste de l’élevage, les prairies constituent le premier enjeu du maintien du stock de carbone déjà en place. 

Que la rémunération suive 

Le président des Jeunes agriculteurs de Meurthe-et-Moselle, Antoine Clavel, s’inscrit dans ces nouveaux objectifs qui s’imposent à la profession. Pour le syndicaliste « Un jeune qui s’installe est conscient de son image dans la société et auprès du consommateur. Si l’on adopte une communication efficace, on réussira à valoriser le manger français ». Mais prévient-il « le Ja n’ira dans ce sens que si la rémunération suit ».

Traduction, la plus-value amenée par la vente de crédits carbone devra garantir l’efficience de la ferme respectant les contraintes imposées. Cela suppose aussi, sans jeu de mot, d’éviter une «  usine à gaz » administrative pour gérer tout cela. Arvalis réalise des simulations sur des fermes types lorraines, indique Pascaline Pierson. « Nous avons réussi à générer des crédits carbone entre 0,2 et 1,2 par hectare et par an. L’effet sur la marge nette fluctue de 0 à - 77 €/ha. Ceci nous interpelle car le coût d’équilibre se situerait entre 43 et 57 €/ha ». 

Gilles Lassagne, le directeur pôle végétal de la CAL, est concentré sur l’accompagnement réclamé par les adhérents. La coopérative est mobilisée en ce sens dans quatre directions et de façon transversale : semences, fertilisation, énergie, agroéquipement. La politique de services évolue concomitamment. En matière de machinisme, Philippe Girard détaille toute la recherche déployée par le groupe Jcb pour prendre en compte l’environnement. 

Dans sa synthèse, Pierre-Yves Simonin a considéré que ces éléments de réflexion « doivent nous faire rebondir et passer en mode projet ». La nouvelle gouvernance de la coop est mobilisée, en particulier sur la responsabilité sociétale de l’entreprise. Elle range au rang de toute première de ses priorités l’accompagnement à la transmission entre générations d’agriculteurs.