La Meurthe-et-Moselle se voit écartée pour la quasi-totalité de son territoire d’une reconnaissance en calamités agricoles. Seule une petite zone a été retenue par le ministère de l’Agriculture, sans cohérence, ni justifications techniques.
La situation est kafkaïenne. L’épisode de sécheresse de 2022 a été un des plus intenses de notre histoire dans sa durée et son intensité. Pour autant, les éleveurs de Meurthe-et-Moselle, qui ont perdu près de la moitié de leur récolte dans le sinistre, ne seront pas indemnisés au titre des calamités agricoles. La perte était pourtant attestée par un travail technique d’évaluation de qualité mené par la DDT, avec l’appui de la Chambre d’Agriculture et du syndicalisme.
La Meurthe-et-Moselle a découvert, sur une carte, une reconnaissance partielle du département « pour quelques communes à l’Est et à l’Ouest du département ». Le taux de perte retenu, 30 % pour toutes les productions fourragères, est, par ailleurs, déconnecté sans aucune justification des chiffres de la mission d’enquête (prairies permanentes : 46 %, prairies temporaires : 39 % ; maïs fourrage : 39 %). Il correspond uniquement au seuil minimum qui permet d’activer la reconnaissance. « C’est un coup de surligneur qui permet juste de colorier la carte », analyse Jérémy Jenneson, le président de la FDSEA.
Un recours contentieux
Pour la FDSEA de Meurthe-et-Moselle, les comptes sont assez simples à tenir. Il n’y aura quasiment aucun agriculteur éligible aux calamités en 2022. Il est hors de question pour le syndicalisme d’accepter cette injustice et cet affront sans réagir. « Nous aurions préféré un refus catégorique et honnête à cette manipulation scandaleuse. Nous allons confronter le ministère de l’Agriculture à ses incohérences. Il va devoir assumer ses responsabilités », avertit le président de la FDSEA. « Nous avons sollicité une audience auprès du préfet pour obtenir des explications, mais je ne crois pas qu’elles puissent nous satisfaire ». Le ministre, qui vient prochainement en Moselle pour le congrès de la Fédération Nationale Bovine, va devoir rendre des comptes, non seulement devant les agriculteurs, mais aussi devant les magistrats du Tribunal Administratif. La FDSEA entend engager un recours contentieux sur la décision.